L'Egypte se préparait vendredi 5 juillet à des manifestations des partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi pour dénoncer le coup militaire et la vague d'arrestations des dirigeants de son mouvement des Frères musulmans.Regroupées au sein du "Front national de défense de la légitimité", les principales forces islamistes du pays ont appelé les partisans du président renversé à manifester en masse et "pacifiquement" pour un "vendredi du refus" contre "le coup d'Etat militaire".
Les manifestations devaient commencer après la traditionnelle prière hebdomadaire musulmane, en milieu de journée, au Caire et en province.
Le ministère de l'Intérieur a averti qu'il répondrait "fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire. L'armée a souligné que "les rassemblements pacifiques et la liberté d'expression sont des droits garantis pour tous".
La confrérie appelle à la retenue
Les Frères musulmans qui ont dénoncé, dans un communiqué, "la terreur de l'Etat policier qui a arrêté des figures de la confrérie et du parti" et "un coup d'Etat militaire contre la légitimité (de M. Morsi)", ont néanmoins appelé leurs partisans à la retenue.
Deux jours après avoir destitué le chef de l'Etat, l'armée a appelé au rejet de la "vengeance" et à "la réconciliation nationale" mais des islamistes armés ont attaqué à l'aube une position militaire dans la péninsule du Sinaï, tuant un soldat.
Le leader des Frères musulmans arrêté
Si aucune capitale n'a qualifié de "coup d'Etat" la suspension de la Constitution et la nomination d'un président intérimaire par l'armée, Washington a demandé aux nouvelles autorités de ne pas procéder à des "arrestations arbitraires" après un vaste coup de filet contre les plus hauts dirigeants des Frères musulmans. Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement du pays, et sa garde rapprochée sont détenus par l'armée. Le Guide suprême de la confrérie Mohamed Badie a été arrêté pour "incitation au meurtre de manifestants", son numéro 2 Khairat al-Chater est sous le coup d'un mandat d'arrêt et le chef du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique du mouvement islamiste, Saad eL-Katatni a également été arrêté.
Un haut responsable de l'armée a confirmé la détention "de façon préventive" de Mohamed Morsi, laissant entendre qu'il pourrait être poursuivi, alors que la justice le convoque lundi à un interrogatoire pour "insulte à l'institution judiciaire".
Un mort et deux blessés au Sinaï
Des affrontements entre pro et anti-Morsi ont fait jeudi des dizaines de blessés dans le delta du Nil, après plus d'une semaine de mobilisation émaillée de violences ayant fait une cinquantaine de morts.
Au Sinaï, un soldat égyptien a été tué dans des attaques simultanées de militants islamistes qui ont tiré vendredi matin à la roquette et à la mitrailleuse sur des postes de police et militaire, a-t-on indiqué de source médicale.
Deux soldats ont été blessés dans l'attaque d'un point de contrôle de l'armée à al-Gura, dans le nord de la péninsule.
Un poste de police et un bâtiment des renseignements militaires dans la ville frontalière de Rafah ont par ailleurs été attaqués à la roquette, ont ajouté des sources de sécurité.
Une source de sécurité a précisé que des islamistes attaquaient des points de contrôle militaires et policiers dans plusieurs villes du nord du Sinaï. Les attaques n'ont pas été revendiquées.
Les islamistes radicaux se servent de la région nord de la péninsule, peu peuplée, comme d'un tremplin pour attaquer les forces de sécurité et Israël.
Plusieurs islamistes ont publiquement menacé de commettre des violences en représailles à l'éviction du pouvoir de l'ex-président Mohamed Morsi mercredi après des manifestations massives.