"Moustapha Cissé Lô a manqué de discipline", selon Abou Abel Thiam

La présidence de la République a confirmé, vendredi soir, le limogeage du conseiller spécial Moustapha Cissé Lô, lui reprochant notamment "un manque de discipline" et de "faire dans le chantage", selon Abou Abel Thiam, porte-parole du président Macky Sall.


‘’Malgré les rappels à l’ordre, par la voix du porte-parole du président, il (M. Lô) persistait dans son comportement désinvolte et ses manœuvres entreprises dernièrement pour bafouer l’autorité du président de la République’’, a dit M. Thiam, qui accompagne le chef de l’Etat à Addis-Abeba.

Le président sénégalais Macky Sall et sa délégation sont arrivés à Addis-Abeba à 16h25 (locales, 13h25 à Dakar). Dans la capitale éthiopienne, M. Sall prendra part au 19ème sommet de l’Union africaine (UA), prévu dimanche et lundi prochains.

Ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, Macky Sall (51 ans) a été élu, le 25 mars dernier, au second tour du scrutin présidentiel avec 65,8% des voix. Sa coalition, Benno Bokk Yaakar, a gagné les élections législatives du 1er juillet, remportant 119 de députés sur 150 sièges.

Cette victoire laisse entrevoir la réalisation d’un engagement du président Sall de voir son principal allié du second tour de la présidentiel, Moustapha Niasse, installé à la présidence de l’Assemblée nationale. M. Niasse fut tour à tour ministre, Premier ministre et parlementaire.

Toutefois, des responsables du parti du président Sall, l’Alliance pour la République (APR, d’obédience libérale), notoirement Moustapha Cissé Lô, continuent de s’opposer à la désignation du socio-démocrate Moustapha Niasse pour occuper le perchoir, en raison des idéologies distinctives.

Pour sa part, Moustapha Cissé Lô, un opérateur économique et politicien influent à Touba, la capitale du Mouridisme, faisait partie des anciens responsables du Parti démocratique sénégalais (PDS, alors au pouvoir), qui avaient suivis Macky Sall dans la disgrâce avec le président libéral Abdoulaye Wade.

Ancien socialiste reconverti libéral, M. Lô en avait payé de son siège de député, tandis que M. Sall était contraint de quitter la présidence de l’Assemblée nationale et le PDS, dont il était membre. Fin 2008, M. Sall créa l’APR, et l’inscrit dans l’opposition à son ancien mentor dans la formation libérale.

Aux élections locales du 22 mars 2009, l’APR commençait à émerger, à l’instar d’autres partis de l’opposition pour avoir remporté les grandes villes du pays dans le cadre de Bennoo Siggil Senegaal. Cette victoire signalait aussi l’affaiblissement du régime en place.

Cependant, cette coalition ne garda pas toute sa forme, en direction de la présidentielle de février 2012. En mars 2012, l’alliance reprit sous le nom Benno Bokk Yaakaar, qui a soutenu Macky Sall dans sa victoire sur le président Wade, qui bouclait 12 ans de règne.

Sorti troisième au premier de la présidentielle, Moustapha Niasse a été désigné, par la suite, pour conduire la liste nationale de la coalition au pouvoir, laissant entrevoir la confirmation de l’engagement de Macky Sall de voir M. Niasse, installé à la présidence de l’Assemblée nationale.

Né le 4 novembre 1939 à Keur Madiabel (Centre), Moustapha Niasse est le Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (AFP), parti qu’il a créé le 16 juin 1999, suite à son départ du Parti socialiste qui, perdit le pouvoir l’année suivante.

Disciple de l’ancien poète-président Léopold Sédar Senghor, M. Niasse est ancien administrateur civil, devenu politicien et homme d’affaires. Il a raté trois fois de suite l’élection présidentielle, mais son soutien aux candidats de l’opposition a été décisif dans les alternances de 2000 et 2012.

Abdou Khadre Cissé

Vendredi 13 Juillet 2012 20:14

Dans la même rubrique :