Le débat latent, il y a six mois, au sein de Benno Bokk Yakaar, sur la réduction ou non de la durée du mandat présidentielle et celui du Président de l’Assemblée nationale, prend aujourd’hui une tournure inquiétante. Le torchon brûle à mille feux entre des membres de la coalition Macky 2012 et certains alliés du second tour, notamment, l’Afp, le Ps et Rewmi. Les élus de l’opposition et les non-alignés danMoustapha Cissé Lô, Jean Niasse, Me Djibril War, Me Alioune Badara, quatre figures emblématiques de la coalition Macky 2012, soutiennent mordicus que Macky Sall a été élu pour un mandat de sept ans et n’approuvent pas la volonté de le ramener à 5 ans. Moustapha Cissé Lô, alias El pistolero croit dur comme fer qu’il n’y a pas à fouetter le chat. C’est en sens qu’il compte rencontrer le chef de l’Etat pour qu’il ne soit pas influencer par certains alliés qui comptent le contraindre à réduire son mandat 5 ans, histoire de respecter une promesse électorale d’entre les deux tours. «Certes cinq ans c’est beaucoup, mais sept, c’est encore mieux. C’est cela qui a permis à Me Wade de faire des réalisations partout visibles», dira-t-il. Mais, prenant le contrepied de ces proches collaborateurs du Président de la république, Samba Diouldé Thiam s’insurge contre ces voix qui veulent pousser Macky Sall à renoncer à sa décision de ramener son mandat à 5 ans. Farouche défenseur de Macky Sall et investi sur la liste nationale de la coalition Bennoo Bokk Yaakar, il était monté au créneau pour apporter sa part de vérité sur le débat du mandat du chef de l’Etat. «Le Président de la République s’est engagé publiquement devant le peuple pour dire : ‘je ramène mon mandat à 5 ans’. Il a dit devant le peuple que le mandat du président de la République sera renouvelable une seule fois», avait-t-il rappelé, avant de poursuivre : «tout le monde doit soutenir le Président dans sa volonté de ramener à 5 ans son mandat». M. Thiam est soutenu, dans cette démarche, par des députés du parti socialiste, de l’Afp et du parti Rewmi qui se fient aux déclarations de l’homme du «25 mars 2012», déclarant entre les deux tours qu’il ramènerait le mandat présidentiel à 5 ans. Moustapha Diakhaté, Président du groupe parlementaire de la majorité, coupe la poire en deux : «Il y a une commission qui est chargée des réformes constitutionnelles. Si cette commission propose que le mandat du président de l’Assemblée nationale soit ramené à cinq ans, le président de la République peut s’y plier et, à partir de ce moment-là, il n’y aura aucun problème». Les élus de l’opposition et les non-alignés auront leur mot à dire dans cette guerre politique, mêmes si certains les voient en véritables spectateurs
…Mandat du Président t de l’Assemblée nationaleA propos de ce mandat, le compagnonnage entre l’Alliance des forces du progrès (Afp) et l’Alliance pour le République (Apr), au sein de Benno Bokk Yakaar, commence à prendre une autre tournure. L’Afp, la formation politique du Président de l’Assemblée nationale, exige un mandat de 5 ans. «Nous voulons que les institutions de la République soient restaurées, le mandat du président de l’Assemblée nationale doit être ramené à 5 ans», avait laissé entendre Dr Malick Diop, porte-parole de ladite formation politique, lors d’une conférence de presse organisée par la direction de ce parti. A en croire une source proche de l’Apf, des députés de la majorité, affidés à Moustapha Niasse, comptent se baser sur la charte des conclusions des Assises nationales pour introduire une proposition sur l’égalisation du mandat des députés et de leur président. Une décision jugée normale par le constitutionaliste, le professeur Babacar Gueye, selon qui, cela permettrait de rétablir une erreur de l’ancien régime. Chose que n’approuvent pas des membres de l’Apr. Le conseiller spécial du président de l’Assemblée nationale, Ameth Suzanne Kamara, du réseau des enseignants de l’Apr, s’oppose mordicus à une telle exigence, vis-à-vis d’un allié qu’il considère suffisamment servi. «Si Macky Sall optait pour le retour du mandat du président de l’Assemblée à 5 ans, je serais le premier à le combattre. Je suis persuadé que le parti ne votera pas cette loi, si elle est proposée. L’Apr ne doit pas l’encourager car, il n’y a aucun intérêt», avait-t-il déclaré. Au regard de ces guerres de positions par militants interposés, c’est la bonne cohésion au sein de la grande coalition, BYY déjà fragilisée par les sorties du maire de Thiés qui en pâtira. Pourtant, au sein des deux formations politiques dont les leaders sont numéro 1 et 2 du pays, on soutient avec force que «les deux partis ont des partenariats privilégiés, bien avant la coalition BBY qu’ils ont besoin de massifier».
Sékou Dianko DIATTA