L’histoire rapportée ce week-end par La Voix du Nord est d’une tristesse infinie. L’histoire, c’est celle de Michel, 65 ans, condamné il y a des années à perpétuité pour meurtre. Incarcéré au centre de détention de Bapaume, le sexagénaire qui a déjà passé 38 ans en prison et qui ne devrait pas en sortir avant une dizaine d’années n’avait jusqu’à très récemment reçu aucune visite.
C’est ce mois-ci que son premier visiteur est venu le voir au parloir, selon le quotidien régional. Ce visiteur, Michel le connaît bien puisqu’il n’est autre que celui qui a partagé sa cellule pendant 7 ans, entre 2008 et 2015. Benoît* est sorti de prison l’année dernière, le 13 juillet. Il s’était promis de retourner voir son "compagnon" pour mettre fin à son isolement et faire en sorte que ce dernier puisse échanger avec d’autres personnes que les surveillants, l’administration pénitentiaire et ses codétenus. Benoît a respecté sa promesse. Il a vu Michel au parloir le 7 août. Il devait le revoir ce dimanche.
Aucun contact avec sa famille
Selon le témoignage de Benoît, Michel a pourtant une famille. "Il avait ses garçons au téléphone de temps en temps mais c’est fini, ils ne sont jamais venus le voir, assure-il à nos confrères. (…). Sa famille, c’était moi et quelques codétenus".
Michel est décrit par l'ancien codétenu comme "renfermé en lui-même et démoralisé". On lui aurait par ailleurs annoncé qu’il ne pourrait pas sortir avant dix ans. "Il aura 75 ans. En gros, ce sera pour aller en maison de retraite", commente Benoît, qui ne comprend pas pourquoi Lucien Léger (l’ancien plus vieux détenu de France, NDLR) a pu sortir et pas lui". "C’est le faire mourir à petit feu, on ne peut pas laisser quelqu’un comme ça".
Des cigarettes et du café
Loin du monde et de sa famille, les jours de Michel se suivent et se ressemblent. Son quotidien se résumerait ainsi à " fumer des cigarettes, boire du café le matin dès 7 h 30 à l’ouverture des portes, discuter un peu, rester dans son lit et regarder parfois la télé".
"Ses loisirs c’est sa cigarette. Sa vie est foutue. Il mangeait peu, il pesait à peine 50 kilos quand je suis sorti. Cela me dépasse de laisser mourir quelqu’un comme ça. Ce qu’il vit est plus dur que la peine de mort. Il aurait moins souffert" conclut Benoît. Reste à espérer que ce témoignage touchant permettra à Michel, qui est sans nul doute loin d'être le seul détenu à vivre une telle solitude à perpétuité, d’avoir de nouvelles visites, notamment celle de ses enfants.
* Le prénom a été modifié