Petit-déjeuner entre Sarkozy et Macky Sall, après demain, à l’Elysée : Des milliards au menu

Le premier voyage du président Macky Sall hors d’Afrique devrait rapporter assez d’argent pour soulager le Trésor public mis sous forte tension par le pouvoir sortant de Abdoulaye Wade.


Le Président Macky Sall sera l’hôte de son homologue français Nicolas Sarkozy, pour un petit-déjeuner à l’Elysée, après-demain mercredi. Le chef de l’Etat devrait reprendre l’avion dans la même journée, selon les services de communication de la Présidence de la Ré­publique. Toutefois, aussi bref que puisse être ce voyage, il sera fructueux pour Macky Sall et sa délégation, à plus d’un titre.

Hormis le fait de se caler l’estomac, le chef de l’Etat et sa délégation devraient ramener une belle moisson à Dakar, en ces moments où le pays se débat dans une forte crise héritée de la gouvernance du Président Abdoulaye Wade. Nicolas Sarkozy, à la tête du premier partenaire économique du Sénégal, a dès l’annonce de la brillante élection de Macky Sall à la tête du pays, annoncé sa volonté de tout mettre en œuvre pour que le pays ne soit pas à court d’argent. Dans un contexte où le gouvernement est à la  recherche de 200 milliards de francs Cfa  en urgence, pour éviter que le pays ne connaisse un  «arrêt cardiaque», l’appui du dirigeant français valait bien un petit-déjeuner à l’Elysée.

Batterie de mesures

En effet, Macky Sall devrait voir se confirmer le déblocage diligent de 80 milliards d’appui budgétaire que la France doit verser au Sénégal. A cela se confirme une assistance d’urgence pour faire face à la crise alimentaire qui sévit dans certaines régions du pays, et pour laquelle l’Etat a lancé un appel d’urgence. Concernant la situation de l’électricité, les dirigeants français ont déjà promis un appui de l’Afd en cas de besoin, si l’argent pour le combustible venait à manquer. Et pour des opérations beaucoup plus techniques, la Senelec devrait pouvoir compter sur une assistance de la compagnie Edf.

L’enjeu et les perspectives de ses entretiens justifient sans doute que le chef de l’Etat ait voulu se faire accompagner, entre autres, par des experts comme le ministre de l’Economie et des Finances, M. Amadou Kane, ainsi que par son nouveau ministre-conseiller, M. Jacques Diouf, dont le mandat à la tête de la Fao vient à peine de prendre fin.

La Banque mondiale disposée

Il faut souligner que la France a déjà manifesté sa volonté d’appuyer le Sénégal auprès des autres partenaires de l’Aménagement-cadre à l’appui budgétaire (Acab), pour permettre au pays de faire face aux moments difficiles qu’il est en train de traverser, et que le gouvernement ne s’est pas gêné de souligner à haute et intelligible voix, à l’issue du premier Conseil des ministres. Cela rend ce voyage de Macky Sall bien différent de celui de son prédécesseur, douze ans auparavant. A l’époque, ce qui intéressait Wade, ce n’était pas du tout l’argent, mais… des armes pour combattre la rébellion casamançaise. Même là, il n’aura pas réussi son mandat. Pour en revenir à son successeur, on peut penser qu’en matière de soutien, en ce qui concerne la Banque mondiale, l’intermédiation de la France ne sera pas nécessaire.

En effet, les services de presse de l’institution de Bretton Woods ont fait état hier, de correspondances que les dirigeants de cette institution ont fait transmettre aux nouveaux dirigeants sénégalais. Ainsi, le Président Robert Zoellick a affirmé à Macky Sall la disponibilité de son organisation à «appuyer immédiatement le Sénégal dans sa politique pour une croissance rapide et inclusive lui permettant de créer plus d’emplois et de réduire de manière significative la pauvreté». M. Zoellick se dit même prêt à aider les nouvelles autorités sénégalaises à renforcer l’intégration économique régionale.

Pour sa part, le prochain Vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, M. Makhtar Diop, qui prend fonction en mai prochain, indique au Président Sall que la Banque mondiale va s’engager aux côtés de son gouvernement, «pour la création ou la consolidation d’institutions de promotion de la bonne gouvernance dans tous les secteurs». M. Diop a été le tout premier ministre des Finances du président Wade. Il avait été limogé après onze mois, pour cause de trop de rigueur dans sa gestion des deniers publics. L’enveloppe de la Banque mondiale pour le Sénégal est d’environ 400 milliards de francs Cfa par an. Ces derniers mois, beaucoup de projets avaient été mis en veilleuse, comme si les collaborateurs de M. Zoellick craignaient une gestion peu orthodoxe de la part des dirigeants sortants. Avec ces nouvelles assurances de principaux dirigeants de la Banque, nul doute que les affaires ne reprennent dans les plus brefs délais.

mgueye@lequotidien.sn

Source: Le Quotidien

Abdou Khadre Cissé

Lundi 16 Avril 2012 17:15

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