Le père de l'otage d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) Philippe Verdon, dont l'exécution a été annoncée dans la nuit par une agence mauritanienne, a indiqué ce mercredi ne se faire "aucune illusion" sur le sort de son fils, et déclare attendre "confirmation" du pire.
"Je suis très affecté, très fatigué", a déclaré dans un bref entretien téléphonique à l'AFP Jean-Pierre Verdon, qui demeure en Dordogne. "Je ne me fais aucune illusion, mais j'attends confirmation" de la mauvaise nouvelle, a-t-il ajouté.
"Je ne suis vraiment pas en état de m'exprimer", a encore déclaré le père de l'otage, qui n'a pas souhaité faire de commentaire supplémentaire.
Philippe Verdon qualifié d'espion par Aqmi
Jean-Pierre Verdon a été prévenu dans la nuit par le Quai d'Orsay de la diffusion d'un communiqué, à la suite de l'annonce de l'agence mauritanienne, qui n'a pas été confirmée de source officielle.
L'Agence Nouakchott Information (ANI) a cité un homme présenté comme un porte-parole d'Aqmi qui a affirmé que Philippe Verdon, qualifié d'"espion", a été exécuté "le 10 mars en réponse à l'intervention de la France dans le nord du Mali ".
Pour le directeur d'ANI, Mohamed Mahmoud Ould Abou Al-Maali, spécialiste des questions liées à Aqmi, "l'annonce de l'exécution de l'otage français est plutôt un signal de vie de l'organisation, qui a perdu contact avec le monde extérieur depuis le déclenchement de la guerre". "Ils ont choisi une personnalité connue, Al-Qairawani, récemment donné pour mort, tant pour démentir sa disparition que pour signifier que leur force de nuisance continue d'exister", a-t-il ajouté.
"Nous poursuivons les vérifications"
Selon le Comité de soutien aux otages Philippe Verdon et Serge Lazarevic, le Quai d'Orsay a fait un "travail pédagogique en prévenant les familles à 01h00 du matin de la diffusion d'un communiqué. Ils ont dit à la famille de le prendre avec beaucoup de réserves. Rien n'est confirmé", a déclaré Pascal Lupart, président du comité de soutien.
François Hollande a réuni ce mercredi à 11h30 un nouveau conseil restreint de Défense à l'Elysée, afin d'évoquer le Mali et notamment le sort des otages détenus dans le pays. Les autorités françaises cherchent d'ailleurs ce mercredi à vérifier la véracité de l'annonce de l'assassinat de Philippe Verdon. "Nous vérifions, nous n'en savons pas plus pour le moment", a indiqué le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot. "Nous poursuivons les vérifications", a de son côté précisé Vincent Floreani, le porte-parole adjoint.
Dans la nuit du 24 novembre 2011, Philippe Verdon et Serge Lazarevic ont été enlevés dans leur hôtel à Hombori (nord-est du Mali). Ils étaient en voyage d'affaires pour un projet de cimenterie, selon leurs proches, qui ont démenti tout lien avec des mercenaires ou des services secrets.