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Monsieur le Ministre de la Culture, Sembène Ousmane mérite mieux

Nos propos répondent politiquement corrects à un souci de revalorisation de la Culture, qui entre davantage dans une perspective du « manifeste pour une nouvelle vision de la Culture sénégalaise à partir de 2012 » que nous avons publié.




 Dans le cadre de la commémoration du décès de SEMBENE Ousmane, l’éminent écrivain-cinéaste sénégalais, nous avons eu l’initiative de rappeler une fois de plus la mémoire de SEMBENE Ousmane, qui nous considérait comme sa fille, de 1992 jusqu’à sa mort,  en lui dédiant notre dernière parution aux Editions du Livre Universel, Le Monstre Généreux du Quartier, une pièce de théâtre. A cette occasion, deux dates ont été retenues  en commémoration du décès  de SEMBENE survenu le Samedi 09 juin 2007 à Dakar : Samedi 09 juin 2012 à la salle de conférence du Grand Théâtre de Dakar, cérémonie de dédicace du livre, également dédié à notre professeur de l’Université Gaston Berger et ami, Mwamba CABAKULU, arraché à notre affection en mai 2011 ; Dimanche 10 juin 2012, la représentation théâtrale de la pièce éponyme au Grand Théâtre de Dakar coproduite par la RTS,  Daaray Sembène, Maison de la pédagogie par l’Image (que nous dirigeons) et le Grand Théâtre. Nous avons dans le délai admis informé par une lettre le Ministre de la Culture, Monsieur Youssou NDOUR, tout en lui soumettant une demande de présence honorable à laquelle, nous avons joint le tapuscrit du livre. Etant donné que le Ministère de la culture semble fonctionner  sous deux directions de cabinet, nous avons suivi les conseils d’employés directement liés au cabinet du ministre, consistant à déposer deux exemplaires : l’un pour Mr Sy, le DC qui réside au ministère du Tourisme derrière l’hôtel des députés, l’autre au building administratif pour Mr Senghor, l’ex DC de l’ex Ministre de la Culture, Mme Awa Ndiaye, qui, d’après « leurs dires », s’occupe plus de la culture. En réponse à notre demande, Mr Senghor nous reçoit et nous confirme  verbalement la présence du Ministre, « à condition qu’il soit au Sénégal à la date de commémoration de SEMBENE »; ce qui nous a poussée à signaler à la RTS de souligner verbalement sur la bande annonce la mention « avec la présence effective de Monsieur Youssou Ndour, Ministre de la Culture et du Tourisme ». Et la RTS  a fait mieux en y ajoutant la photo du Ministre ; laquelle bande annonce est passée durant 10 jours sur la RTS après le JT de 20H. Le 08 juin 2012, n’ayant reçu aucune correspondance administrative du Ministère de la Culture et du Tourisme, nous avons saisi le Directeur de Cabinet, Mr Sy, sur son téléphone portable, qui confirme que « le Ministre de la Culture sera présent au Grand Théâtre le 10 juin pour la commémoration de Sembène Ousmane » . A cette date et le 09 juin, le Ministre de la culture brille par son absence ; aucun membre du cabinet du ministère de la Culture n’est présent pour honorer la mémoire de SEMBENE Ousmane. Ils étaient plus intéressés par l’ouverture de la campagne des élections législatives. Nous insistons que c’est sous notre invitation personnelle que le Directeur des Arts, le Directeur de la Cinématographie, le président de l’Association des Cinéastes Sénégalais Associés (Cinéséas), le représentant du Président de l’Association des Ecrivains du Sénégal (AES) ont assisté honorablement à l’évènement, raison pour laquelle, nous n’avons pas accordé publiquement un « regard administratif » à leur présence ; en revanche, si ces derniers diraient le contraire pour les beaux yeux de leur ministère de tutelle, cela n’engage qu’eux.  Heureusement (également), Daaray Sembène s’est réjouit de la présence de  personnalités avisées  comme Pr Ibrahima Fall, Maître Sidiki Kaba, Pr Amsatou Sow Sidibé, etc.

Il sied de retenir, Monsieur  le Ministre de la Culture que, mise à part une brillante carrière littéraire ( le Docker noir (1956 ) à Guelwaar, le roman, 1996), Sembène Ousmane a consacré plus de 40 ans de sa vie à avertir, former, informer, éduquer  et faire voyager le peuple sénégalais voire africain par l’écrit et l’écran ;  en 1962, l’écrivain Sembène  Ousmane donne naissance au cinéma de pure fiction d’Afrique  noire avec son court métrage de 20mn  Borom Sarret, suite au docu-fiction de 21mn, Afrique Sur Seine, réalisé  en 1955 par Paulin Soumanou Vieyra en collaboration avec Jean Mélo Kane et Robert Caristan ; Sembène est aussi l’auteur du premier film, long métrage d’Afrique noire, La Noire de… réalisé en 1966. L’aîné des Anciens, pour ne pas dire Sembène Ousmane, demeure le premier cinéaste d’Afrique noire francophone à avoir tracé depuis les années 60 le chemin de la liberté d’expression objective et sincère des images de l’Afrique par une main mise africaine sur la production avec son propre « label » Filmi Domireew ; ainsi Sembène libère de sa part les images de l’Afrique assombries par le revers des finances de la coopérative française,  « charité » au cinéma africain !

Messieurs et dames du Ministère de la Culture, Sembène Ousmane mérite mieux, au moment où la Culture sénégalaise admet qu’on sorte de tous bords des tam-tams, des koras et des balafons pour « fêter la fête » de la musique, qui nous vient de « je ne sais » quelle tradition, quelle culture, quel continent.

Messieurs et dames du Ministère de la Culture, puisque vous vous êtes abstenus à vous joindre au rappel à la mémoire des Sénégalais et de jeunes générations l’œuvre de Sembène, il serait juste de votre part de respecter vos engagements de soutien à une fille spirituelle qui tente et continuera avec ou sans vous à  faire valoir les mutations que le champ littéraire et filmique de Sembène ont apportées  à la société africaine ; le peuple burkinabé l’a bien compris et reconnu, lui qui célèbre SEMBENE tous les jours.

Nous ne sommes point dans un élan obsessionnel ou dans une incitation aux interminables hommages vides et lassants (Papa Sembène l’aurait banni) mais, pour un rappel constructeur et constructif des jeunes générations l’œuvre sociale de Sembène.

Pour notre part, nous continuerons tout simplement à tenter de rendre pour  Sembène ce qu’il a rendu au peuple, car, pour nous, l’heure de l’hommage est révolu, nous le lui avons rendu avant sa mort à ses termes qu’il a accrochés à jamais avec un sourire, d’après les dires de  son homonyme Sembène Diallo,  sur le mur de son bureau de Filmi Domireew :
A SEMBENE OUSMANE, le Transporteur au CŒUR OUVERT.

Porteur de lourdes images du continent africain sur tes épaules larges
Au bout du monde suivant un vent bruyant qui réveille même les songes.
Pour l’homme du peuple qui est né un premier janvier sur les eaux douces de la Casamance
Armé d’un cran et d’un esprit avisé, il se fit grandir dès l’enfance
Sembène le père baptisa Ousmane le fils
Et commence une vie de résistance
Mue par une mission vitale : transporter des vies jusqu’aux moindres malheurs
Bien des écrits et des images y circulent en fidèles et francs voyageurs
Enivrés de messages qui se livrent à l’envi dans leur naturel
Nourris par un transporteur au cœur maternel.
Essentiel, Immortel ton œuvre plus fort que la VIE !

Ta fille, Hadja Maï Niang
                                          
Paris, le 20 décembre 2005
                                    
 
                
Dr Hadja Maï NIANG NDIAYE
                                            
Enseignante-chercheure à l’Université de Thiès
                                                                 
Directrice de Daaray SEMBENE   


Mardi 26 Juin 2012 - 09:32





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