"Super Mario"... Jamais l’attaquant de Manchester City n’aura aussi bien porté son surnom qu’en demi-finale de l’Euro-2012. Mario Balotelli a réussi un doublé face à la Mannschaft à la 20e et à la 36e minute de la première période. Deux superbes buts qui propulsent la Squadra Azzurra en finale du championnat d’Europe.
"Une grande performance, s'est exclamé le sélectionneur italien Cesare Prandelli après le match. Mario Balotelli a été excellent, comme toute l’équipe. Il était très concentré, il a fait exactement ce que je lui ai demandé. Il est unique, c'est un attaquant moderne mais atypique."
Des compliments inhabituels pour un attaquant qui respecte rarement les consignes de l’entraîneur. Roberto Mancini, son coach de Manchester City, estimait même en avril dernier que Mario Balotelli était "indéfendable" après la suspension de trois matchs infligée par la Fédération anglaise de football pour mauvais jeu.
Les sanctions ont toujours fait partie de son parcours. Les disputes aussi. À l’Inter Milan où il a évolué entre 2007 et 2008, le courant ne passait pas avec l'entraîneur José Mourinho. En Angleterre, il a encaissé quatre cartons rouges en deux saisons avec Manchester City. Déroutant, il refuse presque toujours de fêter ses buts prétextant que "c’est [son] métier" et que "le facteur ne se réjouit pas lorsqu’il a livré un paquet".
Des débuts difficiles
"C’est un personnage assez fantasque", explique à FRANCE 24 Guillaume Ayne, le directeur général de SOS-Racisme. "C’est donc aussi sa manière de se comporter sur le terrain qui lui attire souvent les critiques les plus acerbes des médias italiens", ajoute-t-il.
Les frasques de "Balo" ne se limitent pas aux terrains de football. À 21 ans, Mario fait figure de grand gamin. Disputes avec des coéquipiers, feux d’artifices allumés dans une salle de bain, fléchettes lancées aux stagiaires de son club... Autant d’attitudes qui le font passer pour un enfant terrible qui refuse de grandir. "Un peu comme Peter Pan", lâchait son agent en début de l’Euro.
Malgré une presse italienne critique, Mario Balotelli a réussi à gagner la confiance de Cesare Prandelli. Le sélectionneur italien misait sur l’ambiance du groupe pour transformer l’enfant terrible. "C’est un des talents italiens et il a montré qu’il était à la hauteur en devenant champion d’Angleterre", se justifiait-il devant les médias avant le championnat d'Europe.
Trois fois champion d’Italie (2008, 2009 et 2010), vainqueur de la Ligue des champions (2010) avec l’Inter Milan et récemment champion d’Angleterre avec Manchester City, "Super Mario" a pourtant connu des débuts difficiles en Calcio comme en sélection nationale. Des supporters ont à plusieurs fois émis des cris de singe à son apparition lors des matchs de Série A, voire lors de ses sorties avec la Squadra Azzura. "C’est un problème de prise de conscience des ligues et de la Fédération italienne. Il faudra que ces institutions mènent un travail en profondeur pour bannir toute manifestation de haine dans les stades et poursuivre leurs auteurs en justice", préconise Guillaume Ayne de SOS-Racisme.
La Squadra Azzurra, un rêve
Lors de l’Euro-2012, Mario Balotelli n’aura pas non plus échappé au racisme. L’attaquant italien a beau avoir prévenu qu’il quitterait la compétition en cas d’attaques racistes, les supporters croates ont poussé des cris de singe et jeté des peaux de banane sur le terrain lors du match de poules entre l’Italie et la Croatie. Et la "Gazzetta dello sport" d’ajouter une couche dans son édition consacrée au quart de finale entre l’Italie et l’Angleterre. Le journal sportif italien a publié à la une dimanche 24 juin une caricature de Balotelli tel un King Kong au sommet de Big Ben, en illustration de la "domination de Balotelli sur le football anglais".
Face au mécontentement, des excuses ont été présentées à Mario Balotelli à la veille de la demi-finale face à l’Allemagne. "Nous reconnaissons qu’il ne s’agit pas de l’une des œuvres les plus réussies de notre talentueux dessinateur. […] Mais ceux qui accusent la 'Gazzetta' de racisme font fausse route. Ce journal lutte contre toutes les formes de racisme dans tous les stades et a condamné les huées et cris de singe dirigés contre Balotelli comme une forme inacceptable d’incivilité."
Né à Palerme en 1990 de parents ghanéens, Mario Barwuah n’avait que deux ans lorsqu’il est confié à une famille italienne, les Balotelli. Tout petit, il rêvait de faire partie de la Squadra Azzurra. La possibilité de jouer pour son pays d’origine n’a jamais effleuré son esprit. "Je suis Italien, je me sens Italien, je jouerai toujours avec l'équipe nationale italienne", avait-il répondu à Milovan Rajevac, alors sélectionneur du Ghana.
C’est à 18 ans, en 2008, que Mario est devenu officiellement Italien. Avec l'Euro-2012, il réalise son rêve d’enfance : jouer pour son pays dans une grande compétition. Son talent fera-t-il taire ses détracteurs ? Pas sûr, selon Guillaume Ayne, qui conclut : "Les réussites sur le plan sportif et la lutte contre les violences anti-racistes sont deux choses différentes".
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