Les mémoires étant « la relation écrite des événements dont une personne à été témoin», le constat fait est maintenant unanime après la publication de ceux du mémorialiste connu avare en paroles, le Président Abdou DIOUF: la classe politique sénégalaise parle beaucoup mais écrit rarement alors que «l’on parle comme on veut mais on écrit comme on est». Pire que ce que l’on pouvait imaginer, certains voient rouge dès qu’on évoque les mémoires (au masculin pluriel), et leur mémoire (au féminin singulier) se met aussitôt en branle comme s’ils étaient piqués au vif. Un pays comme le nôtre ne peut pas se conter de palabres stériles, il a besoin de conserver et consulter des chroniques et autres annales. Ah, si seulement ceux qui ont quelque chose à dire le couchait, ne serait-ce que sur une page, en tenant compte, bien sûr, de l’opportunité et du devoir de réserve afin de parvenir un jour à un savant dosage entre la tradition orale et celle écrite !
En marge de toute passion, pourquoi ne ferait-on pas des mémoires du Président Abdou DIOUF une analyse, sous un double aspect pédagogique et littéraire ? Voilà que le Président DIOUF, par ses mémoires, renseigne, enseigne et encourage. Il renseigne sur ce qui s’est passé, nous en fait tirer des enseignements, encourage la production littéraire et suscite des vocations. Pour notre part, c’est plutôt bien que mal si on devait donner notre avis à ceux qui ne savent quoi dire encore. Ces mémoires renseignent sur une période de la vie, donc de l’histoire du Sénégal, même si d’autres points de vue peuvent être recueillis. C’est un enseignement sur plusieurs aspects de la période en cause : politique certes, mais aussi social, diplomatique, religieux, militaire, sans oublier le monde des affaires. Il nous en fait savoir sur l’homme qu’il est, sa façon d’être, d’analyser et d’agir, sur sa perception de l’amitié, de la fidélité et de la loyauté. C’est encourageant que le Président DIOUF, un grand homme d’expérience, ait eu la générosité de partager celle-ci avec ses contemporains mais aussi de livrer quelques faits et gestes à l’appréciation de la postérité. Nous avons tous le droit de savoir ce qu’aucune école ne nous aurait jamais appris. Les journalistes pourront y aller de leurs commentaires, les politiques auront leurs points de vue. Les enseignants et étudiants pourront y puiser de la doctrine, et les chercheurs y trouver de la matière, ce que le silence n’aurait pas produit.
Nous nous sommes autorisés à penser que ceux qui sont en vue, les politiques en particulier, devraient partager leur parcours, leurs expériences, leurs convictions avec les autres, ne serait-ce que pour éclairer l’opinion et faire naître une vocation. Il importe peu que l’on aime ou pas. Comme pour toute œuvre de l’esprit, seul ce que chacun en tire est important.
Ses qualités d’homme d’Etat, fin connaisseur des arcanes de la République, ne sont plus à démontrer parce que reconnues même par ses plus farouches adversaires politiques. On peut retenir de lui une certaine élégance morale et intellectuelle, une finesse d’esprit, la loyauté, la patience, la tolérance et l’humilité. L’on comprend dès lors pourquoi il avait gagné l’estime de son prédécesseur et pourquoi il a tenu à des collaborateurs comme Ousmane Tanor DIENG et Mamadou Lamine LOUM. N’ont-ils pas en partage la discrétion et le sens élevé de l’Etat ? Aurait-il pu être là où il a été, faire ce qu’il a fait et ne pas faire preuve de délicatesse et d’intelligence?
Ce qui peut également frapper chez l’homme Abdou DIOUF, c’est son détachement, pour ne pas dire son désintérêt marquant vis-à-vis des biens matériels. Que n’auraient profité et abusé des richesses ici-bas beaucoup de personnes à sa place ! On connaît le penchant de certains hommes politiques pour les espèces sonnantes et trébuchantes. On sait qu’être Président de la République en Afrique peut vous tourner la tête en un temps record. Nous n’étions pas parmi ses partisans et faisions même partie de ceux qui pensaient que sa dernière candidature était de trop mais, suprême performance, que l’on sache, il n’a nullement planqué des milliards, ni acheté une bonne partie de Dakar ou du Sénégal, ce qui aurait pu le tenter en vingt (20) ans de présidence. Il a su éduquer sa famille et la tenir loin du tumulte politico-affairiste qui peut se saisir de l’entourage d’un Chef d’Etat en Afrique. Ainsi, il a su la protéger et celle-ci lui a facilité la tâche en retour en se faisant discrète, le protégeant du coup. Le Président DIOUF a laissé beaucoup de place, au sein de notre pays, de l’Administration en particulier, à des hommes et des femmes qui n’ont jamais vu la couleur de la carte de membre de son parti et a aidé à l’émergence de beaucoup d’entrepreneurs privés. Il a été le premier à avoir ouvert son gouvernement à des adversaires politiques. Mais attention, nous n’insinuons pas qu’il n’a aucun défaut. Il est le premier à le savoir et à le reconnaître mais l’objet du présent commentaire n’est pas de les énumérer. Les opposants d’alors s’y sont déjà essayés. C’est un mortel qui a été Gouverneur, Ministre, Président de la République et Secrétaire Général d’une Organisation internationale à qui son prédécesseur reconnaissait une grande fermeté quand c’était nécessaire. C’est un parcours qui laisse difficilement indemne de tout reproche, surtout celui de Président de la République mais il a eu le courage et la générosité, une fois déchargé de son obligation de réserve, de nous livrer, certainement pas de manière crue, un pan important de sa vie qui se confond dans celle de notre pays. Nous avons la faiblesse de penser qu’à sa place nous aurions demandé à l’éditeur d’attendre la fin de la fin, c’est-à-dire du Sommet de la Francophonie, juste pour une question d’opportunité et pour mieux se pencher sur la préparation de ce quasi dernier événement avant la retraite. Après tout, ce n’est pas le plus important car la méthode A.I.D.A.bien connue en marketing-management, a réussi : attirer l’Attention, susciter l’Intérêt, Développer et conduire à l’Achat. Cependant, nous sommes persuadés que ce n’est pas le but poursuivi par l’auteur car si tous les leaders du monde étaient comme lui, les deniers publics seraient bien gardés et il n y aurait aucune crainte quant à leur destination. Faudrait-il le répéter à l’envi, le Président DIOUF n’est pas esclave des biens matériels au point de chercher à les accumuler. Beaucoup d’anciens Chefs d’Etat dans le monde auraient aimé finir en beauté comme ce Sénégalais qui fut notre Président.
Mais enfin, c’est surtout une œuvre de l’esprit, une œuvre littéraire en particulier, à analyser sous cet angle aussi. Côté forme, le style est simple, voire sobre à l’image de l’auteur. Côté fond, il renseigne, enseigne, incite à la lecture et encourage d’autres à écrire si l’on sait qu’au Sénégal l’on aime imiter, l’on crée moins que l’on ne s’inspire d’autres créateurs. Certains lui reprochent de n’avoir pas tout dit. Comment arriver à tout dire sur une séquence de plusieurs dizaines d’années ? Il faudrait des milliers de pages sur plusieurs tomes comme certaines thèses que personne ne prendrait le temps de lire et retenir entièrement. C’est la liberté de l’auteur de faire une élection, donc sélection de mots et de faits, d’en exclure d’autres. Sous un angle purement littéraire que dire, sinon bienvenue à ce prestigieux confrère des écrivains. Son exemple devrait faire tâche d’huile non seulement au Sénégal mais en Afrique. Nous associons aux encouragements le Président Abdoulaye WADE qui a également laissé en héritage aux africains une production littéraire autre que des discours partisans. Le Sénégal a de quoi être fier. Ils ont, tous les deux, la chance d’avoir fini leur carrière politique. Que la sagesse continue à les guider !
Tous ceux qui ont un avis contraire a ce qui est écrit dans ces mémoires et qui sont encore de ce monde peuvent le livrer à l’opinion. On est toujours tenté de dire qu’il n y a pas d’histoire, il n y a que des historiens. Chacun est libre de rapporter sa part de l’histoire mais attention à l’adage : on parle comme on veut mais on écrit comme on est. Qui écrit se dévoile et est exposé à son tour. Verba volent, scripta manent (les paroles s’en vont, les écrits restent). Aux citoyens de se servir de leur libre arbitre, de savoir faire preuve de discernement, d’aller au-delà du non-dit, de lire entre les lignes, d’interpréter le silence, d’aller au-delà du non-dit (Lees waxul). En attendant, zoom sur ce Sommet qui doit être bon et beau à la fois, ne serait-ce que pour permettre à un des nôtres de sortir de la scène internationale par la grande porte. Il le mérite, le Sénégal le mérite et le reste du monde nous observe.
Biram Ndeck NDIAYE, auteur
En marge de toute passion, pourquoi ne ferait-on pas des mémoires du Président Abdou DIOUF une analyse, sous un double aspect pédagogique et littéraire ? Voilà que le Président DIOUF, par ses mémoires, renseigne, enseigne et encourage. Il renseigne sur ce qui s’est passé, nous en fait tirer des enseignements, encourage la production littéraire et suscite des vocations. Pour notre part, c’est plutôt bien que mal si on devait donner notre avis à ceux qui ne savent quoi dire encore. Ces mémoires renseignent sur une période de la vie, donc de l’histoire du Sénégal, même si d’autres points de vue peuvent être recueillis. C’est un enseignement sur plusieurs aspects de la période en cause : politique certes, mais aussi social, diplomatique, religieux, militaire, sans oublier le monde des affaires. Il nous en fait savoir sur l’homme qu’il est, sa façon d’être, d’analyser et d’agir, sur sa perception de l’amitié, de la fidélité et de la loyauté. C’est encourageant que le Président DIOUF, un grand homme d’expérience, ait eu la générosité de partager celle-ci avec ses contemporains mais aussi de livrer quelques faits et gestes à l’appréciation de la postérité. Nous avons tous le droit de savoir ce qu’aucune école ne nous aurait jamais appris. Les journalistes pourront y aller de leurs commentaires, les politiques auront leurs points de vue. Les enseignants et étudiants pourront y puiser de la doctrine, et les chercheurs y trouver de la matière, ce que le silence n’aurait pas produit.
Nous nous sommes autorisés à penser que ceux qui sont en vue, les politiques en particulier, devraient partager leur parcours, leurs expériences, leurs convictions avec les autres, ne serait-ce que pour éclairer l’opinion et faire naître une vocation. Il importe peu que l’on aime ou pas. Comme pour toute œuvre de l’esprit, seul ce que chacun en tire est important.
Ses qualités d’homme d’Etat, fin connaisseur des arcanes de la République, ne sont plus à démontrer parce que reconnues même par ses plus farouches adversaires politiques. On peut retenir de lui une certaine élégance morale et intellectuelle, une finesse d’esprit, la loyauté, la patience, la tolérance et l’humilité. L’on comprend dès lors pourquoi il avait gagné l’estime de son prédécesseur et pourquoi il a tenu à des collaborateurs comme Ousmane Tanor DIENG et Mamadou Lamine LOUM. N’ont-ils pas en partage la discrétion et le sens élevé de l’Etat ? Aurait-il pu être là où il a été, faire ce qu’il a fait et ne pas faire preuve de délicatesse et d’intelligence?
Ce qui peut également frapper chez l’homme Abdou DIOUF, c’est son détachement, pour ne pas dire son désintérêt marquant vis-à-vis des biens matériels. Que n’auraient profité et abusé des richesses ici-bas beaucoup de personnes à sa place ! On connaît le penchant de certains hommes politiques pour les espèces sonnantes et trébuchantes. On sait qu’être Président de la République en Afrique peut vous tourner la tête en un temps record. Nous n’étions pas parmi ses partisans et faisions même partie de ceux qui pensaient que sa dernière candidature était de trop mais, suprême performance, que l’on sache, il n’a nullement planqué des milliards, ni acheté une bonne partie de Dakar ou du Sénégal, ce qui aurait pu le tenter en vingt (20) ans de présidence. Il a su éduquer sa famille et la tenir loin du tumulte politico-affairiste qui peut se saisir de l’entourage d’un Chef d’Etat en Afrique. Ainsi, il a su la protéger et celle-ci lui a facilité la tâche en retour en se faisant discrète, le protégeant du coup. Le Président DIOUF a laissé beaucoup de place, au sein de notre pays, de l’Administration en particulier, à des hommes et des femmes qui n’ont jamais vu la couleur de la carte de membre de son parti et a aidé à l’émergence de beaucoup d’entrepreneurs privés. Il a été le premier à avoir ouvert son gouvernement à des adversaires politiques. Mais attention, nous n’insinuons pas qu’il n’a aucun défaut. Il est le premier à le savoir et à le reconnaître mais l’objet du présent commentaire n’est pas de les énumérer. Les opposants d’alors s’y sont déjà essayés. C’est un mortel qui a été Gouverneur, Ministre, Président de la République et Secrétaire Général d’une Organisation internationale à qui son prédécesseur reconnaissait une grande fermeté quand c’était nécessaire. C’est un parcours qui laisse difficilement indemne de tout reproche, surtout celui de Président de la République mais il a eu le courage et la générosité, une fois déchargé de son obligation de réserve, de nous livrer, certainement pas de manière crue, un pan important de sa vie qui se confond dans celle de notre pays. Nous avons la faiblesse de penser qu’à sa place nous aurions demandé à l’éditeur d’attendre la fin de la fin, c’est-à-dire du Sommet de la Francophonie, juste pour une question d’opportunité et pour mieux se pencher sur la préparation de ce quasi dernier événement avant la retraite. Après tout, ce n’est pas le plus important car la méthode A.I.D.A.bien connue en marketing-management, a réussi : attirer l’Attention, susciter l’Intérêt, Développer et conduire à l’Achat. Cependant, nous sommes persuadés que ce n’est pas le but poursuivi par l’auteur car si tous les leaders du monde étaient comme lui, les deniers publics seraient bien gardés et il n y aurait aucune crainte quant à leur destination. Faudrait-il le répéter à l’envi, le Président DIOUF n’est pas esclave des biens matériels au point de chercher à les accumuler. Beaucoup d’anciens Chefs d’Etat dans le monde auraient aimé finir en beauté comme ce Sénégalais qui fut notre Président.
Mais enfin, c’est surtout une œuvre de l’esprit, une œuvre littéraire en particulier, à analyser sous cet angle aussi. Côté forme, le style est simple, voire sobre à l’image de l’auteur. Côté fond, il renseigne, enseigne, incite à la lecture et encourage d’autres à écrire si l’on sait qu’au Sénégal l’on aime imiter, l’on crée moins que l’on ne s’inspire d’autres créateurs. Certains lui reprochent de n’avoir pas tout dit. Comment arriver à tout dire sur une séquence de plusieurs dizaines d’années ? Il faudrait des milliers de pages sur plusieurs tomes comme certaines thèses que personne ne prendrait le temps de lire et retenir entièrement. C’est la liberté de l’auteur de faire une élection, donc sélection de mots et de faits, d’en exclure d’autres. Sous un angle purement littéraire que dire, sinon bienvenue à ce prestigieux confrère des écrivains. Son exemple devrait faire tâche d’huile non seulement au Sénégal mais en Afrique. Nous associons aux encouragements le Président Abdoulaye WADE qui a également laissé en héritage aux africains une production littéraire autre que des discours partisans. Le Sénégal a de quoi être fier. Ils ont, tous les deux, la chance d’avoir fini leur carrière politique. Que la sagesse continue à les guider !
Tous ceux qui ont un avis contraire a ce qui est écrit dans ces mémoires et qui sont encore de ce monde peuvent le livrer à l’opinion. On est toujours tenté de dire qu’il n y a pas d’histoire, il n y a que des historiens. Chacun est libre de rapporter sa part de l’histoire mais attention à l’adage : on parle comme on veut mais on écrit comme on est. Qui écrit se dévoile et est exposé à son tour. Verba volent, scripta manent (les paroles s’en vont, les écrits restent). Aux citoyens de se servir de leur libre arbitre, de savoir faire preuve de discernement, d’aller au-delà du non-dit, de lire entre les lignes, d’interpréter le silence, d’aller au-delà du non-dit (Lees waxul). En attendant, zoom sur ce Sommet qui doit être bon et beau à la fois, ne serait-ce que pour permettre à un des nôtres de sortir de la scène internationale par la grande porte. Il le mérite, le Sénégal le mérite et le reste du monde nous observe.
Biram Ndeck NDIAYE, auteur