Une voiture piégée a explosé dans la nuit de mercredi à jeudi près de l’aéroport de Tombouctou, première attaque du genre dans cette ville du nord-ouest du Mali, qui a tué un «jihadiste» et un militaire malien, selon une source militaire malienne.
«Un véhicule piégé à explosé dans la nuit vers l’aéroport de Tombouctou, blessant trois militaires maliens», a déclaré à l’AFP cette source, ce qu’a confirmé une source sécuritaire régionale. Un peu plus tard, la source malienne a affirmé : «Le jihadiste qui a actionné sa ceinture (d’explosifs) a été tué sur le coup, et l’un des militaires maliens blessés après l’explosion de la voiture piégée vient de mourir à l’hôpital.»
Des coups de feu ont été entendus durant presque toute la nuit dans le secteur de l’aéroport, selon ces deux sources. Plus tôt jeudi, des témoins avaient évoqué des tirs nourris à Tombouctou durant plusieurs heures après une tentative d’infiltration d’hommes armés. Les tirs avaient ensuite baissé d’intensité.
«Une voiture avec des gens armés a tenté de rentrer par force à Tombouctou dans la nuit de mercredi à jeudi. Et les militaires français et maliens ont riposté», a affirmé une source sécuritaire malienne sur place.
Cette cité mythique au patrimoine culturel inestimable a, comme les autres grandes villes du nord du Mali, été libérée fin janvier par des troupes françaises et maliennes de l’emprise de groupes islamistes armés, dont Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Ces groupes contrôlaient la région depuis l’an dernier, y commettant exactions et destructions de mausolées au nom de la charia (loi islamique).
Retrait français
Depuis lors, la situation y demeurait calme, contrairement à la région de Gao (nord-est), qui a connu des attentats-suicides, et surtout au massif des Ifoghas (extrême nord-est), où se concentrent depuis plusieurs semaines les combats entre soldats français et tchadiens d’un côté, éléments jihadistes de l’autre.
Le président français François Hollande a assuré mercredi que la souveraineté serait rétablie sur «la quasi-totalité» du territoire malien dans «quelques jours». Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déclaré pour sa part que le retrait des troupes françaises engagées depuis le 11 janvier au Mali débuterait «à partir de la fin du mois d’avril».
Par ailleurs, l’incertitude demeurait sur le sort de Philippe Verdon, 53 ans, enlevé au Mali en novembre 2011. Il est l’un des 15 otages français en Afrique (dont sept au Sahel). Un homme présenté comme un porte-parole d’Aqmi a déclaré mardi à l’Agence Nouakchott Information (ANI) que Philippe Verdon, qualifié d'«espion», avait été exécuté «le 10 mars en réponse à l’intervention de la France dans le nord du Mali».
Si sa mort était confirmée, il s’agirait du premier otage français exécuté depuis le début de l’intervention de Paris au Mali. «Le président français Hollande est responsable de la vie des autres otages français», a menacé le porte-parole d’Aqmi.
Le ministère français des Affaires étrangères n’a pas confirmé le décès, indiquant que les vérifications se pousuivaient. Mais le père de l’otage, Jean-Pierre Verdon, a expliqué à l’AFP ne se faire «aucune illusion» sur le sort de son fils. «Nous sommes partis du principe qu’il était décédé. Il faut se faire une raison», a aussi déclaré Pascal Lupart, président du comité de soutien de l’otage.
Selon l’épouse d’un otage français citée par le quotidien le Monde, la présidence française refuse désormais de verser des rançons à des organisations contre lesquelles elle est «en guerre».