SETAL.NET-On nous inonde d'informations sur le plaisir féminin, comment en avoir, comment être épanouie sexuellement, à quoi reconnait-on un orgasme ou encore comment l'atteindre. Mais quid du non plaisir ? Ne pas en avoir à chaque rapport sexuel est normal mais ne jamais en ressentir est un réel problème que rencontrent certaines femmes. Quelles en sont les raisons? Les barrières au plaisir sexuel féminin © iStock Il faut distinguer le fait de ne pas avoir de plaisir à chaque rapport, ce qui est normal, et le fait de ne pas en avoir du tout quel que soit son partenaire et depuis au moins six mois. En ce cas, il s'agit bien d'un trouble du plaisir, autrefois appelé frigidité. Le plus souvent d'origine psychologique, il est heureusement réversible. Différentes origines, différentes solutions. L'éducation reçue et les tabous Ils sont les premiers freins au plaisir, amplifiés il est vrai, par la méconnaissance de son corps. Les adolescentes inexpérimentées, mais aussi des femmes, pensent qu'il suffit d'une pénétration pour trouver l'orgasme. Or, une grande majorité d'entre elles n'obtient pas de jouissance par la pénétration seule car les autres zones érogènes comme le clitoris ne sont pas suffisamment sollicitées. Alors que faire ? "Apprendre à marcher avant de courir, ce qui veut dire apprendre la géographie du plaisir avant de parvenir à jouir, explique le Dr Sylvain Mimoun. Les préliminaires sont un atout essentiel pour aboutir à l'excitation". Le temps a son importance : on ne déclenche pas le plaisir comme on appuie sur un interrupteur. Le partenaire Oui, il peut également entretenir ou provoquer un blocage sexuel. "Toute la difficulté pour les jeunes femmes peu rôdées au jeu de l'amour, est que moins elles ont d'expérience, plus elles sont gênées par la réaction de l'autre, ajoute le médecin. Pour peu que lui aussi s'interroge et s'abandonne avec maladresse, le rapport laisse un goût de frustration et d'amertume. Vient alors la peur de ne pas y arriver la prochaine fois, et l'engrenage est ainsi enclenché". Si le partenaire est un éjaculateur précoce (c'est fréquent chez les hommes jeunes), la femme ayant besoin d'un temps minimal pour parvenir à l'excitation, l'orgasme va se dérober. En ce cas, c'est à l'homme de consulter un urologue, un andrologue ou un sexologue. Le manque d'estrogènes Plus fréquent chez les femmes vers la quarantaine, il assèche le vagin. L'irritation qui s'en suit est un obstacle au plaisir, ce qui peut aboutir à une panne sexuelle. Le problème est résolu par une prescription de gel hormonal au niveau de la vulve ou de nombreux autres petits moyens détaillés plus loin. La ménopause Elle entraîne à plus ou moins court terme l'assèchement de toutes les muqueuses. Le traitement hormonal substitutif pallie largement cet inconvénient. La femme peut aussi utiliser localement des lubrifiants vendus en pharmacie sans ordonnance. Les petites maladies L'herpès, les cystites, les mycoses à répétition, bref, tout ce qui crée une irritation est un obstacle au désir et au plaisir. Il suffit de traiter le problème médical pour que tout rentre dans l'ordre. Si, en revanche, la situation s'installe et que les infections ou l'inconfort deviennent répétitifs, il faut également s'interroger sur le pourquoi de cette "opposition" masquée, avec un psychosomaticien ou un sexologue. L'hystérectomie L'ablation de l'utérus, ou la simple crainte de subir cette intervention, engendre la perte du plaisir. "Vers 35-40 ans, il est hélas très fréquent d'avoir un fibrome, et l'évocation d'une intervention possible terrorise les femmes, même si très peu d'entre elles seront opérées au bout du compte", observe le Dr Mimoun. L'ombre menaçante portée sur la féminité fait que l'on devient observatrice de son plaisir et on ne s'abandonne plus. Là encore, il faut en parler à son médecin pour se libérer de ses peurs et comprendre que, en théorie, rien n'empêche une sexualité épanouie après une intervention, même une hystérectomie radicale. Quelques mois peuvent suffire à réapprivoiser son corps.