Partage des postes entre alliés : Entre parachutes confortables et sauts libres

Les uns ont rejoint les positions stratégiques en parachute confortable. Les autres se contentent d’un saut libre dans des départements à problèmes. Radioscopie d’un partage des pouvoirs entre alliés.


Le verrou institutionnel est complet pour les départements de souveraineté: Mbaye Ndiaye à l’Intérieur, Aminata Touré à la Justice, Alioune Badara Cissé aux Affaires étrangères, Augustin Tine aux Forces Armées, Eva Marie-Coll Seck à la Santé, Aminata Tall au Secrétariat général de la Présidence, Seydou Guèye au Secrétariat général du Gouvernement, etc. Ajoutez-y des hommes sûrs comme Amadou Kane (technocrate et beau-fils du Président des Assises, Amadou Makhtar Mbow) aux Finances et vous avez un dispositif qui peut aider Macky Sall à gouverner sans risque de blocage institutionnel. Des directions générales stratégiques ont été rapidement pourvues : le Port autonome de Dakar, le COUD, l’ARTP, la Case des Tout-petits, le FNPJ, etc.

Les alliés sont servis. Certains sont à la Présidence comme ministres Conseillers. D’autres, dans le Gouvernement. La plupart de ceux-ci sont astreints à des résultats dans des départements à forte exposition médiatique sur le champ de la demande sociale. Aly Ngouille Ndiaye est placé sous un survoltage social avec la crise de l’électricité. La période noire arrive à grands galops, marquée par une forte demande en énergie électrique. Un pays qui dépense 500 millions par jour pour prendre en charge la consommation, c’est une « gaieté » qui ne laisse pas dormir sur ses deux oreilles. Oumar Guèye hérite de l’Assainissement et de l’Hydraulique. L’hivernage est imminent, avec son lot d’inondations. Le dossier de la station d’épuration de Cambérène est encore un sujet de préoccupation, malgré l’annonce du transfert de l’ouvrage dans une autre zone. La consommation convoque, de manière cruciale, la faiblesse du pouvoir d’achat des Sénégalais. Mata Sy Diallo est servie. Les organisations professionnelles créent, régulièrement, un trou d’air sur le plan de vol de l’aéronef Sénégal. Les sports aussi créent un contact, souvent à grand bruit, entre le mouvement associatif et la tutelle. L’école et les universités sont des creusets de la contestation. Tâche difficile pour deux alliés que sont Ibrahima Sall et Serigne Mbaye Thiam.

Le principe de la répartition des  postes a les contours d’un bouclier stratégique autour du Président. La diplomatie est la vitrine internationale du pouvoir de Sall. Elle s’articule à merveille aux fondamentaux de la sécurité intérieure (Mbaye Ndiaye) et extérieure (Augustin Tine). S’y ajoute, pour le département de l’Intérieur, la nomination d’un profil politique pour gérer des élections, à l’opposé des recommandations des Assises nationales. Les finances sont tenues par un technocrate ayant le même profil que le Premier ministre au moment du choix porté sur lui. Abdoul Mbaye a changé de peau pour devenir un technocrate en politique !

Pour les alliés, le pari est risqué. Un risque qui accroit le mérite de ceux qui tireront leur épingle du jeu et permettront au Sénégal d’avancer dans le domaine à eux confié. Les départements à problèmes peuvent révéler le génie de leurs responsables et en faire, à jamais, des références républicaines sûres aux yeux du peuple sénégalais. La valeur ajoutée est entre les mains de Serigne Mbaye Thiam, désigné porte-parole du Gouvernement. En cas de crise, il cristallisera le mécontentement de ses compatriotes. Par ses sorties hebdomadaires, il capitalisera les réussites du nouveau pouvoir et sera en pôle pour un long bail avec le pouvoir ou, à tout le moins, il incarnera un leadership alternatif au sein de son parti politique, le PS.

Amadou Lamine Ndiaye   lesenegalais.net


Bamba Toure

Samedi 2 Juin 2012 08:06

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