Du moins pas avant d’avoir tiré un dernier baroud d’honneur... et avoir sa revanche. Il ambitionne encore, à l’âge de 86 ans, de tenir un rôle de premier plan dans l’échiquier politique sénégalais. Le Pape du Sopi, comme le surnomme la presse sénégalaise, compte notamment jouer son va-tout, lors des élections législatives prévues en juillet prochain, pour reconquérir une partie du pouvoir perdu.
Dès le lendemain de sa cuisante défaite face à Macky Sall, son successeur au Palais (le siège de la présidence), Abdoulaye Wade s’est retranché dans une luxueuse résidence située rue Saint John, dans le quartier huppé de Fann Résidence à Dakar, appartenant à Madické Niang, son ancien ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères. Objectif prioritaire du «Vieux » : préparer dans les moindres détails l’échéance électorale. Une échéance qu’il sait cruciale autant pour son fils Karim Wade qu’il ne désespère toujours pas de propulser au sommet du pouvoir que pour sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS), actuellement majoritaire au Parlement.
Comprenant très bien que le temps joue contre lui, Abdoulaye Wade, en vieux renard de la politique sénégalaise, ne s’est ainsi pas offert un jour de répit depuis qu’il a remis, le 2 avril dernier, les rênes du pouvoir à Macky Sall. Il enchaîne quotidiennement les réunions avec les responsables des fédérations du PDS pour peaufiner son plan de bataille afin d’être prêt le jour J.
Ceinturé par un imposant cordon de sécurité, le QG d’Abdoulaye Wade est devenu en peu de temps un lieu de pèlerinage pour ses partisans. Le lieu enregistre un va-et-vient incessant de voitures plus rutilantes les unes que les autres des cadres du PDS. Bien qu’absorbé par l’exercice difficile de la confection des listes électorales, le président déchu a, dit-on, promis de recevoir quelques militants pour écouter les doléances de la base.
Une base de plus en plus inquiète de l’avenir du parti. Persuadés que «le salut du Sénégal» garde pour nom Wade, des dizaines de ses partisans n’ont pas hésité à faire plusieurs centaines de kilomètres pour rallier Dakar et poiroter durant des heures sous un soleil de plomb devant son domicile dans le seul but de l’acclamer et de le voir. Convaincus qu’il dispose encore du pouvoir de régler leurs problèmes, d’autres sont venus solliciter son aide. «Je viens de Ndiédane, le village du père d’Abdoulaye Wade. Je suis veuve. Je n’ai pas de quoi nourrir mes 6 enfants et payer ma location. Dites à M. Wade de faire quelque chose pour moi, je n’en peux plus», confie, les lèvres séchées par la soif, une veille femme désespérée à un proche du leader du PDS.
En revanche, la présence de la presse dans les alentours n’est pas perçue d’un bon œil par les vigiles postés à l’entrée de la demeure. C’est que l’entourage du secrétaire général du PDS ne veut pas que les journalistes «fourrent» leur nez dans les affaires du parti.
Après la bérézina de la présidentielle du mois de mars, le PDS vacille. Le parti, fondé en 1974 par Abdoulaye Wade lui-même, est déchiré par une guerre des chefs qui risque de le faire voler en éclats. La raison du conflit, explique Hamidou Sagna, journaliste à l’hebdomadaire La Gazette, tient au fait que «malgré sa défaite, Abdoulaye Wade refuse de passer le relais». «Au lieu de laisser s’opérer un renouvellement des élites, il a nommé Omar Sarr, un de ses proches, en qualité de coordinateur du PDS pour continuer à tout contrôler», fait encore remarquer Hamidou Sagna, qui précise au passage que le poste devait initialement revenir à Pape Diop, l’actuel président du Sénat et non moins n°2 du parti.
Les militants du parti craignent que cette manœuvre ne soit le prélude à une intronisation à la tête du parti de Karim Wade, option dont ne veut pas entendre la majorité des militants du PDS. Le monopole par le Pape du Sopi de l’opération de confection des listes électorales et sa tentative de les laisser sur le carreau aura été la goutte qui a fait débordé le vase et attisé le mécontentement d’une partie des cadres du PDS. Résultats des courses : Pape Diop, soutenu par certains responsables de sections, a décidé de claquer la porte. Il a créé avec d’autres ténors du parti, à l’image d’Abdoulaye Baldé, Abdou Fall, Thierno Lô ou encore Mamadou Seck, une coalition baptisée «Bokk guiss-guiss». Leur projet est de confectionner une liste commune parallèle à celles du PDS en juillet prochain.
Malgré le risque réel de scission qui pèse cette fois sur son parti, Abdoulaye Wade reste impassible et, surtout, décidé à laver l’affront que lui a infligé Macky Sall un certain 25 mars 2012. «Non seulement le président Wade ne regrette pas d’avoir brigué un troisième mandat, mais il est déterminé à investir toutes ses forces dans le combat pour la reconstruction et la reconquête du pouvoir», lance Babacar Gaye, porte-parole du PDS. Et à la question de savoir si le PDS a réellement des chances de rester la première force politique, M. Gaye reconnaît certes que les défections et ainsi que les remous que connaît la parti obligent à revoir certaines ambitions à la baisse. Néanmoins, il avertit que le PDS restera incontournable, tout en prenant le soin de balayer d’un revers de main les accusations portées à l’encontre de M. Wade par les cadres qui ont fait défection.
«Il n’y a aucun projet d’introniser Karim Wade à la tête du PDS, cela pas plus que Abdoulaye n’a l’intention de s’éterniser. A l’occasion, je vous annonce que le secrétaire général convoquera un congrès du parti après les élections. Son seul souci est d’organiser et d’accompagner le changement», assure encore le porte-parole du PDS, se disant toutefois convaincu que le «Vieux» rassemble et garde toute son aura. Dans le microcosme médiatique et politique dakarois, on est toutefois convaincu que l’ex-président sénégalais n’a aucune chance, après la dynamique créée par son successeur Macky Sall et les prochaines élections législatives qui permettront de tourner définitivement la page de l’ère Wade. Cela dans le cas, bien sûr, où le Pape du Sopi et sa famille ne sont pas emportés avant par les scandales financiers qui ont caractérisé son règne et qui commencent à éclater les uns après les autres.
Zine Cherfaoui Source: El Watan Dès le lendemain de sa cuisante défaite face à Macky Sall, son successeur au Palais (le siège de la présidence), Abdoulaye Wade s’est retranché dans une luxueuse résidence située rue Saint John, dans le quartier huppé de Fann Résidence à Dakar, appartenant à Madické Niang, son ancien ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères. Objectif prioritaire du «Vieux » : préparer dans les moindres détails l’échéance électorale. Une échéance qu’il sait cruciale autant pour son fils Karim Wade qu’il ne désespère toujours pas de propulser au sommet du pouvoir que pour sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS), actuellement majoritaire au Parlement.
Comprenant très bien que le temps joue contre lui, Abdoulaye Wade, en vieux renard de la politique sénégalaise, ne s’est ainsi pas offert un jour de répit depuis qu’il a remis, le 2 avril dernier, les rênes du pouvoir à Macky Sall. Il enchaîne quotidiennement les réunions avec les responsables des fédérations du PDS pour peaufiner son plan de bataille afin d’être prêt le jour J.
Ceinturé par un imposant cordon de sécurité, le QG d’Abdoulaye Wade est devenu en peu de temps un lieu de pèlerinage pour ses partisans. Le lieu enregistre un va-et-vient incessant de voitures plus rutilantes les unes que les autres des cadres du PDS. Bien qu’absorbé par l’exercice difficile de la confection des listes électorales, le président déchu a, dit-on, promis de recevoir quelques militants pour écouter les doléances de la base.
Une base de plus en plus inquiète de l’avenir du parti. Persuadés que «le salut du Sénégal» garde pour nom Wade, des dizaines de ses partisans n’ont pas hésité à faire plusieurs centaines de kilomètres pour rallier Dakar et poiroter durant des heures sous un soleil de plomb devant son domicile dans le seul but de l’acclamer et de le voir. Convaincus qu’il dispose encore du pouvoir de régler leurs problèmes, d’autres sont venus solliciter son aide. «Je viens de Ndiédane, le village du père d’Abdoulaye Wade. Je suis veuve. Je n’ai pas de quoi nourrir mes 6 enfants et payer ma location. Dites à M. Wade de faire quelque chose pour moi, je n’en peux plus», confie, les lèvres séchées par la soif, une veille femme désespérée à un proche du leader du PDS.
En revanche, la présence de la presse dans les alentours n’est pas perçue d’un bon œil par les vigiles postés à l’entrée de la demeure. C’est que l’entourage du secrétaire général du PDS ne veut pas que les journalistes «fourrent» leur nez dans les affaires du parti.
Après la bérézina de la présidentielle du mois de mars, le PDS vacille. Le parti, fondé en 1974 par Abdoulaye Wade lui-même, est déchiré par une guerre des chefs qui risque de le faire voler en éclats. La raison du conflit, explique Hamidou Sagna, journaliste à l’hebdomadaire La Gazette, tient au fait que «malgré sa défaite, Abdoulaye Wade refuse de passer le relais». «Au lieu de laisser s’opérer un renouvellement des élites, il a nommé Omar Sarr, un de ses proches, en qualité de coordinateur du PDS pour continuer à tout contrôler», fait encore remarquer Hamidou Sagna, qui précise au passage que le poste devait initialement revenir à Pape Diop, l’actuel président du Sénat et non moins n°2 du parti.
Les militants du parti craignent que cette manœuvre ne soit le prélude à une intronisation à la tête du parti de Karim Wade, option dont ne veut pas entendre la majorité des militants du PDS. Le monopole par le Pape du Sopi de l’opération de confection des listes électorales et sa tentative de les laisser sur le carreau aura été la goutte qui a fait débordé le vase et attisé le mécontentement d’une partie des cadres du PDS. Résultats des courses : Pape Diop, soutenu par certains responsables de sections, a décidé de claquer la porte. Il a créé avec d’autres ténors du parti, à l’image d’Abdoulaye Baldé, Abdou Fall, Thierno Lô ou encore Mamadou Seck, une coalition baptisée «Bokk guiss-guiss». Leur projet est de confectionner une liste commune parallèle à celles du PDS en juillet prochain.
Malgré le risque réel de scission qui pèse cette fois sur son parti, Abdoulaye Wade reste impassible et, surtout, décidé à laver l’affront que lui a infligé Macky Sall un certain 25 mars 2012. «Non seulement le président Wade ne regrette pas d’avoir brigué un troisième mandat, mais il est déterminé à investir toutes ses forces dans le combat pour la reconstruction et la reconquête du pouvoir», lance Babacar Gaye, porte-parole du PDS. Et à la question de savoir si le PDS a réellement des chances de rester la première force politique, M. Gaye reconnaît certes que les défections et ainsi que les remous que connaît la parti obligent à revoir certaines ambitions à la baisse. Néanmoins, il avertit que le PDS restera incontournable, tout en prenant le soin de balayer d’un revers de main les accusations portées à l’encontre de M. Wade par les cadres qui ont fait défection.
«Il n’y a aucun projet d’introniser Karim Wade à la tête du PDS, cela pas plus que Abdoulaye n’a l’intention de s’éterniser. A l’occasion, je vous annonce que le secrétaire général convoquera un congrès du parti après les élections. Son seul souci est d’organiser et d’accompagner le changement», assure encore le porte-parole du PDS, se disant toutefois convaincu que le «Vieux» rassemble et garde toute son aura. Dans le microcosme médiatique et politique dakarois, on est toutefois convaincu que l’ex-président sénégalais n’a aucune chance, après la dynamique créée par son successeur Macky Sall et les prochaines élections législatives qui permettront de tourner définitivement la page de l’ère Wade. Cela dans le cas, bien sûr, où le Pape du Sopi et sa famille ne sont pas emportés avant par les scandales financiers qui ont caractérisé son règne et qui commencent à éclater les uns après les autres.