Le parti du président Moustapha Niasse continue de perdre du terrain partout au Sénégal, ce qui explique peut-être son allégeance aveugle à l’Alliance pour la République (Apr) du président Macky Sallet son souhait de voir se perpétuer la coalition Bennoo Bokk Yakaar (BBY). Hier, lundi 4 mars, des responsables de sa formation dans la ville de Mbour ont convoqué la presse pour lui signifier leur décision de mettre un terme au compagnonnage avec Moustapha Niasse, à qui ils reprochent «un manque de considération notoire».
«Après les élections présidentielle et législatives, tous les leaders, sauf Moustapha Niasse, sont passés ici pour dire merci aux militants qui ont beaucoup travaillé, malgré l’absence de moyens», déplorent ces "progressistes" désabusés. «...Puisque nous ne sommes pas dignes de considération, aux yeux de Moustapha Niasse, ajoutent-ils, nous n’avons plus rien à faire dans l’Afp. Et à compter d’aujourd’hui, notre appartenance à ce partie est finie». De l’avis d’Ibou Ngom, jusque-là secrétaire général communal de l’Afp à Mbour, «aucune raison objective ne doit retenir un militant du département de Mbour dans l’Afp...» Et pour cette raison, lance-t-il un appel : «Alors, quittons ce bateau qui est en train de prendre eau».
POUSSES A LA SORTIE. Ces anciens camarades reprochent à l’actuel président de l’Assemblée nationale un mauvais management de ses troupes, comme en témoignent les nombreux départs de grands responsables du parti, notamment ceux qui l’ont porté sur les fonds baptismaux, tels Me Massokhna Kane, Me Abdoulaye Babou (ces deux avaient rejoint le Pds), Mor Dieng (candidat à la Présidentielle 2012), entre autres. Ce qui fait dire aux démissionnaires que «tous les grands cadres, fondateurs de l’Afp, sont partis, presque tous insidieusement ou sournoisement poussés vers la porte». D’ailleurs, les responsables mbourois sont persuadés que «toute personne qui prend de l’envergure et de la notoriété, on lui fait de l’ombre et est poussée à la démission organisée».
Le dernier exemple en date, c’est le cas de Mme Hélène Tine, «marginalisée» dans ce parti, malgré son engagement et toute la virulence dont elle a fait montre quand il s’est agi de combattre l’ancien président, Me Abdoulaye Wade. Pourtant, à l’arrivée, elle s’est tellement sentie à l’étroit dans son propre parti (à la remorque de l’Apr) et ne doit son siège à l’Assemblée nationale qu’à son alliance avec un mouvement politico-religieux (Bess du ñakk de Moustapha Sy Djamil), exclue qu’elle fut de la coalition dans laquelle l’Afp est pourtant supposée jouer les premiers rôles.
OTAGE DE SES BARRONS. Pis, notent les militants de l’Afp de Mbour, Hélène Tine a été démise de toutes ses fonctions au sein du parti, «sous le prétexte fallacieux de léthargie et d’inactivité». Pourtant, font-ils remarquer, «depuis les résultats du premier tour (de la Présidentielle 2012 : ndlr), aucune activité, aucune réunion d’instance statutaire n’a été faite. Même le Bureau politique ne se réunissait pas». La seule rencontre recensée à ce jour, c’est celle du mois dernier, quand Niasse réaffirmait son ancrage dans BBY. Enfin, les Mbourois disent que le plus grand grief qu’il porte sur leur ex-leader, «c’est l’absence de cohérence et de démocratie dans ce parti où, depuis la Présidentielle, tout se décide par Moustapha Niasse, otage de ses barrons sans base...»
Ces militants de la première heure attendent-ils qu’Hélène Tine dépose ses balluchons ailleurs, ou qu’elle crée son propre parti pour annoncer leur prochaine destination ? Vont-ils tout simplement rejoindre la nouvelle mouvance de la transhumance (vers la prairie marron de l’Apr), ou retourner au Parti socialisme (Ps), la "maison-mère" ? Une chose est claire, en tout cas, l’Afp risque de ne pas sortir grandie de son compagnonnage l’Apr.