Mamadou Diop Decroix s’est-il trompé d’élection ?

SETAL.NET - Mamadou Diop Decroix se croit-il dans une élection présidentielle ? La tête de liste d'Aj PADS convoque l'emploi des jeunes pour convaincre les électeurs poussant ainsi certains à se demander comment un député peut-il contribuer à la création d'emploi. De surcroit, permettre au Sénégal d'avoir un taux de croissance à deux chiffres. Setal.net a cherché pour vous...


La campagne électorale a pris ses marques le dimanche dernier. Et chacun y va de sa stratégie pour convaincre les électeurs. Mais celui qui aura retenu l’attention de plus d’un, c’est Mamadou Diop Decroix qui semble dans une élection présidentielle. Et pour cause, le patron de l’autre fraction d’Aj/Pads mise sur l’emploi des jeunes pour aguicher les électeurs. En meeting à Koussanar, Diop Decroix déclare : « Si on veut que les jeunes aient des emplois, il y a des stratégies à utiliser. En Ethiopie depuis quelques années, ils ont un taux de croissance de deux chiffres. Au Burkina ils ont un taux de croissance de 8% au moment où le Sénégal reste à 5%. Mon objectif est de permettre au Sénégal d’avoir un taux de croissance de deux chiffres ». En faisant de telles déclarations, Mamadou Diop Decroix donne l’impression d’être dans une élection présidentielle. « Mon objectif est de permettre au Sénégal d’avoir un taux de deux chiffres », dit-il. Un député peut-il donner du travail aux jeunes et permettre au Sénégal d’avoir un taux de croissance à deux chiffres ?

Un spécialiste des questions politiques approché par Setal.net répond par l’affirmative. « Cela est bien possible. Dans l’esprit de la majorité des sénégalais, un député n’est là que pour voter des lois dans le sens voulu ou non des initiateurs de la dite loi. Mais lorsqu’un député décide de jouer pleinement son rôle et de se conformer à son mandat, dans sa plénitude, il peut bien être l’initiateur de mesures et d’initiatives qui peuvent avoir des retombées et des bienfaits pour la population. L’explication est simple : tout comme les tenants de l’exécutif ont des leviers sur lesquels s’appuyer pour prendre des mesures ; les membres du parlement ont aussi des prérogatives et des possibilités de jouer sur des leviers pour décider de telles ou telles autres mesures », affirme-t-il.

Et d’indiquer : « Mais la configuration du jeu du pouvoir entre majorité et opposition parlementaires rend cette tâche quasi impossible dans une démocratie comme le Sénégal où les parlementaires ne prennent presque pas d’initiatives ». Non sans préciser que pour qu’un député de l’opposition puisse prendre une proposition de loi, il lui faut indiquer les sources de financements des mesures proposées. « Or, indique notre interlocuteur, cela est souvent difficile à appliquer. C’est pourquoi les députés ne s’aventurent pas à proposer des lois pour ne pas courir le risque d’être désavoués. »

Cependant, une éventualité peut s’annoncer. « Lorsque la majorité parlementaire n’est pas du même camp que le chef de l’exécutif, on est dans la situation d’une cohabitation à la française de 1986 (Mitterrand Président – Chirac Premier Ministre). Dans ce cas de figure, le parlement devient le siège véritable de l’impulsion des décisions et de l’animation de la politique de la nation. Car le chef du gouvernement est issu de la majorité parlementaire qui vote les lois », prédit-il.

Abdou Khadre Cissé

Mercredi 13 Juin 2012 12:59

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