En 1996, Ousmane Tanor Dieng venait tout juste d’être élu, au terme du congrès dit « sans débats » du mois de mars de la même année, au poste de Premier secrétaire du Parti Socialiste (PS). Il était donc sur la rampe de lancement pour succéder, quatre ans plus tard, à son mentor, le président Abdou Diouf, à la tête du pays.
Pour tous, en effet, le dauphin de Diouf, c’était lui. Naturellement, un tel choix n’agréait pas des caciques du PS au nombre desquels Moustapha Niasse et Djibo Leïty Kâ. Le premier préféra claquer la porte avant de créer quelques années plus tard l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) qui joua un rôle majeur dans la perte du pouvoir par les socialistes en 2.000. Quant à Djibo Laïty Kâ, il démissionna lui aussi pour créer l’URD (Union pour le Renouveau démocratique), un parti qui, dès sa première participation aux élections législatives, en 1998, remporta 12 sièges. Plus exactement, Djibo s’était réfugié sur la liste de Talla Sylla pour se présenter à ce dernier scrutin.
C’est après que l’URD est née. Un exploit ! Restait le Premier ministre Habib Thiam dont tout le monde savait qu’il ne portait pas Ousmane Tanor Dieng dans son cœur. Il ne faisait pas mystère de sa volonté, sinon de succéder à son ami de plus de 30 ans Abdou Diouf, du moins de mettre des bâtons dans les roues du dauphin choisi par ce dernier. Dans ces conditions, toutes les occasions étaient bonnes pour les amis du nouveau Premier secrétaire pour liquider Habib Thiam. L’occasion leur fut offerte à travers les élections locales de 1996. Cette année-là, Habib Thiam, qui fut le directeur de la campagne électorale du président Diouf en 1983 sous le slogan « Kouy wadia ? », briguait la mairie de la petite ville de Dagana.
Face à lui, un illustre inconnu, un professeur d’université spécialisé en informatique du nom de Oumar Sarr, investi par le Parti démocratique sénégalaise (Pds). Un candidat sans illusions, en réalité, face au rouleau compresseur de l’alors numéro deux du régime socialiste. Contre toute attente, pourtant, au soir des élections locales, c’est la liste du Pds qui avait été élue et le tout-puissant Habib Thiam avait mordu la poussière. Explication de cette défaite inattendue — et de la victoire providentielle du Pds : des socialistes de la ville appartenant au courant des « rénovateurs » avaient voté sans tambour ni trompettes pour le candidat de l’opposition… Liquidé politiquement à Dagana, Habib Thiam n’a plus pu rebondir par la suite au niveau national. Si bien qu’à la suite de la victoire socialiste aux législatives de 1998, Ousmane Tanor Dieng put tranquillement réclamer au président Abdou Diouf la tête de son ami. En lieu et place, il fit nommer Mamadou Lamine Loum à la Primature…
MAMADOU OUMAR NDIAYE
Article paru dans « Le Témoin » N° 1161 –Hebdomadaire Sénégalais (AVRIL 2014)
Pour tous, en effet, le dauphin de Diouf, c’était lui. Naturellement, un tel choix n’agréait pas des caciques du PS au nombre desquels Moustapha Niasse et Djibo Leïty Kâ. Le premier préféra claquer la porte avant de créer quelques années plus tard l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) qui joua un rôle majeur dans la perte du pouvoir par les socialistes en 2.000. Quant à Djibo Laïty Kâ, il démissionna lui aussi pour créer l’URD (Union pour le Renouveau démocratique), un parti qui, dès sa première participation aux élections législatives, en 1998, remporta 12 sièges. Plus exactement, Djibo s’était réfugié sur la liste de Talla Sylla pour se présenter à ce dernier scrutin.
C’est après que l’URD est née. Un exploit ! Restait le Premier ministre Habib Thiam dont tout le monde savait qu’il ne portait pas Ousmane Tanor Dieng dans son cœur. Il ne faisait pas mystère de sa volonté, sinon de succéder à son ami de plus de 30 ans Abdou Diouf, du moins de mettre des bâtons dans les roues du dauphin choisi par ce dernier. Dans ces conditions, toutes les occasions étaient bonnes pour les amis du nouveau Premier secrétaire pour liquider Habib Thiam. L’occasion leur fut offerte à travers les élections locales de 1996. Cette année-là, Habib Thiam, qui fut le directeur de la campagne électorale du président Diouf en 1983 sous le slogan « Kouy wadia ? », briguait la mairie de la petite ville de Dagana.
Face à lui, un illustre inconnu, un professeur d’université spécialisé en informatique du nom de Oumar Sarr, investi par le Parti démocratique sénégalaise (Pds). Un candidat sans illusions, en réalité, face au rouleau compresseur de l’alors numéro deux du régime socialiste. Contre toute attente, pourtant, au soir des élections locales, c’est la liste du Pds qui avait été élue et le tout-puissant Habib Thiam avait mordu la poussière. Explication de cette défaite inattendue — et de la victoire providentielle du Pds : des socialistes de la ville appartenant au courant des « rénovateurs » avaient voté sans tambour ni trompettes pour le candidat de l’opposition… Liquidé politiquement à Dagana, Habib Thiam n’a plus pu rebondir par la suite au niveau national. Si bien qu’à la suite de la victoire socialiste aux législatives de 1998, Ousmane Tanor Dieng put tranquillement réclamer au président Abdou Diouf la tête de son ami. En lieu et place, il fit nommer Mamadou Lamine Loum à la Primature…
MAMADOU OUMAR NDIAYE
Article paru dans « Le Témoin » N° 1161 –Hebdomadaire Sénégalais (AVRIL 2014)