Par contre, le tribunal a relaxé les prévenus des chefs d’accusation d’association de malfaiteurs et de menaces de mort. Ils risquaient ainsi jusqu’à dix ans de prison ferme s’ils en étaient reconnus coupables. Le désistement de la partie civile a certainement pesé sur la balance.
Ce verdict a été rendu au terme d’une audience marquée par des échanges houleux entre l’avocat de la défense et le ministère public. Ce dernier a, un moment donné, boudé la salle d’audience, en guise de protestation contre ce qu’il considérait comme des jugements de valeur du conseil de la défense sur le parquet.
Cela a nécessité une suspension de séance de près d’une demi-heure que le président du tribunal et ses assesseurs ont mise à profit pour faire revenir l’avocat général dans la salle d’audience.
Le verdict rendu au terme d’un procès marqué par plusieurs renvois consacre l’épilogue d’une procédure judiciaire entamée depuis plus d’une année. Celle-ci avait démarré en février 2012.
Ces paysans originaires des villages de Nguer-Nguer et de Yadiana, dans la communauté rurale de Diokoul, dans le département de Kébémer, étaient notamment poursuivis pour destruction de biens appartenant à autrui, d’association de malfaiteurs et de menaces de mort.
Membres du Collectif des paysans sans terre de Dioukoul, ils sont suspectés d’avoir coupé le 10 février 2012, les barbelés de la clôture d’une ferme dénommée ‘’Mame Tolla Wade’’, bâtie sur quelque 2070 hectares. Ils entendaient ainsi protester contre ce qu’ils considèrent comme une ‘’spoliation’’.
Aussitôt arrêtés par la gendarmerie de Kébémer, les manifestants avaient été placés sous mandat de dépôt. Ils avaient une semaine plus tard, à l’ouverture de la première audience, bénéficié d’une liberté provisoire.
Le parquet de Louga s’était opposé à cette mesure et avait attaqué en cassation cette décision du tribunal correctionnel de Louga. La Cour suprême a, en dernier ressort, confirmé cette liberté provisoire en mai dernier.
Les terres en question ont été attribuées par le conseil rural de Diokoul à un marabout nommé Serigne Bassirou Mbacké pour les besoins de l'érection d'une ferme dite "Mame Tolla Wade", du nom du père de l'ancien président Abdoulaye Wade.
En effet, par délibération du 21 juillet 2005, le conseil rural de Diokoul Diawrigne a affecté à la société Mame Tolla’’ 2070 hectares de terres situés à la partie nord de la route Lompoul-Kébémer, précisément Diokoul-Gade Kébé et Ndiakha Fall.
En 2008, cette société commerciale privée appartenant officiellement à Sergine Bassirou Mbacké, ingénieur agronome et ancien ministre conseiller du président Wade, a clôturé 400 hectares en face du village de Yadiana, occupant de fait les champs de culture de 99 paysans.
Depuis, les paysans appuyés par des ONG comme le CICODEV (Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement) cherchent à retrouver les terres qu’ils considèrent comme leur propriété.
Aujourd’hui, seul l’aboutissement d’une procédure de désaffectation peut leur permettre d’user légitimement de ces terres, quand bien même ils continuent à y cultiver avec l’accord de M. Mbacké.
Louga : douze ''paysans sans terre'' condamnés à trois mois avec sursis
Le tribunal correctionnel de Louga (nord) a condamné, mercredi, à trois mois de prison avec sursis, douze paysans du département de Kébémer, reconnus coupables de destruction de biens appartenant à autrui, a constaté l’APS.
APS
Mercredi 12 Juin 2013 16:37
Dans la même rubrique :
{{#item}}
{{/item}}
{{/items}}