NOUS SOMMES EN 2013. Youssou Ndour (53 ans) est ministre du Tourisme et des Loisirs après avoir géré le portefeuille de la Culture et du Tourisme pendant un petit semestre. Hier seulement, il était encore une star interplanétaire. Auteur de plus de vingt cinq (25) albums dans sa discographie, il continuait de jouer encore dans la musique, la culture et l’art un rôle incomparable au Sénégal et dans le monde entier. Il a, à un moment, incarné, mieux que personne, la culture sénégalaise. Ce Youssou Ndour-là n’a jamais été « fait pour l’insuccès ». Il aura connu tous les succès, tous les privilèges et tous les honneurs. Jusqu'au 25 mars 2012, il était drapé du majestueux boubou de l’affection divinement immense. Aujourd'hui il vient de remporter la palme du ministre le plus nul du gouvernement selon un sondage de l'Agence dakaroise d'études stratégiques et de recherche (Adesr). A côté de Aminata Mimi Touré "la mal-aimée" selon 75 % des personnes sondées, "le Roi You" est le plus moqué en dix mois de responsabilité publique. Son public n'a pas digéré qu'il ait coupé le son, rangé le micro et fermé le podium.
YOUSSOU NDOUR ETAIT LE CHANTEUR PREFERE l'artiste de cœur, la vedette parmi les superstars. Ses chansons, il les prenait, les habitait, les portait, les dansait et les vendait. Les camions étaient remplis de Cd pour la distribution. Le cœur des mélomanes était en fête. Il vibrait au gré des compositions de cette voix dans le concert du monde. Il avait la gloire dans son timbre vocal ; il la tient maintenant dans sa main, par billets et honneurs. Il n’est plus dans le temps de la création, de la créativité. Il ronronne dans la litanie des reliques relustrées par la magie du studio. En vérité, même avant la présidentielle du 25 mars 2012, Youssou Ndour ne chantait plus. Il reprenait ses textes et les rechantait. Un peu comme Chopin qui, au soir de sa vie toussait avec « une grâce infinie ». Le génie de la chanson porté à sa perfection ne chante ni ne danse depuis avril dernier, date de sa nomination dans le gouvernement Abdoul Mbaye. A présent, il commande, dirige et nous gouverne. Youssou Ndour restera toujours talentueux, génial et ambitieux. Comme l’oiseau du hit « Alboury », le « roi du Mbalakh » se sent pousser des ailes et les tend vers le ciel. Il est en adversité et en complicité ouverte, maintenant, avec des monstres sacrés de la politique. Ils ne l’intimident guère, lui qui a vu, dans le miroir des sommets du monde, les hommes les plus puissants de la planète. S’il n’en est pas un, le bonheur de sentir le parfum des Palais le rafraîchit. Il n’a plus dans son agenda le morceau de l’été ou le hit de l’année. Il veut devenir un homme d'Etat.
LA POPULARITE RENCONTRAIT LE MBALAX. Aujourd'hui, il est en train de devenir le mauvais génie de la politique livré aux chiens de chasse avides de nettoyer leurs crocs ? Or au monde, il était parmi les rares artistes à pouvoir mal chanter s’il le désirait et le public excuserait, comprendrait et pardonnerait. Mais en politique et dans la gestion de la Cité les erreurs se paient cash… Youssou Ndour avait le don de créer une immunité pour l’homme qui, au micro, donnait la température. Il vient de se rendre compte qu'en démocratie, l'avis du citoyen est plus dure à conquérir. Elle est changeante, capricieuse mais souveraine ! Elle ne s’embarrasse pas d’adoration en dehors de la relation à l’amélioration des conditions de vie des populations.
Bientôt, l'ancien roi du Mbalax sera cette vieille idole qu’on adore. Pourtant, notre idole n’était pas fait pour l’insuccès. Les fans sont morts de nostalgie devant l’image défigurée d’une icône qui s’est perdue à la croisée d’une chanson et d’une folle ambition politique. Il a choisi l’étoile politique à la place du Super Etoile. Mais il n'est jamais trop tard. Lorsqu'il aura complètement dé-mythifier la fonction ministérielle, se peut-il qu'il redevienne ce colosse à la voix agile.
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