Marche du PDS : Quand les bourreaux se recyclent



La marche du mardi 23 avril des ténors de ce qui reste du PDS, montre à quel point l’actuel régime veut redonner à tout citoyen ou parti politique le droit de manifester et partant, consolider notre démocratie. Il n’y a pas si longtemps pourtant, le M23 et l’opposition significative au régime de Wade, ne pouvaient pas quitter la place de l’obélisque car entourés d’une armada de policiers sous les ordres d’un certain Ousmane Ngom. L’ironie de l’histoire de ce 23 mars, c’est de voir le même Monsieur Ngom, ancien ministre de Wade trôner devant le cortège en nouveau Robin des bois.

Le PDS n’est-il pas un danger pour la République ?

La question est plus que rhétorique. Il s’agit de rappeler brièvement ce pourquoi on attrait d’anciens ténors du PDS devant la justice pour que désormais d’anciens pillards de la République—si le délit est avéré-- arrêtent de nous narguer et qu’ils nous éclairent sur comment des courtiers inconnus à Londres, sont soudainement devenus des milliardaires avec des sociétés-écrans gérées par la bande. Le gangstérisme de l’ère Wade a besoin d’être déminé et démantelé sur la place public pour une séance d’exorcisme national pour qu’enfin nous disions plus jamais ça !

De l’ANOCI à l’Aéroport de Diass au plan Takkal sans lumière, de l’affaire SUDATEL, à la numérisation des cartes d’identités nationales, au jet privé du ministre du ciel et de la terre, toutes ces affaires ont englouti des milliards et comme par hasard, ceux qui étaient les maîtres d’œuvres, sont subitement devenus aussi riches que Crésus.

Le danger de cette marche repose surtout sur le fait que ceux qui ont eu l’autorisation de marcher, pensent qu’ils peuvent utiliser ce droit pour perturber l’action du nouveau régime et empiéter sur la vraie marche vers un nouveau Sénégal dépouillé de toute impunité. En manifestant contre un soi-disant acharnement du régime contre Karim, ils oublient qu’il y a eu d’autres arrestations avant celle de Karim, et ils ne se sentaient pas concernés outre mesure. Le soutien au fils de Wade, est-ce un syndrome de Stockholm ou une peur bleue d’être les prochains devant le procureur.

Cette dramaturgie de mauvais gout, de bourreaux boulangers qui veulent rouler le peuple dans la farine, ne peut pas prospérer. Ils oublient que le Sénégal n’a pas fini d’effacer la culture nauséeuse de corruption, d’arrogance et de contre-valeurs qu’ils ont installée en une génération de règne. Ils oublient également que le Sénégal se dépatouille pour sortir de la profondeur de l’abysse éconmique dans laquelle ils ont laissé notre cher pays avec plus de 3000 milliards de dette. La est trop tôt pour qu’on pleure sur votre sort, car il y a juste un peu plus d’un an encore, vous crachiez sur le peuple qui vous avait élus.

Ce même peuple qui vous a vomis, a réclamé les audits en élisant le Président Macky Sall, et l’opération « goxxi » --régurgiter-- doit aller jusqu’au bout au nom de la transparence et de la nouvelle culture de gestion de notre patrimoine commun. Les crimes économiques ne peuvent plus passer pour pertes et profits, mais doivent être passibles des sanctions pénales les plus lourdes qui soient.

Aujourd’hui la cour de répression contre l’enrichissement illicite est un maillon important dans cette entreprise de récupération des deniers publics détournés.

Fort heureusement, la restauration de notre démocratie veut que l’état garantisse la liberté d’expression même à un PDS oublieux de son histoire récente. L’examen de ce passif du PDS est à la base de cette dramaturgie des bourreaux qui posent en victimes.





Dr. Moussa Sow, pndip@yahoo.com

Jeudi 25 Avril 2013 12:24

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