Excellence,
Nous venons, par la présente, vous faire part de toute notre déception et notre indignation par rapport à votre refus catégorique de nous venir en aide dans notre combat pour la prise en charge de ces nombreux malades mentaux errant à travers tout le Sénégal, dans des conditions inhumaines et inacceptables. Depuis votre accession à la Magistrature Suprême, nous n'avons cessé de vous interpeller en vain sur ce vaste fléau qui a très longtemps fini de ternir l'image de notre pays. Aussi, vous n'avez pas voulu nous recevoir en audience au moment où les populations sont confrontées à de sérieuses difficultés liées à ce phénomène, comme c'est le cas à Ross Béthio, dans la Région de Saint Louis où un malade mental errant agonise depuis maintenant plus d'un mois sans que personne ne puisse lui apporter la moindre assistance à cause notamment des nombreuses lacunes que présente notre système de Santé.
Excellence, en réalité, la question des malades mentaux ne figure pas parmi vos préoccupations. C'est la raison pour laquelle, ils avaient été tous déportés hors de Dakar à l'occasion de la visite du Président OBAMA, acte très regrettable que nous avions vigoureusement condamné car ne reposant sur aucun texte et règlement en vigueur dans notre pays. Au contraire, ils devaient être pris en charge comme le recommande l'Article Premier de la Loi n°75-80 du 09 juillet 1975, relative au traitement des maladies mentales et au régime d'internement de certaines catégories d'aliénés. Depuis 2000, nous avons choisi sans aucun regret d'être exclusivement au service de cette couche la plus vulnérable de notre société, abandonnée à elle-même dans les rues, avec tout ce que cela représente comme danger pour la sécurité publique. Malheureusement, jusqu'ici, nous n'y éprouvons que des difficultés et nous sommes même parfois considérés à tort comme étant le problème alors que tout le monde sait que nous constituons la solution à ce phénomène de l'errance des malades mentaux. Toutefois, nous nous félicitons d'avoir bien accompli notre devoir de citoyen et c'est cela qui nous donne le droit de réclamer aujourd'hui votre soutien en tant que Chef suprême de la Nation. La création d'une Commission regroupant tous les Ministères et Organisations concernés, pour la gestion de l'errance des malades mentaux; la mise en place d'un Fonds de Solidarité au profit de ces concitoyens extrêmement pauvres et défavorisés; la tenue d'un Conseil interministériel sur ce problème, sont là autant de sujets, entre autres, sur lesquels nous souhaiterions discuter avec vous pour apporter des réponses correctes aux nombreuses préoccupations des populations en la matière.
Vous réitérant toute notre déception et notre indignation, veuillez agréer, Excellence, l' expression de notre considération distinguée.