Le magazine américain ESPN s'attaque au mythe du village olympique dédié à la préparation physique et à la rigueur mentale des athlètes. Et dévoile les coulisses d'un endroit qui se transforme vite en lieu de rencontres et joyeuses beuveries. Le dossier commence par narrer l'anecdote d'un tireur américain (ça ne s'invente pas) qui a décidé, contre l'avis de son comité, de rester un peu plus longtemps que prévu au village olympique, lieu de résidence fermé de tous les athlètes (environ 10 000 pour des JO d'été) et qui regroupe les logements, mais aussi des bars et des discothèques. Il laisse ouverte la maison de l'équipe, qui devient petit à petit le "plus grand lieu de débauche" qu'il n'a jamais vu, selon ses propres termes. En effet, tous les athlètes qui ont fini la compétition s'y retrouvent, à commencer par "l'intégralité d'une équipe de relais 4 x 100 mètres scandinave" accompagnée par des Américains.
Dès 1992, une polémique naît autour des commandes de préservatifs. En 2000, aux Jeux de Sydney, les 70 000 capotes ont été épuisées avant la fin des compétitions et il a fallu en commander 20 000 supplémentaires. Depuis, près de 100 000 préservatifs sont prévus pour chaque JO d'été. D'après Ryan Lochte, nageur recordman, 70 à 75 % des athlètes ont des relations sexuelles pendant la période des Jeux, ce que confirme Hope Solo, emblématique gardienne de l'équipe américaine de football.
Sur la pelouse
Celle-ci raconte que, pour certains, les relations font partie de la préparation précompétition, pour gérer le trop-plein d'énergie alors que d'autres attendent pour célébrer la fin des JO. Elle explique : "Les athlètes sont des extrémistes. Quand ils s'entraînent, c'est avec une concentration parfaite. Quand ils sortent pour boire un verre, c'est 20 verres. En vivant une expérience unique, vous voulez vous créer des souvenirs, qu'ils soient sexuels, festifs ou sportifs. J'ai vu des personnes coucher ensemble en plein air. Sur la pelouse, entre des bâtiments, les gens s'en donnent à coeur joie."
À ce petit jeu, le champion de BMX Jill Kintner, médaille de bronze à Pékin, reconnaît que les Italiens sont les plus "accueillants" : "Ils laissent leurs portes ouvertes, donc tu regardes à l'intérieur et tu vois des mecs en string qui courent en cercle les uns autour des autres." Mais les Français ne semblent pas en reste. Brandi Chastain raconte qu'à Atlanta elle est entrée pour la première fois dans la cantine du village en entendant des cris de joie. "On a alors vu deux handballeurs français qui ne portaient que des chaussettes, un string, une cravate et un chapeau et qui se donnaient à manger debout sur la table." Une cantine de lycée, résume Julie Foudy, "sauf que tout le monde est beau. On profite tous de ces merveilles pour les yeux. Je me demandais pourquoi j'étais mariée".
Orgie de minuit
Les Jeux d'hiver ne sont d'ailleurs pas bien différents, comme en témoigne cette anecdote d'un skieur qui raconte avoir vu six athlètes, "des Allemands, des Canadiens et des Autrichiens", se rejoindre "pour un bain de minuit qui s'est transformé en orgie de minuit". Apparemment, il suffit la plupart du temps de "montrer sa médaille pour obtenir ce que l'on veut", plaisante un athlète. Et à ce petit jeu, les nageurs sont souvent les plus chanceux.
Pour Ryan Lochte, le plus simple est d'aller dans un "bar local et boire avec des fans de foot". Mais celui-ci explique qu'à Athènes un de ses coéquipiers a préféré se livrer à des activités sexuelles sur son balcon, s'attirant les foudres des voisins d'en face et de son coach. À ce propos, certains entraîneurs essayent d'ailleurs de limiter ces activités plus ou moins extrasportives en proclamant des couvre-feux et en interdisant l'alcool ou les soirées mixtes. Mais les athlètes expliquent que certains sont prêts à "marcher pendant des kilomètres pour essayer de se faufiler quelque part".
Le nageur conclut en confiant qu'il avait une petite amie lors des derniers Jeux olympiques, une "grave erreur" selon lui, mais qu'il sera célibataire pour ces Jeux, qui "devraient donc être bons".
Le Point