Mondial-2018 : nouveau terrain de confrontation entre l’Arabie Saoudite et le Qatar autour des droits de retransmission


L’Agence France Presse et plusieurs journaux en ligne français informent que le groupe beIN Media a demandé lundi à la Fifa de prendre des mesures pour mettre un terme au "piratage" d'Arabsat, opérateur majoritairement saoudien, à quelques semaines du top départ du Mondial 2018. 
  
Pour rappel, BeIN, chaîne basée à Doha, détient les droits particulièrement onéreux de retransmission de nombreux évènements sportifs, dont la prochaine Coupe du monde en Russie (14 juin-15 juillet). 
"Nous avons demandé à la Fifa (Fédération internationale de football) d'entreprendre une action légale directe contre Arabsat et les indications dont nous disposons montrent qu'ils sont derrière cela (le piratage)", a déclaré lundi Sophie Jordan, directrice juridique du groupe beIN Media. "Nous avons demandé à la Fifa d'exercer une pression directe sur les pirates", via la justice, des discussions sont en cours et la Fifa est "très favorable à ce que nous faisons", a-t-elle ajouté, en estimant que cette pratique menaçait l'ensemble des détenteurs de droits. 

La Fifa a déclaré "prendre les violations de sa propriété intellectuelle très au sérieux" et "combattre" les infractions, y compris "le streaming illégal et les retransmissions sans autorisation". L'instance suprême du football mondial "travaille avec différents partenaires pour minimiser" l'impact des violations dont elle fait l'objet au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, éclaire le communiqué transmis à l’Afp. 

BeIN détient des droits de retransmission exclusifs à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de la totalité des 64 matches du Mondial. Selon le groupe, la pratique dénoncée auprès de la Fifa et d'autres instances constitue un "précédent dangereux". D'un côté, affirme le groupe qatari, des policiers en Arabie saoudite confisquent des décodeurs beIN dans des hôtels et des restaurants avant la Coupe du monde. 

De l'autre, un réseau pirate, connu sous le nom de "beoutQ" --qui détourne en la ridiculisant la marque "beIN"--, utilise un signal d'Arabsat pour retransmettre illégalement des programmes du groupe qatari. Toujours selon beIN, ce phénomène a débuté en octobre 2017 et pris de l'ampleur à travers tout le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, représentant un manque à gagner considérable pour le groupe et tous les détenteurs de droits. 

"Opération complète de piratage" 

Des retransmissions illégales de "beoutQ" sont apparues au Maroc, en Jordanie, en Syrie, et il est probable qu'elles se propagent à l'Asie et au sud de l'Europe, ajoute le groupe qatari en s'inquiétant que ce piratage aille au-delà du sport et qu'il affecte d'autres programmes, y compris des séries TV et des films. Il s'agit d'une "opération complète de piratage" lourdement financée, a accusé un autre directeur de beIN, Tom Keaveny. 

Sophie Jordan a dit que les pirates avaient de "grands plans pour la Coupe du monde". "Les détenteurs de droits doivent faire davantage sur ce sujet. Il s'agit de leurs droits. Ils devraient jouer un rôle beaucoup plus actif", a également fait valoir Daniel Markham, directeur des contenus sports de beIN - Royaume-Uni. Une crise diplomatique sans précédent oppose depuis le 5 juin 2017 le Qatar à l'Arabie saoudite et ses alliés. Ces derniers ont rompu leurs relations diplomatiques avec le petit émirat gazier en l'accusant d'entretenir des liens avec des groupes islamistes radicaux --une accusation démentie par Doha-- et de se rapprocher de l'Iran, rival chiite de l'Arabie sunnite. 

Le groupe beIN Media dit qu'il ne peut pas entreprendre lui-même d'action juridique en Arabie saoudite car il ne peut pas être représenté par un avocat en raison du boycott contre le Qatar. Il affirme avoir demandé à l'UEFA --la principale instance du football européen-- de recourir également à la justice alors que, selon beIN, la finale de la Ligue des Champions samedi dernier entre le Real Madrid et Liverpool a été retransmise illégalement par "beoutQ". 

  
BeIN dit encore avoir saisi l'Organisation de la coopération islamique (OCI), des tribunaux aux Etats-Unis et "d'autres juridictions". Le groupe qatari a refusé de préciser combien d'abonnés il avait perdu en raison de ce piratage depuis octobre. Le Qatar doit lui-même organiser le Mondial-2022 et sa compagnie aérienne nationale, Qatar Airways, est un partenaire officiel de la Fifa. 

(Avec AFP et Challenges-fr)


Mardi 29 Mai 2018 07:22

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