Vous venez d'être porté à la tête du comité électoral du parti Rewmi dans le département Rufisque. Pouvez-vous revenir sur vos ambitions pour les élections locales à venir?
Je commencerai par remercier les militants de Rewmi, notamment les militants du département de Rufisque qui ont placé leur confiance en ma modeste personne. Je suis arrivé dans le parti il y a deux ans, j'ai fait le travail qui m'avait été confié. Je pense très sincèrement que la plupart d'entre les membres de Rewmi sont beaucoup plus méritants que moi. Donc, si aujourd’hui ils décident aujourd'hui de me placer à la tête du département de Rufisque, je leur rends hommage et j'accepte cette responsabilité. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je ferai en sorte de mener à bien cette mission pour qu'ils soient totalement satisfaits.
Mon objectif c'est d'aller à l'assaut des douze collectivités locales du département de Rufisque et de faire des résultats plus qu'honorables. Nous allons présenter des listes partout avec une coalition et l'objectif c'est de donner une visibilité à notre parti, donner à notre parti une parcelle de pouvoir sur l'ensemble du territoire national pour participer à la résolution des problèmes des sénégalais. Maintenant par rapport à la coalition, nous en avons discuté au niveau national, nous sommes en train d'en discuter au niveau départemental. Notre objectif, c'est d'avoir la coalition la plus large possible pour travailler avec toutes les forces vives de la nation qui ne se reconnaissent dans la façon dont le pouvoir est exercé actuellement au Sénégal. Là, nous parlons à la fois du pouvoir central et du pouvoir local.
Le pouvoir local au niveau de Rufisque, ne donne pas entièrement satisfaction et nous sommes en train de proposer des alternatives. Nous proposons une coalition qui sera de type horizontale. Rewmi y sera avec ses forces, avec ses compétences, avec ses talents et avec ses forces de proposition. Mais, nous appelons tout le monde à venir discuter avec nous et discutons avec tout le monde. Les discussions ont bien commencé et nous en train de mettre en place ce que nous appelons le troisième pôle au niveau de Rufisque qui pourra faire face et à la coalition Benno Bokk Yaakar et à la coalition du maire sortant. Et je pense que si nous mettons en place toutes ces coalitions, forcément la victoire nous reviendra dans les douze collectivités locales du département de Rufisque et par de là, tout le Sénégal.
Concernant l’acte 3 de la décentralisation, vous dites avoir noté des incohérences notamment pour des villes comme Rufisque et Thiès. Quelles sont les observations que vous avez faites ? Pensez-vous que les dés soient pipés pour Rufisque ?
Les dés sont déjà pipés pour Rufisque et pour toutes les quatre autres villes. Il faut savoir qu’actuellement au Sénégal, il n’y a que cinq villes qui sont Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque et Thiès. Comme par hasard, Thiès est une ville où le Rewmi a une certaine hégémonie, Rufisque est aussi une ville où Rewmi essaie d’avoir une certaine hégémonie. Donc, c’est tout à fait naturel que nous nous posions des questions parce que dans une démocratie, les règles du jeu doivent être claires pour tout le monde. Les gens doivent savoir pourquoi ils sont candidats. Ce que nous redoutons aujourd’hui, c’est l’allocation des ressources qui devraient permettre à un maire de dérouler son programme, soit calibrée en fonction du futur vainqueur. Aujourd’hui à Rufisque, nous devons savoir quel est le taux d’allocation budgétaire donné à la ville. Dans le code des collectivités locales actuellement, on dit juste que les trois communes doivent se cotiser pour donner à la ville son budget. Ça peut être 1%, ça peut être 2%, ça peut être 50%. Ce que nous redoutons, c’est que si un candidat de l’opposition arrive à la mairie de la ville, qu’on nous sorte une clé de répartition qui fait en sorte que la ville soit extrêmement pauvres. Ils peuvent faire un décret disant que chaque commune va donner 100.000 francs à la ville et la ville aura 300.000 francs. Si par contre c’est un membre du parti au pouvoir qui arrive à la mairie de ville, ils peuvent dire à chaque commune de donner 1 milliard et la commune aura trois milliards. Donc, nous avons peur que la ville soit administrée en fonction du vainqueur. Et malheureusement, nous allons vers cela parce que ce décret de répartition des allocations financières ne sortira malheureusement qu’après les élections. Donc tant qu’on n’a pas encore déposé les listes, nous en faisons un combat. Il faut que dans une démocratie, on apprenne à être prévisible. Il faut que le président de la République, son premier ministre et le ministre de la décentralisation, nous disent quels sont les sorts de ces cinq villes. Il faut qu’on arrête la politique politicienne et donner à ces villes les moyens qui permettront aux futurs maires de pouvoir dérouler leurs programmes.
Un mot sur votre ancien frère de parti, le ministre Oumar Guèye qui a rejoint aujourd’hui l’APR. Il a eu à déclarer qu’il amenait avec lui l’essentiel des militants de Rewmi dans ses bagages. Partagez-vous cette opinion ?
Je ne sais pas de quoi vous parlez. Moi ce que je sais aujourd’hui, c’est que nous sommes une force politique très importante au niveau de Rewmi. Nous travaillons avec d’autres forces politiques qui sont aussi importantes. Nous avons des projets alternatifs que nous proposons. Nous ne sommes pas dans des débats de personnes. S’il y en a un qui part, y en a cent qui arrivent. J’ai dit ailleurs que pour tous ceux qui partent, je leur souhaite une excellente carrière politique. Nous nous occupons de nous-mêmes, nous avons des ambitions, nous avons un cap, nous avons un programme et nous allons y travailler s’il plait à Dieu.
Peut-on savoir l’opinion de Rewmi sur la cascade de transhumances à laquelle les sénégalais assistent ces derniers temps ?
Il y a deux volets qui me semblent importants par rapport aux transhumances. C’est le problème du non-respect des codes éthiques et moraux. Vous savez, la définition du code moral et éthique, c’est que ce n’est écrit nulle part, chacun a sa conscience. Nous considérons que dans une démocratie comme le Sénégal, les gens doivent avoir des convictions, ils doivent prendre des engagements en fonction de leurs convictions et y rester. Nous avons du mal à comprendre quelqu’un qui a combattu un président de la République jusqu’au soir de sa défaite et qui le lendemain se retrouve dans une posture de vouloir exercer le pouvoir avec celui qu’il avait combattu. Ce n’est pas éthique, ce n’est pas moral. Nous, nous sommes dans un parti où l’éthique et la morale occupent une place particulièrement importante. Nous savons ce que les gens font pour gagner de l’argent, pour avoir des strapontins, pour avoir des privilèges, mais, nous refusons de le faire. Nous nous rendons compte que de plus en plus des gens adhèrent à notre discours. C'est-à-dire que c’est le discours du « ngor », du « fouleu », du « faïda », « took sa place khaar fa lii nga khamné moom lala Yaala diagleel ». Ce que nous sommes en train de faire, nous le continuerons.
Pour l’autre aspect, il faut savoir que même dans la gestion interne des partis politiques, ça pose problème. Je ne peux pas faire le combat à la place des militants de l’APR mais, c’est quand même désagréable de mener un combat pour un parti et de voir d’autres qui étaient en face de vous, il y a quelques mois auparavant, venir vous diriger dans votre propre localité. Cette forme de transhumance là est totalement exécrable. Nous n’y adhérons pas.
Pensez-vous que le président de la République soit en train de se faire une nouvelle majorité avec ces nouveaux transhumants ?
C’est l’ambition légitime du président de chercher une nouvelle majorité. S’il pense qu’il va y arriver avec de la transhumance, nous le laissons faire. Ce que nous savons, c’est que le président Abdou Diouf à l’époque avait énormément de transhumants. A un moment donné, le parti d’Abdoulaye Wade était totalement vide, les sénégalais ont arbitré et ont donné le pouvoir à Abdoulaye Wade. Abdoulaye Wade a fait la même erreur qu’Abdou Diouf en prenant tous les transhumants du Ps. Les sénégalais ont arbitré et ont donné le pouvoir à Macky Sall. Macky Sall est en train de reprendre tous les transhumants et nous espérons que Dieu et les sénégalais vont arbitrer et vont donner le pouvoir à quelqu’un d’autre.
Les sénégalais se demandent si le président Idrissa Seck va bien vu sa longue absence de la scène politique. Y aurait-il quelque chose qui retiendrait ?
J’ai eu le privilège il y a juste une dizaine de jours à Paris de déjeuner avec lui, de passer avec lui toute la journée, de discuter avec lui des problèmes du Sénégal. Il est en très bonne santé, il travaille. Il dit que les sénégalais n’ont plus besoin de leaders chômeurs dont le travail c’est la politique ; cela ne nous intéresse pas. Chacun d’entre nous a un métier, il faut une part que nous donnons à notre famille, une part que nous donnons à notre parti politique, une part que nous donnons à nous-mêmes et une autre part que nous donnons au Sénégal. Idrissa Seck est en train de travailler. Ce que je peux vous dire et vous rassurer, c’est que tout ce qu’il fait est orienté vers la résolution des problèmes des sénégalais. Il reviendra très bientôt, il parlera aux sénégalais, il parlera à ses militants et tout ira bien incha allah.