Lettre ouverte N°2 à Monsieur Madieyna Diouf, Maire de KAOLACK A l’heure du bilan et par devoir de simple citoyen…


Monsieur le Maire, Le 9 mai 2009, le journal « Le Quotidien » me faisait l’honneur de publier une lettre ouverte que je vous avais adressée depuis Paris suite à votre élection au poste de Maire de Kaolack à l’issue des élections locales du 22 mars 2009. Je dois à la vérité de dire que vous aviez eu la correction et même l’amabilité de me répondre par courriel dès le lendemain, 10 mai 2009. Je me garderai aussi par correction de révéler la teneur de nos échanges que j’avais bien appréciés. Mais je pense que je ne trahis aucun secret en disant que vous m’aviez affirmé que vous aviez pris conscience de la signification du choix des kaolackois et vous gardiez bien en mémoire que tout était urgent à Kaolack. Je n’avais pas manqué de vous dire, en toute modestie, sous forme de mise en garde que « l’histoire de la politique en général et celle menée à Kaolack depuis bien longtemps en particulier, nous donnent un devoir de vigilance vis-à-vis de nos élus et que les kaolackois ne vous ont pas donné carte blanche, ils vous ont à l’œil et surtout, souvenez-vous en, ce que le peuple a fait dans sa souveraineté, le peuple peut le défaire dans sa souveraineté. C’est juste une question de volonté ». Alors, Monsieur le Maire, nous sommes à l’heure du bilan et par devoir de simple citoyen, je me devais de me mettre à nouveau devant mon clavier pour vous faire part de mes constats. Mais que cela soit bien clair, à travers vous, je m’adresse à tous ceux qui ont cogéré avec vous, à ceux qui se présentent au poste de conseiller municipal mais aussi et surtout aux citoyens du Sénégal, aux habitants de Kaolack. 1. Monsieur le Maire, l’assainissement de la ville de Kaolack laisse à désirer. C’est une catastrophe. Kaolack est réputée être la ville la plus sale du Sénégal. Tout habitant de la ville, tout sénégalais en a honte ! honte ! honte ! La ville se trouvait dans le même état lorsque vous avez été installé à la tête de la Mairie de Kaolack. 2. Monsieur le Maire, l’état d’insalubrité dans laquelle se trouve la ville est une vraie calamité et le mot est faible. La ville se trouvait dans le même état lorsque vous avez été installé à la tête de la Mairie de Kaolack. 3. Monsieur le Maire, l’éclairage de la ville de Kaolack est bien insuffisant, il est quasi inexistant. Cela rend la ville triste ! triste ! triste ! La ville se trouvait dans le même état lorsque vous avez été installé à la tête de la Mairie de Kaolack. 4. Monsieur le Maire, les infrastructures de la ville sont vétustes et mal entretenues.  La ville se trouvait dans le même état lorsque vous avez été installé à la tête de la Mairie de Kaolack. 5. Monsieur le Maire, les rues de la ville constituent un danger pour la vie des citoyens. Il en est ainsi avant, pendant et après la saison hivernale. La ville se trouvait dans le même état lorsque vous avez été installé à la tête de la Mairie de Kaolack. 6. Monsieur le Maire, le désordre qui règne à kaolack est indescriptible. Des cantines ont été installées n’importe où, n’importe comment. Il est difficile de trouver un trottoir à Kaolack. Certains se permettent de transformer une rue étroite en gare routière, en marché et ont même poussé l’audace jusqu’à installer des cantines autour de domiciles privés avec la complicité active des agents de la mairie posant ainsi des problème de sécurité, d’insalubrité, donc de santé publique et gênant aussi le passage vers les domiciles de citoyens qui ne demandent qu’à vivre dans la tranquillité. La situation est devenue bien pire depuis que vous avez été installé à la tête de la Mairie de Kaolack. Il y a une vraie crise d’autorité dans cette ville. 7. Monsieur le Maire, je vous disais également le 9 mai 2009 que « certains domaines ne relevaient peut être pas directement de vos compétences mais vous deviez être l’avocat de votre ville auprès du gouvernement ». 8. Monsieur le Maire, il faut dire à l’Etat du Sénégal que l’état scandaleux de la route Dakar-Kaolack constitue la marque suprême du mépris du gouvernement à l’endroit des sénégalais et des habitants des localités concernées. C’est indigne ! indigne ! indigne ! 9. Monsieur le Maire, le 9 mai 2009, je vous avais prévenu en ces termes : « Ne pensez surtout pas que j’ai un préjugé défavorable vous concernant, votre équipe et vous, alors que vous venez à peine de commencer votre mandat. Ce ne serait pas objectif de ma part parce que je n’ai pas de raison particulière de ne pas vous faire confiance, car je ne vous connais même pas. Mais je n’ai aucune raison de vous accorder une confiance absolue parce qu’à Kaolack, on nous a habitués au pire. Parce qu’aussi, la citoyenneté, c’est la vigilance, la prévoyance, la lucidité, l’alerte, le doute. Ce doute qui conduit au pessimisme de l’intelligence et à l’optimisme de la volonté ». Aujourd’hui, j’ai tenu promesse en vous livrant le fond de ma pensée et mes modestes analyses. Les Kaolackois apprécieront et jugeront lors des prochaines élections locales du mois de juin prochain.  Mais aujourd’hui, je voudrais aussi dire aux kaolackois qu’ils ont une énorme part de responsabilité dans ce qui nous arrive car les dirigeants ne sont que le reflet des habitants de leur localité. La prise de conscience citoyenne fait défaut. Assez souvent, ils veulent des solutions de facilité et ne se demandent jamais qu’elle est leur part de responsabilité dans la situation qu’ils vivent. Certains délaissent leur ville et n’y viennent que pour y faire du « tourisme » ou pour se donner bonne conscience. C’est un choix qu’ils peuvent faire mais ceux-là n’ont point le droit de critiquer. Les kaolackois se demandent rarement ce qu’ils peuvent faire pour changer les choses et ce qu’ils ont eu à faire ou sont entrain de faire pour que les choses empirent de la sorte. Ils ne doivent surtout pas, certainement pas se décourager. Ils ont l’obligation de faire des affaires de la cité leurs propres affaires. L’acquisition du droit de vote a été un combat âpre dans l’histoire des peuples et ce serait une forme de manque de reconnaissance envers ceux qui ont livré ce combat que de ne pas s’en servir. Le vote constitue l’arme du citoyen. Aujourd’hui, l’occasion se présente plus que jamais pour qu’ils se souviennent avec Victor Hugo que « sur cette terre d’égalité et de liberté, tous les hommes respirent le même air et le même droit. Il y a dans l’année un jour où celui qui vous obéit se voit votre pareil, ou celui qui vous sert se voit votre égal, où chaque citoyen entrant dans la balance universelle, sent et constate la pesanteur spécifique du droit de cité, et ou le plus petit fait équilibre au plus grand. Il y a un jour dans l’année où le gagne-pain, le journalier, le manœuvre, l’homme qui traine des fardeaux, l’homme qui casse des pierres au bord des routes, juge le Sénat (disons, dans notre cas, la Mairie), prend dans sa main durcie par le travail, les ministres, les représentants, le Président de la République (disons, dans notre cas, les conseillers municipaux) et dit : « La puissance, c’est moi ! ». Eh bien, chers citoyens du Sénégal, chers habitants de Kaolack, la puissance, c’est vous ! La puissance, c’est nous ! Quand on gère votre bien, vous avez un devoir de vigilance et de contrôle. Vous avez le droit d’exiger une reddition des comptes. Le 29 juin 2014, débarrassez-vous de tous les incompétents et de ceux qui n’ont aucunement conscience de la noblesse de leur mission afin d’éviter qu’un conseiller municipal vous regarde les yeux dans les yeux et vous affirme : « Je ne peux pas me pencher sur votre problème car je ne sais pas si je serai sur les prochaines listes de conseillers potentiels qui doit être publiée demain ». En effet, cela est bien arrivé à votre serviteur le 5 mai 2014 dernier ! Quid de la continuité du service public ? Le pire, c’est que le conseiller municipal en question ne semblait même pas se rendre compte de la gravité des propos qu’il avançait toute honte bue. Je le disais à Monsieur le Maire et je le répète : « Il faut surtout refuser cette idée consistant à faire croire que la politique à Kaolack se résume à distribuer des sous à quelques uns ou à leur accorder des privilèges indus. Cette ville aux énormes potentialités devait être une référence au Sénégal et en Afrique grâce à sa position géographique ». Que toutes les autres villes du Sénégal et que tous les autres citoyens de ce pays se sentent concerner par ma modeste missive. Vivement que Kaolack se débarrasse de son statut de « ville poubelle » et devienne une « ville rebelle » !   Ibrahim GUEYE

Bamba Toure

Vendredi 16 Mai 2014 22:45

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