Dakar, envoyé spécial. Avec ses rues désertes, ses commerces et restaurants presque tous fermés, Dakar avait des allures de ville fantôme au soir du premier tour de l’élection présidentielle. Suspendus à la litanie des décomptes en provenance de tout le pays égrenés et par les télévisions et les radios, bureau par bureau, les Sénégalais réalisent progressivement l’ampleur de la gifle administrée à Abdoulaye Wade : contrairement aux fanfaronnades de son clan, il y aura bien un second tour, comme en 2000, lorsque le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) avait mis fin à quarante ans d’hégémonie du Parti socialiste (PS) et renversé l’insubmersible Abdou Diouf.
Le vote pour Abdoulaye Wade autour de 30 %
« Un monde s’effondre », titrait lundi matin le quotidien de Youssou N’Dour l’Observateur, illustrant la chute du clan Wade par une photo du président légèrement affaissé, se cachant les yeux avec les mains. Jusque tard dans la nuit, son porte-parole Serigne Mbacké N’Diaye, a effectivement nié l’évidence, situant un improbable score de son champion au-dessus des 50 %. Mais avec une tendance qui le fixe autour des 30 %, talonné par Macky Sall (25 %) et Moustapha Niasse en influent troisième homme (18 %), les résultats définitifs qui seront communiqués dans la semaine devraient confirmer ce qu’Abdoulaye Wade n’a pas su ou voulu voir au cours d’une campagne artificielle : écrasés par la crise, la hausse des denrées alimentaires et un chômage qui oscille autour des 50 %, les Sénégalais semblent déterminés à tourner la page.
Les sifflets et huées qui l’ont accueilli dans son propre bureau de vote de Point E, dimanche matin, ont paru l’avoir sonné, comme un brusque retour à la réalité. Deux jours plus tôt, il terminait son marathon électoral par un meeting dans le quartier de Mermoz (Dakar), devant la maison du marabout Cheikh Bethio Thioune, acclamé par plusieurs milliers de « partisans » en partie rémunérés et convoyés depuis la banlieue. Mais obtenir les faveurs des religieux, diffuser des images factices de foules en liesse (pour certaines issues de sa précédente campagne de 2007), promettre encore et toujours ce qu’il n’a pas su accomplir (autosuffisance alimentaire, création de millions d’emplois) n’aura pas suffi. Et le scénario qu’il voulait à tout prix éviter, en tentant en vain, au mois de juin 2011, de modifier le mode de scrutin pour lui garantir une victoire au premier tour avec seulement 25 % des suffrages, s’est donc réalisé.
L’opposition n’a pas dit son dernier mot
Le second tour, à moins d’un improbable coup de force d’Abdoulaye Wade pour l’empêcher, risque de se transformer en véritable référendum. Car son challenger Macky Sall, ancien premier ministre de Wade et issu comme lui de la famille libérale, pourra compter sur le renfort des poids lourds de l’opposition comme Moustapha Niasse (Benno Siggil Senegaal), Ousmane Tanor Dieng (PS), le maire de Saint-Louis Cheikh Bamba Dièye, ou encore celui de l’ancien ministre et représentant de l’ONU, Ibrahima Fall. L’attitude qu’adoptera Idrissa Seck, ancien homme fort de l’opposition et qui terminera vraisemblablement en cinquième position, un score très décevant, est plus ambiguë : mais bien que ses rapports avec le clan de Macky Sall soient exécrables, le troisième leader du courant libéral pourra difficilement tourner le dos au Mouvement du 23 juin (M23), large et hétéroclite coalition de l’opposition dont ils faisaient tous les deux partie.
Le vote pour Abdoulaye Wade autour de 30 %
« Un monde s’effondre », titrait lundi matin le quotidien de Youssou N’Dour l’Observateur, illustrant la chute du clan Wade par une photo du président légèrement affaissé, se cachant les yeux avec les mains. Jusque tard dans la nuit, son porte-parole Serigne Mbacké N’Diaye, a effectivement nié l’évidence, situant un improbable score de son champion au-dessus des 50 %. Mais avec une tendance qui le fixe autour des 30 %, talonné par Macky Sall (25 %) et Moustapha Niasse en influent troisième homme (18 %), les résultats définitifs qui seront communiqués dans la semaine devraient confirmer ce qu’Abdoulaye Wade n’a pas su ou voulu voir au cours d’une campagne artificielle : écrasés par la crise, la hausse des denrées alimentaires et un chômage qui oscille autour des 50 %, les Sénégalais semblent déterminés à tourner la page.
Les sifflets et huées qui l’ont accueilli dans son propre bureau de vote de Point E, dimanche matin, ont paru l’avoir sonné, comme un brusque retour à la réalité. Deux jours plus tôt, il terminait son marathon électoral par un meeting dans le quartier de Mermoz (Dakar), devant la maison du marabout Cheikh Bethio Thioune, acclamé par plusieurs milliers de « partisans » en partie rémunérés et convoyés depuis la banlieue. Mais obtenir les faveurs des religieux, diffuser des images factices de foules en liesse (pour certaines issues de sa précédente campagne de 2007), promettre encore et toujours ce qu’il n’a pas su accomplir (autosuffisance alimentaire, création de millions d’emplois) n’aura pas suffi. Et le scénario qu’il voulait à tout prix éviter, en tentant en vain, au mois de juin 2011, de modifier le mode de scrutin pour lui garantir une victoire au premier tour avec seulement 25 % des suffrages, s’est donc réalisé.
L’opposition n’a pas dit son dernier mot
Le second tour, à moins d’un improbable coup de force d’Abdoulaye Wade pour l’empêcher, risque de se transformer en véritable référendum. Car son challenger Macky Sall, ancien premier ministre de Wade et issu comme lui de la famille libérale, pourra compter sur le renfort des poids lourds de l’opposition comme Moustapha Niasse (Benno Siggil Senegaal), Ousmane Tanor Dieng (PS), le maire de Saint-Louis Cheikh Bamba Dièye, ou encore celui de l’ancien ministre et représentant de l’ONU, Ibrahima Fall. L’attitude qu’adoptera Idrissa Seck, ancien homme fort de l’opposition et qui terminera vraisemblablement en cinquième position, un score très décevant, est plus ambiguë : mais bien que ses rapports avec le clan de Macky Sall soient exécrables, le troisième leader du courant libéral pourra difficilement tourner le dos au Mouvement du 23 juin (M23), large et hétéroclite coalition de l’opposition dont ils faisaient tous les deux partie.