La mise en scène avait été soigneusement préparée, le discours minutieusement pesé et l’effet recherché a été atteint : la venue de Nicolas Sarkozy au siège de l’UMP s’est transformée en véritable événement politique, lundi 8 juillet. Le sujet officiel de la réunion, l’invalidation du compte de campagne décidée le 4 juillet par le conseil constitutionnel, semblait d’ailleurs relégué aux oubliettes par la question du possible retour politique de l’ancien chef de l’État.
« CECI N’EST PAS MA RENTRÉE »
Dans son discours devant ses amis, qu’il a lui-même relayé sur son compte Twitter, Nicolas Sarkozy avait pourtant lui-même pris grand soin de préciser : « Ceci n’est pas ma rentrée politique ». Pourtant, la tonalité de son intervention, bien loin de se résumer aux seuls problèmes financiers de l’UMP, semblait indiquer l’inverse. Il a évoqué aussi bien l’Europe que « la crise des idées ». Un petit discours de politique générale, selon les observateurs.
Le retentissement donné à l’intervention de l’ancien président est venu rappeler à tous ses amis, mais aussi à ses rivaux, que Nicolas Sarkozy restait, malgré sa défaite l’an dernier et malgré l’invalidation de ses comptes, la figure incontournable de la droite.
De là à faire de lui le candidat naturel de l’UMP à l’élection présidentielle de 2017, il y a un fossé que ni lui ni ses amis ne sont pressés de franchir. « Il y a quelque chose d’indécent à parler du rendez-vous de la présidentielle alors que les Français souffrent », a prévenu Nicolas Sarkozy. « Il ne faut pas mélanger les genres », a renchéri mardi 9 juillet sur Europe 1 Jean-François Copé. Certes, l’accueil a été « extrêmement chaleureux » et la réunion « réussie » mais « aujourd’hui, personne n’imagine que nous sommes en 2017 » insiste le président de l’UMP.
LA GAUCHE PASSE À L’ATTAQUE
Du côté de la gauche, en revanche, l’attitude de Nicolas Sarkozy suscite d’amers commentaires. Après s’en être tenus à une défense du rôle du Conseil constitutionnel, les ténors de gauche prennent dorénavant directement pour cible l’ancien président. « L’homme qui a mis le pays et son parti en faillite peut, sans faire rire la terre entière, jouer les sauveurs de la Nation devant un parterre de figurants muets », raille ainsi Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l’Assemblée.
Même tonalité du côté de Manuel Valls, qui a condamné sur France Inter « l’opération de victimisation » de l’UMP et de son ancien candidat à la présidentielle : « Quand on est candidat à la présidence de la République et qui plus est président sortant, on connaît la loi. »