La 25e édition du festival de jazz de Saint-Louis a commencé le 25 avril avec une tête d'affiche, Marcus Miller, ancien bassiste de Miles Davis, et d'autres musiciens renommés du Sénégal, des États-Unis et du monde, tels que le guitariste Hervé Samb, la fille de Nina Simone, Lisa Simone, et le pianiste ouzbek Shahin Novrasli, encore méconnu en Europe. Sur les scènes de Saint-Louis, le programme off a proposé des concerts d'exception, comme celui donné le 27 avril par Wasis Diop en hommage à l'artiste plasticien Joe Ouakam, disparu deux jours plus tôt à Dakar.
Le festival de jazz de Saint-Louis, créé en 1992 par l'Institut français, est passé par bien des phases depuis ses débuts. "La route est droite, mais très cabossée", fait remarquer l'ingénieur du son français Vincent Mahey, aux manettes en tant que conseiller général du son pour la scène principale depuis le début du festival, dont il porte la mémoire. "Ce festival est devenu à 100 % sénégalais, il en est à sa quatrième équipe dirigeante, et il fête ses 25 ans dans des conditions qui relèvent à la fois de l'exploit et d'une programmation très pointue, orchestrée par Birame Seck. Ce que voit le public cette année est digne d'une programmation du festival de jazz de Juan-les-Pins, en France."
Un public dakarois d'habitués
Cet évènement, qui attire toute l'élite dakaroise férue de jazz, ravie de se retrouver pour quelques jours de détente à Saint-Louis et prête à payer un ticket d'entrée à 10 000 francs CFA la soirée ou 60 000 à 100 000 francs CFA la semaine, rassemble une foule impressionnante le week-end. "C'est impressionnant, témoigne un journaliste sénégalais, on peut à peine marcher dans la rue le samedi soir, pour aller d'une scène à l'autre, tellement la foule est dense".
Soutenu par des sponsors privés, le festival a gagné en professionnalisme au fil du temps et jouit d'une bonne réputation parmi les amateurs de jazz hors des frontières du Sénégal. Émilie, retraitée française, n'aurait raté pour rien au monde le rendez-vous de Saint-Louis, qu'elle a préparé des mois à l'avance. Habituée du festival, elle se réjouit à la fois de la qualité des concerts et de "l'ambiance magique que l'on trouve à Saint-Louis, une ville entourée d'eau avec sa langue de barbarie, classée au patrimoine mondial par l'Unesco et qui fait penser à une Venise de l'Afrique".
Au programme, un équilibre constant entre les têtes d'affiche internationales et les artistes sénégalais, avec des concerts d'anthologie donnés par d'excellents musiciens tels que Wasis Diop, qui a joué une longue série de compositions inédites, faites la semaine précédente alors qu'il se trouvait à Dakar au chevet de son ami Joe Ouakam, un plasticien renommé qui a fondé le laboratoire Agit'art à Dakar, disparu le 25 avril. Le public ravi s'est pressé autour de Wasis Diop, qui a rejoint ses fans émus pour chanter parmi eux à la fin du concert.
Un rôle éducatif
Alors que le Sénégal résonne au rythme du mbalax, une musique qualifiée par Vincent Mahey de "désastre local avec des boîtes à rythmes que l'on retrouve partout dans le monde", le festival permet de former à d'autres sons les équipes techniques sénégalaises qui y travaillent. "Ma récompense est de voir que l'oreille des techniciens sénégalais a terriblement évolué, leur permettant d'écouter des musiques auxquelles ils n'auraient pas prêté attention, il y a cinq ans, avec une ouverture d'esprit inouïe que l'on est en train de perdre en Europe. En ce sens, le festival joue un rôle éducatif très important".
L'historien Abderrahmane Ngaïdé, venu de Dakar pour écouter les concerts, suit aussi le versant "intellectuel" du festival, dénommé Festicoll et organisé par l'Université de Saint-Louis en marge des festivités. Au programme, "Images sur l'Afrique, images d'Afrique", avec des panels qui se proposent de réfléchir aux représentations du continent dans les médias, les arts, la recherche en sciences sociales. "Le principe de mélanger un colloque avec des activités artistiques est une très bonne idée, explique-t-il. L'université doit s'ouvrir davantage aux producteurs de connaissance, qui ne sont pas seulement dans l'institution. Sinon, l'académie n'a pas de sens ! " L'objectif du colloque, la transdisciplinarité, pour penser ensemble un objet d'étude commun, est aussi un reflet de l'esprit de liberté qui anime le festival, mais aussi le jazz
Le festival de jazz de Saint-Louis, créé en 1992 par l'Institut français, est passé par bien des phases depuis ses débuts. "La route est droite, mais très cabossée", fait remarquer l'ingénieur du son français Vincent Mahey, aux manettes en tant que conseiller général du son pour la scène principale depuis le début du festival, dont il porte la mémoire. "Ce festival est devenu à 100 % sénégalais, il en est à sa quatrième équipe dirigeante, et il fête ses 25 ans dans des conditions qui relèvent à la fois de l'exploit et d'une programmation très pointue, orchestrée par Birame Seck. Ce que voit le public cette année est digne d'une programmation du festival de jazz de Juan-les-Pins, en France."
Un public dakarois d'habitués
Cet évènement, qui attire toute l'élite dakaroise férue de jazz, ravie de se retrouver pour quelques jours de détente à Saint-Louis et prête à payer un ticket d'entrée à 10 000 francs CFA la soirée ou 60 000 à 100 000 francs CFA la semaine, rassemble une foule impressionnante le week-end. "C'est impressionnant, témoigne un journaliste sénégalais, on peut à peine marcher dans la rue le samedi soir, pour aller d'une scène à l'autre, tellement la foule est dense".
Soutenu par des sponsors privés, le festival a gagné en professionnalisme au fil du temps et jouit d'une bonne réputation parmi les amateurs de jazz hors des frontières du Sénégal. Émilie, retraitée française, n'aurait raté pour rien au monde le rendez-vous de Saint-Louis, qu'elle a préparé des mois à l'avance. Habituée du festival, elle se réjouit à la fois de la qualité des concerts et de "l'ambiance magique que l'on trouve à Saint-Louis, une ville entourée d'eau avec sa langue de barbarie, classée au patrimoine mondial par l'Unesco et qui fait penser à une Venise de l'Afrique".
Au programme, un équilibre constant entre les têtes d'affiche internationales et les artistes sénégalais, avec des concerts d'anthologie donnés par d'excellents musiciens tels que Wasis Diop, qui a joué une longue série de compositions inédites, faites la semaine précédente alors qu'il se trouvait à Dakar au chevet de son ami Joe Ouakam, un plasticien renommé qui a fondé le laboratoire Agit'art à Dakar, disparu le 25 avril. Le public ravi s'est pressé autour de Wasis Diop, qui a rejoint ses fans émus pour chanter parmi eux à la fin du concert.
Un rôle éducatif
Alors que le Sénégal résonne au rythme du mbalax, une musique qualifiée par Vincent Mahey de "désastre local avec des boîtes à rythmes que l'on retrouve partout dans le monde", le festival permet de former à d'autres sons les équipes techniques sénégalaises qui y travaillent. "Ma récompense est de voir que l'oreille des techniciens sénégalais a terriblement évolué, leur permettant d'écouter des musiques auxquelles ils n'auraient pas prêté attention, il y a cinq ans, avec une ouverture d'esprit inouïe que l'on est en train de perdre en Europe. En ce sens, le festival joue un rôle éducatif très important".
L'historien Abderrahmane Ngaïdé, venu de Dakar pour écouter les concerts, suit aussi le versant "intellectuel" du festival, dénommé Festicoll et organisé par l'Université de Saint-Louis en marge des festivités. Au programme, "Images sur l'Afrique, images d'Afrique", avec des panels qui se proposent de réfléchir aux représentations du continent dans les médias, les arts, la recherche en sciences sociales. "Le principe de mélanger un colloque avec des activités artistiques est une très bonne idée, explique-t-il. L'université doit s'ouvrir davantage aux producteurs de connaissance, qui ne sont pas seulement dans l'institution. Sinon, l'académie n'a pas de sens ! " L'objectif du colloque, la transdisciplinarité, pour penser ensemble un objet d'étude commun, est aussi un reflet de l'esprit de liberté qui anime le festival, mais aussi le jazz