Mouvement d’humeur des manutentionnaires de Dp world : Le port se congestionne, la Direction reste inflexible

Frustrés de n’avoir pas perçu leur prime de motivation, une trentaine de travailleurs du terminal à conteneurs de Dp World est en train de paralyser lentement mais surement tout le système économique du pays. La direction n’a pu entamer de négociations avec eux, faute de représentants à leur niveau. Et la situation semble sans issue.


La situation au terminal à conteneurs du Port autonome de Dakar ne s’améliore pas. Et pire, chacun des protagonistes semble camper sur ses positions. Ayant entamé ce qui peut être assimilé à une grève de zèle, les préposés au déchargement et les grutiers de Dubaï Port World (DP World) obligent depuis une vingtaine de jours, toute l’économie du pays à tourner au ralenti, sans pour autant, ouvrir un dialogue direct avec leur direction.

Le Quotidien avait expliqué dans son édition du lundi 19 novembre dernier (n°2947), que ces agents voulaient par ce mouvement, obliger leur direction à leur payer une prime de performance à laquelle, pour des raisons évidentes pour eux, ils ne pouvaient plus avoir droit pour ce mois. Ce mouvement a eu pour effet de créer un début d’engorgement au port. Et déjà, une certaine exaspération commence à se manifester de la part de certains partenaires de Dp World.

Une entreprise comme Transrail, qui se débat dans des difficultés qui menacent à terme, son existence, n’a pas besoin de voir ses trains et wagons ralentis au Port, du fait d’un mouvement d’humeur qui ne la concerne en rien. Ses dirigeants n’ont pas manqué de faire comprendre à la direction de Dp World à quel point cette situation leur portait préjudice. Un cadre de la compagnie de chemin de fer l’a d’ailleurs déclaré au Quotidien. Il a expliqué que leurs chargements ont connu des retards de 4 jours environ pour certains produits. Et le pire, ce n’est qu’hier que Dp World a tenu à les appeler pour s’excuser des désagréments qui leur étaient causés. Toutefois, a ajouté le cadre, les agents de l’opérateur du terminal à conteneurs ont accepté de charger les trains destinés au Mali, pour ne pas priver ce pays voisin de sa marchandises, du fait d’un conflit qui ne le concerne pas.

Du côté de la direction de Dubaï Port, on déclare que les ouvriers ne les ont pas con­tactés, ni demandé à discuter avec eux. Par conséquent, ils ne peuvent pas se prononcer sur des revendications qui ne leur ont pas encore été transmises. Du côté des dé­légués de la boîte également, c’est bouche cousu. Un délégué contacté par Le Quoti­dien, indique que même à leur niveau les choses ne sont pas encore claires, et qu’ils s’exprimeront une fois que leur ca­hier de revendications sera prêt. Néan­moins, Le Quo­tidien a pu apprendre qu’à la suite d’une Assemblée générale tenue avant-hier, les travailleurs ont fini par mettre au point un cahier de revendications, qui comprend entre autres points, le départ du Drh et du Directeur de l’Exploitation de l’entreprise. Reçus par le Dg du Port, ces travail­leurs de Dp World ont exprimé leur exas­pération face au «manque de respect» dont ils feraient l’objet de la part de leur direction. Cette même direction devrait être à son tour reçue aujourd’hui par M. Kanté, le Dg du Port.
En attendant de savoir ce qui devrait sortir de cette rencontre, on note que, selon les indiscrétions de certains cadres de la boîte, ladite direction n’est pas d’humeur à fléchir dans cette affaire. Estimant être dans leur bon droit, le Dg Guido Herremans et ses principaux collaborateurs estiment que céder sur cette question serait ouvrir la porte à toutes les dérives de la part des travailleurs. Comme le dit un cadre, «on ne peut accepter qu’une trentaine de personnes prennent en otage toute l’économie du pays». Tout en niant vouloir verser dans la paranoïa, ce cadre et certains de ses collègues ne sont pas loin de voir dans ce mouvement, la main de certaines structures qui ne rêvent que de voir Dp World plier bagages. «On ne peut comprendre que ces gens travaillent contre les intérêts de la maison qui les emploie, et contre leurs propres intérêts. Sans doute des gens les poussent en coulisse ?», s’interrogent-ils. Et ils estiment que dans ces conditions, ils perdraient toute la confiance de leurs dirigeants.

Pour le moment, les sociétés de transit et de transport qui travaillent avec Dp W font, à l’instar de Transrail, confiance à l’opérateur pour résoudre ce problème. Néanmoins, il n’est pas sûr que si la situation devait s’éterniser pendant longtemps, ils feraient montre de la même patience. Pour que le pays ne connaisse pas une situation de blocage, il serait peut-être temps que les pouvoirs publics fassent entendre leur voix.

mgueye@lequotidien.sn

Source: Le Quotidien


Ibou Toure

Jeudi 22 Novembre 2012 12:47

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