Le monument de la Renaissance Africaine est le plus récent édifice culturel et site touristique du Sénégal. Surplombant majestueusement Dakar, du haut de ses 52 mètres de bronze auxquels mènent 198 marches, cette bâtisse inaugurée un 4 avril 2010 par Me Wade, se meurt. Un belle mort, que son administrateur refuse d’admettre soutenant que son «monument se porte bien». Une petite promenade que nous avons effectuée sur le site confortera notre idée selon laquelle cet édifice imposant est laissé à elle-même. Les lieux étaient déserts, pour ne pas dire morts. Entre la poussière qui a pris possession des lieux et la statue, les dalles qui se détachent du sol par endroit, la verdure qui se meurt et les fissures sur le goudron, le site est bien à l’abandon, et les visiteurs y sont quasiment invisibles. En effet, le monument a été victime d’un succès de mauvais aloi, et pour cause. La polémique sur l’oppor- tunité de son édification a fini d’occulter l’importance de cette œuvre d’art majeure.
Francophonie n’en veut point un avis que ne partage pas Abdel Kader Pierre Fall, qui soutient mordicus qu’il n’a jamais constaté une animosité officielle envers le monument ». Mais comment expliquer alors que le monument de la Renaissance Africaine, qui regorge d’infinies potentialités tant structurelles que vénustés ne bénéficient ni de visibilité encore moins d’usage régulier. «L ’Etat, au lieu d’en user pour le 15e sommet de la Francophonie qui se tiendra en fin novembre, préfère financer la construction d’un centre de conférence à Diamniadio à hauteur de milliards. Et ce n’est pas faute de pouvoir recevoir les nombreux convives de ce sommet car le monument a «eu à accueillir des évènements privés avec près de 1500 convives». Même si l’administrateur le dit en demi mots teintés, «le monument est sous utilisé donc, il est nécessaire de l’initier à beaucoup plus d’évènements». Mais il refuse de reconnaitre que l’édifice de bronze n’a rien à envier au futur centre de conférence. Bien au contraire, défend- il, «les deux infrastructures n’ont pas la même vocation. C’est une bonne chose de construire un centre international de conférence à Diamniadio, cela va permettre de décongestionner un peu Dakar. Là, nous avons des salles polyvalentes qui peuvent accueillir des activités diverses et là-bas, c’est un centre qui peut accueillir plus de mille personnes ». La seule espérance pour le monument de participer au 15e sommet de la Francophonie est de « faire en sorte que ces hôtes du président de la République puissent visiter le monument et qu’il y ait des activités ». Ce qui n’est pas encore décidé puisque l’administrateur affirme que les discussions avec le ministère sur le rôle du monument lors de sommet sont en bonne voie. «Snobinardisme» Par ailleurs, si n’est pas une cabale politique envers ce monument, qu’en est-il. La «poussière» qu’avait suscitée ce monu- ment auprès de la population se dissipe peu à peu. «C’est une question qui est en train d’être dépassée par les Sénégalais. Les gens viennent de plus en plus visiter le monument de la Renaissance Africaine». La bien- nale qui bat actuellement son plein à Dakar aurait pu être une bonne occasion pour profiter de la beauté des lieux qui sur- plombe la ville avec toute sa grandeur pour les évènements «In» du Dak’art. «Pour se faire une place dans ce grand rendez- vous de l’art, nous avions commencé à réfléchir, depuis quelques mois, sur comment participer de façon active à la Biennale. Il faut dire que le monument n’était pas choisi pour la partie In de cette Biennale». Mais, en bon administrateur, Abdel Kader Pierre Fall use de subterfuge: «Mais puisqu’il y avait la partie «Off» qui offre beaucoup de libertés, nous avons pensé, qu’il serait bon d’aider certains artistes en intégrant le Monument de la Renaissance africaine au Dak’art. Si c’est un combat polinterrer l’édifice de Wade, je rends ma plume.»