«Nous resterons au pouvoir pendant 50 ans, au moins...», avait lancé en substance, Me Wade, au lendemain de sa victoire en 2000. 12 ans après, il perd son siège présidentiel au profit d’un des ses "disciples". Cette défaite ne dément en rien la prédication du "Pape du Sopi", à l’école duquel a été formaté le président élu. Que faire maintenant, du côté des libéraux, pour une reconquête totale –ou même partielle– du pouvoir ? Meilleure trouvaille pour les "frères" de Wade : les législatives.
En première analyse, du côté de la permanence Oumar Lamine Badji de la VDN, on planche déjà sur les moyens d’envoyer le plus grand nombre de députés au Congrès (Assemblée nationale et Sénat). A cette effet, ils savent qu’il faut dès aujourd’hui oublier la débâcle de la Présidentielle, taire les querelles de clocher et remobiliser les troupes pour aller aux prochaines joutes en ordre de bataille.
Au regard des scores obtenus par le candidat du PDS aux deux tours, une cohabitation est bien possible au sortir des législatives, dont la date limite de dépôt des listes est fixée au 7 avril. Car, il y a très peu de chance que cette forte et hétéroclite coalition (12 candidats et plusieurs mouvements dits citoyens) soit reconduite pour les législatives, certains partis risquant d’être mal servis. Le sachant déjà, ceux-ci iront seuls, ou dans d’autres coalitions, pour faire élire leurs candidats. A ce jeu, un PDS requinqué et uni pourrait faire des ravages et s’octroyer une majorité confortable qui imposera, au président Macky Sall, la première cohabitation de l’histoire politique en Afrique.
Mais à quel commandant confier le navire bleu ? Wade ayant fini sa mission à la tête du Parti démocratique sénégalais, qu’il a fondé en 1974, couvé jalousement et brillamment porté aux plus hautes sphères de l’Etat, est en droit de jouir d’une retraite royale. Nous ne faisons pas de jeu de mots avec l’invite du souverain chérifien à aller vivre au Maroc, car Wade restera au Point E... Exit donc «l’Unique Constante», quel capitaine pour mener la barque ?
De ce point de vue, le tri pourrait être très serré, au regard du grand nombre de "grosses pointures" qui cohabitent au sein du PDS, des fondateurs aux transhumants, en passant par les militants des premières heures. D’ici aux législatives, Wade ne nommera et ne choisira personne. Il sera contentera de laisser parler les urnes, avant et après les législatives. Pour conduire à ces joutes, un seul nom de dégage du lot, celui de Oumar Sarr. Sans faire trop de bruit, le ministre d’Etat a offert au candidat Abdoulaye Wade une victoire éclatante, au premier comme du second tour de cette Présidentielle 2012. Comme il l’a fait, du reste, à toutes les élections, depuis 1996. Son choix ne serait que logique. Et comme il est en bons termes avec tous ses "frères" libéraux, il est certainement l’homme de la situation.
Il est vrai que d’autres leaders, qui drainent beaucoup de monde, sont au Pds, tels Pape Diop, l’ancien maire de Dakar. Grand mobilisateur, le président du Sénégal a, là, l’occasion de reconquérir son électorat dans la capitale, qu’il a perdu aux locales, comme à la Présidentielle. Mais il ne faut exclure aucun libéral, même le "fils spirituel" –ou d’emprunt, c’est selon– Idrissa Seck. Car, bien qu’ayant rejoint Macky Sall au second tour, le maire de Thiès n’ambitionne que d’occuper le fauteuil dans lequel va s’installer son homologue de Fatick, dès le mois prochain. Idy n’a-t-il pas constamment clamé son statut d’«actionnaire majoritaire du Pds» ? Qu’il aille donc récupérer «son bien», s’il en est !
Enfin, sans avoir la prétention de donner des explications –sûrement hasardeuses– de la défaite de Wade, nous nous fonderons simplement sur les chiffres de cette élection pour constater que le président sortant a quasiment réalisé le même score dans les tours (34,81%, au premier tour ; 34,20% au second)... Cela veut dire que le candidat des FAL 2012 n’a pas fait mieux. Pourquoi ? Parce qu’il a été trahi ! Au second tour, tous ceux qui dormaient dans les couloirs du Palais ou à la Permanence nationale, attendant des soi-disant «budgets de campagne», tout comme ceux qui se disaient «grands électeurs», comme des sangsues, n’ont fait que «sucer» l’argent du «Vieux». Qu’ils soient du PDS ou de l’extérieur... Des vauriens, pour ne pas dire plus !
Au lendemain des législatives, quand les forces et faiblesses de tous seront étalées devant l’Assemblée nationale, Wade pourra enfin encourager l’organisation de Primaires au sein du parti, afin qu’émergent de nouveaux leaders, aux côtés des anciens qui auront conformé leur popularité. Ainsi vivra le PDS, cher au président Wade.