Le sexe du président sud-africain, objet de pénitence

La galerie ayant exposé le tableau caricaturant le président Jacob Zuma sous les traits d’un Lénine exhibant son sexe a présenté des excuses publiques lundi. Et l’hebdomadaire City Press a retiré l’image de son site web, après un appel de l’ANC, le parti au pouvoir, à manifester devant la galerie.


«Il n’a jamais été mon intention de blesser le président ou quiconque», a déclaré au journal de la SABC 3 Liza Essers, la propriétaire de la Goodman Galery, une galerie privée de réputation mondiale qui présente ses artistes de Bâle à Miami. Elle a présenté ses excuses à l’issue d’une rencontre avec le ministre de la Culture Paul Mashatile. «Après cette rencontre, nous devrions pouvoir nous réconcilier, notamment parce que Mme Essers, la propriétaire de la galerie, regrette la souffrance que cette oeuvre a causée», a déclaré de son côté le ministre sur la même chaîne.

Auparavant, l’hebdomadaire City Press avait retiré de son site le tableau qui suscite la colère de l’ANC depuis dix jours, dans un souci d’apaisement et par «peur» de la tournure prise par la polémique. «L’ambiance ressemble à une poudrière», a notamment expliqué la rédactrice en chef Ferial Haffajee de ce journal que l’ANC a attaqué en justice, tout comme la galerie Goodman.

L’ANC a appelé ses partisans à manifester leur colère mardi à Johannesburg contre la galerie, et des milliers de sympathisants du parti qui a libéré la majorité noire de l’apartheid devraient descendre dans les rues aux abords du site, aux murs blancs immaculés et fermé après que le tableau a été vandalisé mardi dernier.

L’ANC, visiblement décidée à exploiter au maximum la publicité autour de l’affaire alors que la popularité du président Zuma et de son gouvernement est en berne, a salué la décision de City Press, tout en exigeant que le journal aille plus loin et présente des excuses «au peuple sud-africain, à l’ANC et à tout le monde».

La rédactrice en chef de l’hebdo a justifié sa décision d’enlever le tableau du site web en disant vouloir «contribuer modestement à surmonter un moment difficile». «Etre comme aujourd’hui le symbole de la colère d’une nation n’a jamais été le rôle d’un média dans la société. Nous sommes robustes et indépendants, mais pas des semeurs de zizanie ni sourds, non», a ajouté Ferial Haffajee. Elle a été guidée «aussi par la peur» après que des exemplaires du journal ont été incendiés samedi et que le grand syndicat des mineurs (NUM) a interdit d’accès un des reporters du journal, en représailles contre le tableau.

Le tableau de Brett Murray, un artiste coutumier des détournements provocateurs, est perçu comme une atteinte à la dignité de la fonction présidentielle et de la personne de Zuma. Il est aussi jugé raciste car il fait allusion à la polygamie du président et à sa sexualité, un cliché de la représentation malveillante des Noirs.

L’exposition présentait une soixantaine de tableaux, la plupart détournant le logo de l’ANC, sous le titre général «Salut au voleur II», une allusion aux affaires de corruption qui minent un parti qui avait pourtant promis de changer l’Afrique du Sud.

(AFP)

Abdou Khadre Cissé

Mardi 29 Mai 2012 16:28

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