Tout a commencé fin mai, au cinquantenaire de l'Union africaine à Addis Abeba. Irrité de l'instabilité chronique dans la région des Grands Lacs, Jakaya Kikwete, le président tanzanien, conseille à ses homologues de RDC, Joseph Kabila, d'Ouganda, Yoweri Museveni et du Rwanda, Paul Kagamé, de négocier avec les rebelles qui les combattent.
Un affront pour Kigali qui considère la rébellion hutu rwandaise des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) comme des génocidaires en fuite, avec lesquels tout dialogue est exclu..
Sur le moment, le président rwandais s'est muré dans le silence, laissant sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, dénoncer une "aberration". Mais les deux chefs d'État Ont échangé depuis des propos d'une violence inédite, à coups de sous-entendus et d'invectives plus directes.
"Je vous frapperai"
Le 30 juin, Paul Kagamé avertit ceux qui lui "conseillent de négocier avec les FDLR" : au moment opportun, "je vous frapperai" car "il y a des lignes rouges à ne pas franchir". Quelques jours plus tard, il explique que ses "mains le démangent" quand certains s'en prennent "à ce que [le Rwanda] a construit" ces dernières décennies et il se dit prêt "à la guerre".
Sans citer de noms, Jakaya Kikwete réplique en promettant de "sinistres conséquences" à quiconque attenterait à l'intégrité territoriale de son pays et rappelle le sort réservé au dictateur ougandais Idi Amin Dada, renversé en 1979 par une contre-offensive tanzanienne, après une incursion de l'armée ougandaise en Tanzanie.
Pour le chercheur français André Guichaoua, la Tanzanie accueille depuis des décennies des réfugiés fuyant les conflits à répétition au Rwanda, au Burundi, en Ouganda ou en RDC. Les "Tanzaniens en ont par dessus la tête" de l'instabilité chronique dans les Grands-Lacs.
Or, selon André Guichaoua, si les groupes armés du Burundi sont plus ou moins sous contrôle - notamment après la sortie du maquis du chef rebelle Agathon Rwasa - et si la menace de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) est sérieusement amoindrie en Ouganda, le Rwanda continue d'"entretenir le conflit" dans l'est de la RDC. Kigali - qui dément - est accusé par l'ONU de soutenir le M23.
En outre, explique le chercheur, Paul Kagamé "utilise les tensions régionales et la lutte contre les FDLR", pourtant "très largement en déconfiture", comme épouvantails pour "sortir de son isolement grandissant aussi bien à domicile que sur le plan diplomatique".
Risque de conflit ?
L'escalade verbale, exacerbée selon des analystes par une bataille d'ego entre dirigeants de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), intervient alors que la Tanzanie participe à une brigade d'intervention de l'ONU dans le Nord Kivu chargée d'y éradiquer les rébellions et regardée avec suspicion par le Rwanda.
Y-a-t-il un risque que la joute verbale dégénère dans l'Est de la RDC ? "La solution ne peut être que politique", estime André Guichaoua. "Si nécessaire, note-t-il, Kigali pourrait donner un nouveau coup de pouce au M23 pour qu'il prenne Goma, capitale du Nord-Kivu, comme en novembre 2011. La rébellion "neutraliserait ainsi la brigade des Nations unies dirigée par un général tanzanien, en montrant son impuissance".
Thierry Vircoulon, de l'International Crisis Group, ne voit pas cette "guerre des mots assez surprenante" dégénérer militairement, "à moins qu'un soldat tanzanien ne soit tué demain".
Jakaya Kikwete assure depuis n'avoir jamais menacé Paul Kagamé et a souhaité début août rétablir de "bonnes relations avec le Rwanda", reconnaissant une passe "difficile" entre les deux pays. Dans le même temps, Louise Mushikiwabo a tenu à souligner que Rwanda et Tanzanie n'avaient "d'autre alternative que de vivre ensemble et pacifiquement". Mais parallèlement, la Tanzanie a expulsé le 10 août, des milliers de refugiés illégaux - rwandais, mais aussi burundais ou congolais -, rajoutant de l'huile sur le feu. "Ce désaccord n’est pas bon pour la Communauté" d'Afrique de l'Est mais "je ne crois pas qu’il y ait un risque d’éclatement", a rassuré, le 27 août, le secrétaire général rwandais de l'EAC, Richard Sezibera, confiant que les tensions seraient "résolues diplomatiquement"
Jeune Afrique.com
Un affront pour Kigali qui considère la rébellion hutu rwandaise des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) comme des génocidaires en fuite, avec lesquels tout dialogue est exclu..
Sur le moment, le président rwandais s'est muré dans le silence, laissant sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, dénoncer une "aberration". Mais les deux chefs d'État Ont échangé depuis des propos d'une violence inédite, à coups de sous-entendus et d'invectives plus directes.
"Je vous frapperai"
Le 30 juin, Paul Kagamé avertit ceux qui lui "conseillent de négocier avec les FDLR" : au moment opportun, "je vous frapperai" car "il y a des lignes rouges à ne pas franchir". Quelques jours plus tard, il explique que ses "mains le démangent" quand certains s'en prennent "à ce que [le Rwanda] a construit" ces dernières décennies et il se dit prêt "à la guerre".
Sans citer de noms, Jakaya Kikwete réplique en promettant de "sinistres conséquences" à quiconque attenterait à l'intégrité territoriale de son pays et rappelle le sort réservé au dictateur ougandais Idi Amin Dada, renversé en 1979 par une contre-offensive tanzanienne, après une incursion de l'armée ougandaise en Tanzanie.
Pour le chercheur français André Guichaoua, la Tanzanie accueille depuis des décennies des réfugiés fuyant les conflits à répétition au Rwanda, au Burundi, en Ouganda ou en RDC. Les "Tanzaniens en ont par dessus la tête" de l'instabilité chronique dans les Grands-Lacs.
Or, selon André Guichaoua, si les groupes armés du Burundi sont plus ou moins sous contrôle - notamment après la sortie du maquis du chef rebelle Agathon Rwasa - et si la menace de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) est sérieusement amoindrie en Ouganda, le Rwanda continue d'"entretenir le conflit" dans l'est de la RDC. Kigali - qui dément - est accusé par l'ONU de soutenir le M23.
En outre, explique le chercheur, Paul Kagamé "utilise les tensions régionales et la lutte contre les FDLR", pourtant "très largement en déconfiture", comme épouvantails pour "sortir de son isolement grandissant aussi bien à domicile que sur le plan diplomatique".
Risque de conflit ?
L'escalade verbale, exacerbée selon des analystes par une bataille d'ego entre dirigeants de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), intervient alors que la Tanzanie participe à une brigade d'intervention de l'ONU dans le Nord Kivu chargée d'y éradiquer les rébellions et regardée avec suspicion par le Rwanda.
Y-a-t-il un risque que la joute verbale dégénère dans l'Est de la RDC ? "La solution ne peut être que politique", estime André Guichaoua. "Si nécessaire, note-t-il, Kigali pourrait donner un nouveau coup de pouce au M23 pour qu'il prenne Goma, capitale du Nord-Kivu, comme en novembre 2011. La rébellion "neutraliserait ainsi la brigade des Nations unies dirigée par un général tanzanien, en montrant son impuissance".
Thierry Vircoulon, de l'International Crisis Group, ne voit pas cette "guerre des mots assez surprenante" dégénérer militairement, "à moins qu'un soldat tanzanien ne soit tué demain".
Jakaya Kikwete assure depuis n'avoir jamais menacé Paul Kagamé et a souhaité début août rétablir de "bonnes relations avec le Rwanda", reconnaissant une passe "difficile" entre les deux pays. Dans le même temps, Louise Mushikiwabo a tenu à souligner que Rwanda et Tanzanie n'avaient "d'autre alternative que de vivre ensemble et pacifiquement". Mais parallèlement, la Tanzanie a expulsé le 10 août, des milliers de refugiés illégaux - rwandais, mais aussi burundais ou congolais -, rajoutant de l'huile sur le feu. "Ce désaccord n’est pas bon pour la Communauté" d'Afrique de l'Est mais "je ne crois pas qu’il y ait un risque d’éclatement", a rassuré, le 27 août, le secrétaire général rwandais de l'EAC, Richard Sezibera, confiant que les tensions seraient "résolues diplomatiquement"
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