adoptée à l’issue de la 23e Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA qui s’est tenue en Guinée équatoriale, la Déclaration de Malabo prévoit que les États membres de l’UA devront mettre en œuvre un certain nombre de réformes politiques essentielles visant à éradiquer la faim et à réduire de moitié la pauvreté en Afrique d'ici 2025. Afin d’atteindre ces objectifs, les dirigeants africains ont réaffirmé leur intention de consacrer 10 % de leurs budgets nationaux au développement agricole et ont convenu d'objectifs visant notamment à multiplier par deux la productivité agricole, à réduire de moitié les pertes post-récolte et à ramener à 10 % le taux de retard de croissance sur le continent africain.
Commentant cette annonce, la directrice Afrique de ONE.org, Dr. Sipho S. Moyo, a déclaré :
« Ceci marque un tournant décisif pour l’agriculture en Afrique. Au cours de cette année déclarée « Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire » par l'UA , les gouvernements africains ont répondu à l’appel de 120 organisations de la société civile et de plus de 2 millions de citoyens africains qui, en signant la pétition « Do Agric » de ONE.org (http://www.one.org/doagric), leur ont instamment demandé d’investir plus et mieux dans l’agriculture ».
La nouvelle déclaration fixe comme priorités la mise en place opérationnelle de la Banque africaine d'investissement, la réalisation d’investissements responsables dans le secteur privé, le renforcement du soutien aux échanges commerciaux intra-régionaux, ainsi que l'adoption de stratégies agricoles respectueuses du climat, l’inclusion des jeunes et la fixation d’objectifs en matière d’emploi, et la responsabilité mutuelle vis-à-vis des résultats.
Ces nouvelles mesures font partie d’une série de recommandations communes présentées aux dirigeants de l'UA par ONE.org et par quelque 120 organisations partenaires de la société civile au cours des mois qui ont précédé la conférence. Ces recommandations font entendre les voix de plus de 2 millions d’Africains signataires de la pétition Do Agric de ONE.
Les Présidents Jakaya Kikwete de la Tanzanie, Yayi Boni du Bénin, John Mahama du Ghana et Mahamadou Issoufou du Niger ont tous accueilli favorablement et soutenu les recommandations communes et la pétition avant la réunion de l’UA du mois de juin. Le Président Kikwete a pris la parole pour présenter formellement ces recommandations et cette pétition aux chefs d’État de la conférence. Au cours du sommet, les délégations du Nigeria, de l’Afrique du Sud, de la Zambie, du Burkina Faso, du Sénégal et du Mali ont également apporté leur soutien à la pétition et aux recommandations.
Cependant, malgré leur ferme résolution d’atteindre ou de dépasser l’objectif d’allocation de 10 % des budgets nationaux au secteur agricole, les dirigeants africains n’ont pas réussi à régler le débat sur l’établissement d’une norme commune de mesure des 10 %. La déclaration ne règle pas non plus la question connexe portant sur l’amélioration de la transparence des budgets. L’obligation de rendre des comptes reste donc un défi permanent puisque, de par leur nature, les dépenses agricoles relèvent de différents ministères, départements et agences. De plus, la déclaration n'exprime pas explicitement son soutien à la participation des différentes parties prenantes aux processus de développement agricole mis en place par les gouvernements. Elle n’adopte pas non plus de position claire quant à d’autres objectifs tels que : faciliter l’accès des petits exploitants agricoles aux marchés, engager des investissements dans les services de recherche et de vulgarisation agricole, mettre fin à l’inégalité des sexes, et améliorer les droits fonciers des pauvres.
Audax Rukonge, directeur exécutif du Forum des acteurs agricoles non-étatiques (ANSAF) de Tanzanie s’est toutefois déclaré optimiste à propos de la récente déclaration :
« Les petits exploitants agricoles sont prêts à apporter leur contribution pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de tous les citoyens africains, pour créer des emplois et stimuler nos économies, autant d’objectifs réalisables à condition que nos gouvernants veillent à la mise en œuvre efficace des engagements de la déclaration ».