Des centaines de milliers de tonnes de blé risquent d’être bloquées, pour une « durée indéterminée », après le retrait de la Russie de l’accord sur les exportations céréalières. Ce nouveau coup d’arrêt dans la chaîne d’approvisionnement relance le spectre de la famine en Afrique. Le continent est, en effet, fortement dépendant des importations ukrainiennes. Selon les données compilées par la CNUCED pour 2018-2020, 25 pays africains importent plus d’un tiers de leur blé de Russie et d’Ukraine, et 15 d’entre eux en importent plus de la moitié. Le Bénin et la Somalie sont les deux pays les plus dépendants : Cotonou importe 100 % de blé russe et Mogadiscio s’approvisionne à 70 % en Ukraine, et 30 % en Russie. D’autres pays comme le Soudan (75 %), la RDC (68 %) et le Sénégal (65 %) dépendent également fortement de ces deux sources d’approvisionnement. Si la plupart des pays se tournent vers la Russie, qui ravitaille l’Afrique à hauteur de 32 % (contre 12 % pour l’Ukraine), la Tunisie, la Libye et la Mauritanie dépendent largement du blé ukrainien (30 à 50 % de leurs importations). En réponse aux éventuelles distorsions engendrés par la décision du Kremlin, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov, a déclaré être en contact avec les dirigeants de très nombreux pays, « notamment les pays africains, qui ont besoin d’un soutien en matière d’approvisionnement en nourriture et en engrais », comme le précise l’agence de presse russe Tass.