José Mourinho n'aime pas trop la question visiblement.
Jeudi, 13 heures, tribune d’honneur du Santiago-Bernabéu. Florentino Pérez convoque les journalistes madrilènes pour une comparution de presse. Pas de déclaration fracassante, pas de limogeage d’entraîneur. Non, le patron du BTP espagnol est venu remettre les pendules à l’heure. Alors que Marca annonce dans son édition quotidienne que les patrons du vestiaire merengue ont demandé la tête de Mourinho, Florentino s’insurge contre ces « tentatives de déstabilisation ». Ou plutôt contre une vérité qui fait mal. Car oui, depuis l’arrivée sur le banc de touche de Santiago de José Mourinho, les relations entre le Real et la presse se sont détériorées. En soi, rien de vraiment nouveau : en Angleterre et en Italie, le Special One a toujours fait jacter par sa communication bien personnelle. Dans la capitale espagnole, le Portugais n’a donc pas failli à sa réputation. Problème, au Real, la primauté revient toujours à l’institution. Et l’institution vieille de 110 ans ne permet pas de telles sorties de route.
Iker, le Saint mis au banc
L’histoire de Mourinho avec le Real Madrid commence à Santiago-Bernabéu. Tout frais auréolé d’un titre de champion d’Europe avec l’Inter Milan, il ne rentrera jamais en Lombardie. Contre un rondelet pactole, Florentino Pérez l’assied sous la guérite merengue. Dans la foulée, les relations avec la presse sont bouleversées à Valdebebas. « Tout a changé depuis son arrivée. Mourinho considère que la politique de communication d’un club est la chose la plus importante, encore plus que les entraînements et la politique sportive. Ainsi, il veut absolument tout contrôler dans la stratégie de communication : quel joueur parle, quand parle-t-il, et que doit-il dire. Il veut contrôler tout ce qui se dit et ceux qui le disent. Jusqu’à peu, il avait par exemple interdit aux joueurs toute conférence de presse », se rappelle Diego Torres, journaliste au Pais, et pilier de la zone mixte du Bernabéu. Face à l’objectif commun (la gagne en Liga) et la rivalité avec le Barça (mettre fin à l’hégémonie de Guardiola), le vestiaire fait bloc. Les figures emblématiques ne mouftent pas et José s’accapare peu à peu tous les pouvoirs (cf. le limogeage de Valdano).
Un 32e championnat en poche, puis la belle mécanique s’enraye. Avec une deuxième couronne européenne sur la tête, les Casillas et Sergio Ramos ne se taisent plus face aux exigences du Mou. Diego Torres toujours : « Sergio Ramos est précisément le joueur que contrôle le moins Mourinho. Il dit toujours ce qu’il pense et c’est surtout le seul qui parle franchement face à la presse. » Une liberté de ton avec les journalistes qui vaudra à l'Andalou un passage par le banc de touche. Mais la vraie scission avec la sphère médiatique intervient en décembre. Sur le terrain de Málaga, le si spécial José expédie Iker Casillas tester le confort du banc de touche. 90 minutes plus tard et une défaite dans l’escarcelle, la presse madrilène, Marca en tête, se lâche : « Mourinho tombe dans le ridicule. » En perspective, il faut également y voir un tacle aux provocations, une semaine plus tôt, du Portugais à un journaliste de Radio Marca (cf. « Dans le monde du football, moi et mon staff, on est au top, et dans le monde du journalisme, toi, tu es une merde (…). »). La fracture est officialisée.
« La pire crise institutionnelle »
Au cœur d’un environnement qui fait et défait les entraîneurs – pour rappel, l’éviction de Pellegrini en 2010 – Mourinho ne s’est jamais vraiment adapté. « Mourinho n’a jamais aimé les journalistes, et encore moins ceux qui sont critiques. Il aime travailler tranquillement, tout en secret, et ne souhaite voir seulement ce qu’il veut dans la presse. Mourinho souhaiterait avoir une presse comme en Catalogne, qui dit toujours que tout est génial, comme le Mundo Deportivo et Sport. La différence est qu’à Madrid, la presse est plus généraliste et critique lorsque les choses ne vont pas », constate pour sa part Pablo Polo, spécialiste du Real chez Marca. Ses méthodes d’intimidation jumelées aux médiocres résultats l’isolent au sein de la Maison Blanche. Florentino Pérez ne cautionne plus toutes ses sorties et se détache de son sulfureux coach. Joint par So Foot, Ramon Calderón, prédécesseur de Perez, estime que « le Real Madrid doit être accueillant avec tous. Et en premier lieu avec la presse, car c’est elle qui retransmet l’image du club. »
Le club, justement, demeure très conservateur. Dans un système démocratique, où le socio est roi, les cartes sont pourtant redistribuées. En l’espace de deux saisons et demie, Mourinho a troqué son statut de simple coach pour un costume de manager à l’anglaise. Une première. Tant et si bien que, depuis son entrée dans les arcanes du Bernabéu, Diego Torres y voit la « pire crise institutionnelle du club » : « Normalement, au Real Madrid, le président est la personne qui contrôle le club, que ce soit au niveau sportif, économique et de la communication. Actuellement, le président a tellement délégué qu’il se retrouve quasiment sans pouvoir, sans capacité de changer la donne. » Pour Pablo Polo, le refrain ne diffère pas : « Depuis son arrivée, Mourinho a changé la culture du Real Madrid. Florentino lui a laissé trop de liberté pour qu’il gagne. Le problème, c’est que le Real ne gagne plus, et c’est cela qui fatigue énormément Florentino. » Un Florentino qui joue lui aussi sa tête en vue des élections d’avril prochain. Et qui pourrait bien la perdre avec cette mauvaise presse.
Jeudi, 13 heures, tribune d’honneur du Santiago-Bernabéu. Florentino Pérez convoque les journalistes madrilènes pour une comparution de presse. Pas de déclaration fracassante, pas de limogeage d’entraîneur. Non, le patron du BTP espagnol est venu remettre les pendules à l’heure. Alors que Marca annonce dans son édition quotidienne que les patrons du vestiaire merengue ont demandé la tête de Mourinho, Florentino s’insurge contre ces « tentatives de déstabilisation ». Ou plutôt contre une vérité qui fait mal. Car oui, depuis l’arrivée sur le banc de touche de Santiago de José Mourinho, les relations entre le Real et la presse se sont détériorées. En soi, rien de vraiment nouveau : en Angleterre et en Italie, le Special One a toujours fait jacter par sa communication bien personnelle. Dans la capitale espagnole, le Portugais n’a donc pas failli à sa réputation. Problème, au Real, la primauté revient toujours à l’institution. Et l’institution vieille de 110 ans ne permet pas de telles sorties de route.
Iker, le Saint mis au banc
L’histoire de Mourinho avec le Real Madrid commence à Santiago-Bernabéu. Tout frais auréolé d’un titre de champion d’Europe avec l’Inter Milan, il ne rentrera jamais en Lombardie. Contre un rondelet pactole, Florentino Pérez l’assied sous la guérite merengue. Dans la foulée, les relations avec la presse sont bouleversées à Valdebebas. « Tout a changé depuis son arrivée. Mourinho considère que la politique de communication d’un club est la chose la plus importante, encore plus que les entraînements et la politique sportive. Ainsi, il veut absolument tout contrôler dans la stratégie de communication : quel joueur parle, quand parle-t-il, et que doit-il dire. Il veut contrôler tout ce qui se dit et ceux qui le disent. Jusqu’à peu, il avait par exemple interdit aux joueurs toute conférence de presse », se rappelle Diego Torres, journaliste au Pais, et pilier de la zone mixte du Bernabéu. Face à l’objectif commun (la gagne en Liga) et la rivalité avec le Barça (mettre fin à l’hégémonie de Guardiola), le vestiaire fait bloc. Les figures emblématiques ne mouftent pas et José s’accapare peu à peu tous les pouvoirs (cf. le limogeage de Valdano).
Un 32e championnat en poche, puis la belle mécanique s’enraye. Avec une deuxième couronne européenne sur la tête, les Casillas et Sergio Ramos ne se taisent plus face aux exigences du Mou. Diego Torres toujours : « Sergio Ramos est précisément le joueur que contrôle le moins Mourinho. Il dit toujours ce qu’il pense et c’est surtout le seul qui parle franchement face à la presse. » Une liberté de ton avec les journalistes qui vaudra à l'Andalou un passage par le banc de touche. Mais la vraie scission avec la sphère médiatique intervient en décembre. Sur le terrain de Málaga, le si spécial José expédie Iker Casillas tester le confort du banc de touche. 90 minutes plus tard et une défaite dans l’escarcelle, la presse madrilène, Marca en tête, se lâche : « Mourinho tombe dans le ridicule. » En perspective, il faut également y voir un tacle aux provocations, une semaine plus tôt, du Portugais à un journaliste de Radio Marca (cf. « Dans le monde du football, moi et mon staff, on est au top, et dans le monde du journalisme, toi, tu es une merde (…). »). La fracture est officialisée.
« La pire crise institutionnelle »
Au cœur d’un environnement qui fait et défait les entraîneurs – pour rappel, l’éviction de Pellegrini en 2010 – Mourinho ne s’est jamais vraiment adapté. « Mourinho n’a jamais aimé les journalistes, et encore moins ceux qui sont critiques. Il aime travailler tranquillement, tout en secret, et ne souhaite voir seulement ce qu’il veut dans la presse. Mourinho souhaiterait avoir une presse comme en Catalogne, qui dit toujours que tout est génial, comme le Mundo Deportivo et Sport. La différence est qu’à Madrid, la presse est plus généraliste et critique lorsque les choses ne vont pas », constate pour sa part Pablo Polo, spécialiste du Real chez Marca. Ses méthodes d’intimidation jumelées aux médiocres résultats l’isolent au sein de la Maison Blanche. Florentino Pérez ne cautionne plus toutes ses sorties et se détache de son sulfureux coach. Joint par So Foot, Ramon Calderón, prédécesseur de Perez, estime que « le Real Madrid doit être accueillant avec tous. Et en premier lieu avec la presse, car c’est elle qui retransmet l’image du club. »
Le club, justement, demeure très conservateur. Dans un système démocratique, où le socio est roi, les cartes sont pourtant redistribuées. En l’espace de deux saisons et demie, Mourinho a troqué son statut de simple coach pour un costume de manager à l’anglaise. Une première. Tant et si bien que, depuis son entrée dans les arcanes du Bernabéu, Diego Torres y voit la « pire crise institutionnelle du club » : « Normalement, au Real Madrid, le président est la personne qui contrôle le club, que ce soit au niveau sportif, économique et de la communication. Actuellement, le président a tellement délégué qu’il se retrouve quasiment sans pouvoir, sans capacité de changer la donne. » Pour Pablo Polo, le refrain ne diffère pas : « Depuis son arrivée, Mourinho a changé la culture du Real Madrid. Florentino lui a laissé trop de liberté pour qu’il gagne. Le problème, c’est que le Real ne gagne plus, et c’est cela qui fatigue énormément Florentino. » Un Florentino qui joue lui aussi sa tête en vue des élections d’avril prochain. Et qui pourrait bien la perdre avec cette mauvaise presse.