Le métier de conducteur de charrette, un gagne-pain à Kolda

Le métier de conducteur de charrette constitue un véritable gagne-pain à Kolda (Sud), où il assure la survie de nombreux ménages.


Dans cette ville dépourvue d'unité industrielle, beaucoup de paysans et de jeunes chômeurs se sont reconvertis dans ce métier pour entretenir leur famille et faire face à la soudure.Depuis son érection en région, en 1984, Kolda n’a en effet pas encore réussi à se départir de ce type de moyens de transport. Du coup, ces véhicules sont légion dans le centre-ville de la capitale du Fouladou.S’il en est ainsi, c’est parce que le taux de pauvreté reste élevé, aux environs de 57,8 % de la population, selon desstatistiques.Concrètement, ce sont plus de 738.000 individus qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon ces chiffres.Une situation à laquelle n’est pas étrangère l’insuffisance d'infrastructures socio-économiques. Pour ne rien arranger, le taux d’analphabétisme se situe à 46,4 %.Issa Baldé, vingt-neuf ans, explique qu’’’aucune usine n’est implantée dans la région de Kolda pour aider les jeunes à trouver un emploi’’‘’Notre région est si pauvre que nous n’avons d’autre choix que d’embrasser ce métier de charretier pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles’’, dit-il.‘’Si aujourd’hui nos autorités locales et étatiques avaient pensé à mettre en place des infrastructures socio-économiques, nous n’allions pas nous lancer dans ce métier qui n’a pas d’avenir’’, conclut-il.Le président de l’association des charretiers de Kolda, Mamadou Guèye, exerce ce métier depuis 15 ans. Il pointe lui aussi le manque criard d’infrastructures.‘’Nous sommes fatigués de vivre dans ces conditions. Tous les jours, on se réveille tôt le matin pour descendre tard dans la nuit, rien que pour assurer quotidiennement les dépenses journalières de nos familles’’, déclare-t-il.‘’Tous ce que nous mangeons, nous l’obtenons en nous débrouillant avec nos charrettes. Or, si c’était un autre métier plus valorisant, on aurait gagné beaucoup d’argent durant toute la vie et même si on devenait vieux, on continuerait encore à percevoir’’, poursuit-il, affirmant que le métier de conducteur ‘’n’est pas un boulot d’avenir’’.‘’Parfois, je peux gagner trois mille à quatre mille francs CFA par jour’’, confie Amadou Baldé, un conducteur trouvé à côté de la station Total de Kolda avec sa charrette. Avec cet argent, indique-t-il, "je parviens à résoudre les problèmes de ma famille et même faire des économies’’.Issa Kandé est lui aussi satisfait du peu qu’il gagne. ‘’Il n’y a pas de sot métier dans ce bas monde. La seule chose qui vaille, c’est d’avoir un travail […]’’, dit-il.‘’Je me réjouis du fait que je parviens à inscrire mes enfants à l’école, à régler les problèmes de mes deux femmes, mais aussi à assurer quotidiennement la dépense dans mon foyer’’, déclare-t-il.Il reste que les charretiers travaillent dans des conditions encore précaires, car ne disposant pas d’espace où garer leur outil de travail.Aussi, stationnent-ils n’importe où pour débarquer ou embarquer des clients, créant ainsi souvent des embouteillages. Une situation qui énerve parfois certains automobilistes, obligés de klaxonner à tout rompre pour leur demander de céder le passage.‘’Nous sommes conscients que la plupart de ces embouteillages sont causés par nous, mais c’est indépendamment de notre volonté, car notre seul problème, c’est le manque d'aires de stationnement. C’est ce qui nous pousse à garer nos charrettes dans les rues’’, explique le président de l’association des charretiers de Kolda.‘’Nous avons posé le problème au maire de Kolda, M. Bécaye Diop, pour qu’il nous trouve un espace. Mais il nous a dit que le problème ne peut pas trouver de solution en ce moment’’, a-t-il expliqué.‘’Face à cette situation, nous sommes obligés de stationner dans les artères tout en attendant qu'un local soit mis à notre disposition'', poursuit-il.‘’Il y a d’autres urgences qui nous attendent en ce moment. Il s’agit de la finition du second marché, de trouver un local pour des marchands ambulants qui refusent de rejoindre l'ermplacement qu’on leur avait réservé, la création du village artisanal qui va regrouper les artisans, les mécaniciens, etc.’’, indique un adjoint au maire qui a requis l’anonymat.‘’Nous avons la volonté de faire tout ceci, mais nous sommes confrontés à un manque de moyens financiers qui nous plonge dans un désarroi totale’’, a-t-il ajouté.

Abdou Khadre Cissé

Lundi 15 Octobre 2012 12:23

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