Le processus électoral : Pourquoi devons-nous préserver les fondamentaux ?


« Le vrai démocrate est celui qui, par des moyens non violents, défend sa liberté, par conséquent celle de son pays, et finalement celle de l'humanité toute entière.  » Gandhi.

 Chers compatriotes, le Sénégal à toujours été un modèle dans la gestion de processus électoraux, en tout cas jusqu’à un certain mars 2012. Ces dernières élections ont été les mieux suivies tant au Sénégal par les acteurs politiques et de la société civile dans un cadre dénommé comité de veille sous l’œil vigilent des partenaires au développement que dans le monde. Des mécanismes de contrôles, de suivis et de surveillances ont été mis en place non seulement la veille et le jour des élections mais surtout depuis 2010 car tout le monde à conscience aujourd’hui qu’une élection ce n’est pas seulement le jour J, mais c’est un travail de fond en amont et en aval.

Le processus électoral aujourd’hui inquiet et nous nous devons d’alerter l’opinion publique maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Au-delà de tous les péripéties d’avant l’élection présidentielle de mars 2012 et dans la continuité les législatives, nous avons toujours remarqué des acteurs autour du processus électoral. La raison majeure de cette ouverture était de RASSURER les acteurs pour aller vers des scrutins transparents, paisibles et crédibles qui aboutiront à des lendemains électoraux où, tous les citoyens vaqueront paisiblement à leurs occupations. C’est ce que nous avons obtenu en mars 2012 et nous en sommes sortis avec un Président fier d’être le mieux élu du continent Africain.

 Mais seulement voilà, depuis avril 2013, un décret présidentiel fixant le début du processus électoral pour les élections de 2014 a été pris et jusque là, force est de constater qu’il n’y a aucun acteur autour de ce processus dans sa phase d’inscription pour suivre et rassurer les acteurs de son bon fonctionnement. Mieux tous les dispositifs mis en place depuis 2010 sont mis en berne ou purement et simplement supprimés ; seule la CENA (Commission Électorale Nationale Autonome) a survécu à cette purge douce ; signe d’un recul démocratique grave qui nous ramène à une certaine année 2007, dont tous les acteurs politiques d’alors se souviendront toute leur vie. D’ailleurs jusqu’à présent d’aucun sont convaincu que c’était des djins qui avaient votés à la place des citoyens Sénégalais afin de faire passer l’ancien président dès le premier tour. Nous avons l’impression que nous sommes dans un pays où c’est l’éternel recommencement et à chaque fois que nous faisons un pas en avant nous en faisons dix en arrière.

 Les élections de 2017, sont entrain de se préparer dès à présent par le parti au pouvoir et au moment où ils permettront aux autres acteurs d’accéder au suivi du processus, il sera trop tard. Nous allons vers des suspicions qui risquent de nous conduire tout droit vers des lendemains incertains à l’aube de 2017. Comment pouvons-nous comprendre qu’il y ait deux reports pour les inscriptions sur les listes électorales en quelques semaines? Une fois lors de la rencontre avec des partis politiques, une autre fois de manière unilatérale sans que personne n’ait donné sont avis, ni consulté. Certainement la première rencontre avec les partis politiques a été lourde dans la préparation, cahoteuse et inopérante dans la pratique, c’est la conséquence lorsqu’on laisse en rade une structure opérationnelle pour faire autre chose. A travers cette démarche il est légitime de se poser la question à savoir ce qui se trame autour de ces reports successifs, sans raisons et suspects? Nous avons l’impression que c’est la première fois que le Ministère de l’intérieur organise des révisions; pourquoi n’avoir pas tiré des leçons de la préparation des élections de 2012 riche d’enseignements. Ce qui est plus curieux et paradoxal, il a été lancé par la même occasion une caravane de sensibilisation pour les inscriptions sur les listes! Pourquoi accompagner une telle initiative durant le deuxième report? Pourquoi n’avoir pas initié cette caravane et ou accentuer la communication depuis le début (Avril 2013)? Qui sont autour d’une telle initiative? Où est ce qu’ils agissent, sont ils partisans si oui de quel parti politique ou coalition, sont ils de la société civile, si oui qui? Autant de questionnement qui inquiètent toute personne avertie sur la question électorale. 

 

Avons-nous le droit de reculer de 6 ans sans que personne ne dise un mot? Avons-nous le droit de regarder faire, de nous taire parce qu’aujourd’hui cette situation arrange ceux qui sont au pouvoir? Devrions-nous attendre que ceux là qui ne disent rien aujourd’hui soient dans l’opposition ou hors de la sphère du pouvoir pour nous imposer leur volonté à participer au processus comme ce fut le cas pour les assises et tout ce qui s’en est suivi?

Nous pensons que non. Il est grand temps que nous posions des actes pour les générations futures et non pour des intérêts personnels qui n’honorent pas un pays qui se dit démocratique.

 C’est pourquoi il est important que le Ministère de l’intérieur œuvre pour la mise sur pied d’un cadre, comme indiqué par un expert électoral dans une de ces contributions ressente, qui non seulement s’occupera du suivi des processus électoraux pour rassurer les acteurs mais devrait aller plus loin en étant un cadre d’impulsion du dialogue et de la réflexion sur l’avenir politique du Sénégal. Si ce cadre joue pleinement son rôle, il participera à l’apaisement du climat politique et par ricoché du climat social du pays. Chaque fois que les acteurs politiques n’ont pas un cadre d’échange et de réflexion sur les questions qui les préoccupent au premier plan nous continuerons à avoir un pays de suspicion, de délation, de déballage, de conspiration sur la place publique qui risque de dégénérer dans la rue. Comment peut-on comprendre qu’une initiative de proposition de loi qui concerne la modification du code électorale (Listes indépendantes lors des locales 2014) puisse enjamber tous les partis politiques pour se retrouver à l’assemblée nationale. Comment dans un pays organisé, pouvons nous nous permettre des bribes de modifications de manière aussi aléatoire du dit code. Il suffisait juste d’un cadre qui réunit tous les acteurs autour d’une table pour opérer les changements nécessaires une bonne fois et proposer un texte global à l’assemblée. Il y a beaucoup de chantier qui attendent et qui nécessitent des concertations et des consensus forts. Nous citons ces exemples non exhaustifs à savoir le bulletin unique, le vote des militaires, l’utilisation du spray, le vote électronique, l’inscription en ligne sur les listes électorales ou même par téléphone puisque nous en sommes à une généralisation de l’identification des puces téléphoniques et la portabilité des puces d’un opérateur à un autre, le regroupement de toutes les élections en une année électorale (Présidentielle, Législative, Locales), la mis en place de la procédure de jonction du Ministère de l’intérieur et celui de la justice pour la mis à jour du fichier pour les personnes ayant perdues leurs droits civiques, la procédure de renouvellement des cartes d’électeurs qui doivent expirer dans 1 ans ou deux selon la date de délivrance 2004 ou 2005 sans oublier la mise en œuvre de ce qui reste des recommandations de la mission d’audit.

 Nous nous devons de nous réveiller pour que notre Sénégal puisse aller de l’avant et dépasser ce niveau basique de la gestion des processus électoraux. Les générations futures le méritent bien, si nous sommes vraiment généreux afin qu’à leur tour, ils puissent se propulser vers le développement réel et durable.

Abraham BADJI

abrahambadji@gmail.com

 


AJED.

Lundi 5 Aout 2013 08:54

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