Au moment où tous les regards et toutes les analyses se focalisent principalement sur les élections législatives, la nomination du Gouvernement et peu ou prou le scandaleux pillage du palais de la République, une perplexité féconde (sentiment de satisfaction née de l’alternation de l’alternance mêlé d’une inquiétude quant à ce qui en sera fait) taraude en creux beaucoup de vos concitoyens.
La fenêtre d’opportunité largement ouverte par la mobilisation du peuple qui a enclenché son inexorable processus de fermeture est susceptible de générer un désenchantement pire que celui suscité par la capture et l’écrémage de l’alternance par le clan Wade et son système.
L’important degré d’entropie (désordre) crée par le système Wade et qui a atteint son paroxysme par le pillage éhonté et avilissant du palais de la République ainsi que la consommation supposée d’une large part des crédits des ministères ont fini de nous convaincre que l’attentisme quant à la rupture épistémologique tant attendu n’est peut être pas de bon conseil.
Votre prérogative de puissance publique devrait s’exercer de manière claire, nette, transparente et au besoin avec la publicité requise pour non seulement punir, mais aussi prévenir.
Car le déficit abyssal créé par le système Wade sera résorbé soit par une ponction sur les ménages soit par un emprunt. Dans un cas comme dans l’autre, ce ne sont pas les vrais responsables qui payeront, ce qui est inacceptable.
Qui plus est, votre accession à la magistrature suprême a généré une course effrénée d’une portion congrue vers l’or de la République tandis que la majorité silencieuse attend impatiemment l’hypothétique et certainement intenable à terme, subvention à la consommation.
Pour freiner les uns et ne pas dépiter les autres, il peut s’avérer nécessaire, au-delà de ce qui est dit et bien dit et de ce qui sera fait en terme de prérogative de puissance publique, de déclarer votre patrimoine conformément à la constitution, et d’aller plus loin en le rendant public, mais également et surtout, de demander à votre premier ministre et à ses ministres d’en faire de même.
Ce signal fort fera progresser notre démocratie d’une année lumière et posera les bases d’une vertueuse bonne gouvernance.
En commençant par vous-même, vous réinventerez un magistère d’influence (autorité morale souvent confondue avec magistrature) dont la résonnance historique sera digne de celle de Louis VI qui, arborant une fleur de pomme de terre sur les conseils de Parmentier, introduisit avec bonheur la consommation de masse de la pomme de terre en France.
Cette pédagogie de l’exemple nous osons l’espérer, pourrait conjurer le sort hégélien bien connu de « la ruse de l’histoire », immuable retour de l’ordre des choses c'est-à-dire des pratiques anciennes dans le cas qui nous occupe et restaurer la confiance entre les populations et le monde politique.
Cela peut paraître excessif, mais comme le disait quelqu’un qu’il n’est plus de bon ton de citer aujourd’hui (Lénine), « quand un bâton est complètement tordu (le bâton Sénégal), il faut, pour le remettre droit, le tordre dans le sens inverse de sa tortuosité » et pour éviter qu’il ne vrille de droite à gauche, il lui faut des tuteurs.
SOW SOULEYMANE
BRUXELLES