Location du Falcon 50, Ensemble immobilier à Paris, Bradage de la Sonacos : Ces affaires de Jaber qui mènent à Karim


Que ce soit le jet privé ou l’ensemble immobilier situé à Paris, l’homme d’affaires Abbas Jaber devra fournir des explications aux enquêteurs. Ce qui leur permettra de reconstituer la galaxie affairiste de Karim Wade auditionné dans le cadre des enquêtes sur l’enrichissement illicite. Dans le cas de l’appartement acquis sur prêt que le fils de  l’ex-chef de l’Etat occupait et qu’il doit quitter en décembre, Abbas Ja­ber l’a hypothéqué pour un nouvel emprunt bancaire au nom de la Suneor.

Ami présumé de Karim Wade, les deux personnalités ont des destins qui semblent liés pour le meilleur et aussi pour le pire  dans un contexte où les nouvelles autorités commencent à accélérer la cadence pour démêler les dossiers suspects. Abbas Jaber, prospère homme d’affaires, est aussi rattrapé par la patrouille de la Cour de répression de l’enrichissement illicite. Prévue ce matin, l’audition du patron du groupe Advens est reportée à une date ultérieure à cause de son «séjour à l’étranger». Celle-ci serait axée essentiellement sur les acquisitions de son jet privé et de son immense ensemble immobilier niché au cœur de Paris qui intéresse aussi les autorités de la Crei. En attendant ce face-à-face avec les enquêteurs, le boss de la Suneor devra s’expliquer sur les conditions d’acquisition de son appartement parisien où le fils de l’ex-chef de l’Etat a élu ses quartiers dans le très chic 16 éme arrondissement de la capitale française. Ce lieu sert aussi de siège au groupe Advens, géant de l’agro-alimentaire en Afrique de l’Ouest.

Pourtant, ce dossier à tiroirs concentre une simple évidence : ces deux biens appartenant au natif de Thiès sont usités exclusivement par l’ancien ministre des Transports, de la Coopération internationale et de l’Energie. Entretemps, Karim Wade aurait sans doute trouvé un nouveau point de chute en France en acceptant de libérer ce complexe immobilier sur la demande de son propriétaire. En tout cas, il a promis de quitter les lieux en décembre pour permettre aussi à son «ami» de trouver de nouveaux financements à son business. Car, Abbas Jaber a mis sous hypothèque cet appartement après avoir consenti un prêt au nom de la Suneor. Combien ? Pour l’instant, l’on ignore le montant de cette nouvelle transaction bancaire.

Situé au 124 Avenue Victor Hugo à Paris, cet ensemble immobilier fait nourrir beaucoup de fantasmes et d’interrogations. Certains documents bancaires lèvent le halo de mystère qui entoure cette affaire. Elle intéresse les nouvelles autorités prêtes à traquer tous les biens mal acquis par des Sénégalais dans l’exercice de leur fonction. Acquis à plus de 1milliard 150 millions F Cfa (1722 565 Euros) sans bien sûr les honoraires du négociateur auprès de la société immobilière Anatole, Abbas Jaber a bénéficié d’un prêt consistant de la Bnp Paribas (1 494 800 Euros), le cadre est tout simplement enchanteur. Il s’agit d’un immense ensemble immobilier comprenant un bâtiment en façade sur l’Avenue Victor Hugo, double en profondeur avec aile à droite sur cour puis partie en retour au fond entre cours et jardins. Le tout est élevé sur caves d’un rez-de-chaussée de cinq étages carrés, d’un sixième étage carré en léger retrait et d’un septième mansardé. Dans la première cour, au fond du jardin en contrebas, il y a aussi deux courettes qui complètent cette superficie de 856 m2. Ce n’est pas tout : cet ensemble immobilier s’adjoint à un espace de 8 ares et 53 centiares. Ce lot est composé aussi d’un appartement comprenant neuf pièces, une salle de bain et un office. Sans oublier qu’au sous-sol, il y a aussi deux autres caves qui complètent les «fractions d’immeubles sans exception ni réserve.»

Galaxie affairiste de Karim

Grandiose, cet ensemble immobilier devrait être payé au préalable en «180 termes mensuels comprenant chacun une part d’amortissements et des intérêts». En d’autres termes, la date de la première échéance de remboursement, qui commandera la date des échéances suivantes, a commencé le 23 janvier 2003 alors que la dernière échéance est prévue le 23 décembre 2017. Selon des sources, Abbas Jaber aurait déjà épongé ses créances auprès de la Bnp Paribas avant même le deadline. Est-ce lié aux clauses introduites dans le contrat qui stipulent que les bénéficiaires auront la possibilité deux ans après le premier amortissement de procéder sous réserve d’un premier préavis de 30 jours, à une demande de suspension temporaire des remboursements. Mystère et boule de gomme sur cette question. Il reste constant que le patron d’Advens, l’un des principaux groupes agro-industriels de la région Ouest Africaine, qui opère sur une zone allant du Sénégal jusqu’au Tchad, a hypothéqué ce vaste complexe immobilier pour essayer de remettre sur le chemin de la prospérité Suneor acquis en 2005 pour un modique prix de 6 milliards F Cfa. Déjà, les locaux occupés par Suneor à Dakar et à Paris ne font pourtant pas parties du protocole de privatisation de la Sonacos.

A l’époque, quelques soupçons avaient escorté cette privatisation qui continue de courroucer les défenseurs de la bonne gouvernance. On avait dénoncé une «préférence amicale» au détriment de l’Etat du Sénégal floué dans cette opération en faisant un  rapprochement entre Karim Wade et Abbas Jaber  dont les rapports présumés amicaux se sont solidifiés autour de leur sens du  business. Sur ses traces, la Cour de répression de l’enrichissement illicite essaie de reconstituer les conne­xions jugées louches de Karim Wade. L’audition de Abbas Jaber semble devenir une condition sine qua none pour les enquêteurs qui essaient toujours de tracer la fortune présumée colossale de l’ex- hy­per ministre. Car, Abbas Jaber est une pièce maîtresse du puzzle de la galaxie affairiste de Karim Wade.

Source: Le Quotidien

Moussa Sarr

Mardi 20 Novembre 2012 10:54

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