En cet après-midi du mois de mai, la chaleur est pesante sur Dakar. La saison d’été nargue le froid qui dictait sa loi, ces derniers mois. Les maisons sont étroites en cette période où la température est élevée. Difficile de se sentir bien chez soi. Les gens ne peuvent plus rester chez eux pour affronter cette forte chaleur qui les accable. La plage est alors le lieu adéquat pour s’épanouir et respirer de l’air pur. Ainsi, jeunes et vieux s’y rencontrent. Au virage de Ngor, la brise marine a fini d’envahir les lieux.
Le vent souffle sur la mer, où déferlent tranquillement les vagues. Mais elles finissent par se disperser au bord de la plage où des campements sont édifiés. Des cabanes en pailles longe la bordure de la plage. Le virage accueille ses hôtes du moment. De jeunes garçons, vêtus uniquement de shorts, torses nus, pratiquent leur sport favori, le football. D’autres conversent entre eux, autour d’un thé. Accompagnées de leurs enfants, des femmes, assises sous une tente, scrutent l’horizon de la mer.
Dans l’eau, les enfants se baignent à cœur joie. Tout à coup, un cas de noyade se signale. C’est la panique. Un maitre-nageur entre illico-presto dans « Copacabana surf virage», un campement, pour y prendre une planche. Il se précipite dans la mer, avant de s’y plonger. Tous les regards se tournent vers lui. Tel un messie, il réussit, par la magie de sa profession, à extirper le jeune garçon de l’eau. Le geste du sauveur est salué par des baigneurs.
Le maitre-nageur revient sur ses pas et s’assoit sur le sable doux de «Copacabana surf virage». A coté de lui, Moussa Thiaw sirote une tasse de thé. L’endroit est en train d’être retapé. On cimente les murs fissurés et repeint le bâtiment. Ce qui n’empêche pas à ce site de recevoir des clients. Les uns sont allongés sur des transats, les autres sur des nattes ou sous des parasols. «Nous sommes ici pendant toute l’année, puisqu’il y a beaucoup de surfeurs ici. Mais à l’approche de l’été, on réfectionne le campement pour mieux attirer les clients. De plus, nous assurons la propreté et surveillons la plage», renseigne Moussa Thiaw, un des exploitants de plage, domicilié à Yoff Tongor. Leur entreprise emploie une quinzaine de personnes qui sont tous des membres d’une même famille. Et chacun d’entre eux a un rôle à jouer pour la bonne marche des affaires. «Pendant les vacances, les clients viennent en masse. Nous vendons du poisson braisé, de la boisson et nous louons des cabanes. Le service est partagé et nous gagnons bien notre vie grâce à cette activité», dit-il.
Moussa Thiaw souhaite toutefois que la mairie de Dakar aide les maitres nageurs afin qu’ils balisent la mer. «Ce lieu appartient aux Sénégalais. Ils le fréquentent quand ils veulent», affirme Moussa Thiaw, dans son ensemble blouson. Dans cette lancée, l’exploitant de la plage lance un appel aux autorités municipales, pour qu’elles interdisent le football sur la plage. «Le ballon peut blesser un plagiste ou des femmes enceintes», a-t-il déploré. Habillé d’une tenue de plage, Babacar Thiaw, employé dans cette même entreprise, suit également un Master en administration.
Création d’emplois
Selon lui, la mairie doit assurer la sécurité de la plage et équiper les maitres nageurs, en mettant à leur disposition des balises pour le nettoiement. «C’est une partie gagnant-gagnant entre l’exploitant et les collectivités locales», soutient l’étudiant. Toujours dans ses affirmations, Babacar Thiaw déclare que «Copacabana surf virage», fait aussi dans le social. A l’en croire, le campement emploie pendant les vacances des lycéennes pour assurer le service. «Comme elles n’ont pas d’occupation à cette période, nous leur offrons du travail avec, en contrepartie, une somme d’argent», explique-t-il. Il précise : «Les dimanches, l’espace grouille de monde. Parfois, c’est nous qui faisons le travail des maîtres nageurs, en cas de noyade, alors que ces derniers sont là, occupés avec les jeunes filles. Sous prétexte qu’ils leurs apprennent à nager, ils en profitent pour les draguer. Ce qui fait qu’ils oublient même leur mission».
Agenouillé près d’un tas de pailles, l’exploitant fabrique des chaumes pour les petites cases de villégiature. Ce, avec l’aide de son grand-frère devenu son associé. Nous sommes à la plage Bceao. M.B.D. habite à Yoff Mbenguène. «Nous essayons de satisfaire les vacanciers pour l’été», argue-t-il, le sourire au coin des lèvres. Ainsi, 7 nouvelles cabanes sont ajoutées aux 20 autres, qui étaient construites dans cet espace qui leur est réservé à cause de certaines pailles devenues vieilles. «Nous louons nos cabanons entre 1000, 1500 FCFA et 2000 FCFA pour les V.I.P», explique l’exploitant de plage, derrière ses lunettes de soleil et la casquette bien vissée sur la tête.
Tout comme Babacar Thiaw, M.B.D. souligne que «c’est le dimanche et au mois d’août que la plage accueille beaucoup de monde. Pour cela, il recrute des jeunes à qui il paye par jour des sommes allant de 4 000 et 6 000 FCFA», a-t-il confié. Implanté au cœur de la plage Bceao depuis trois ans, Kawsara Beach attend ses clients pour cet été. «Nous sommes fin prêts. Nous avons mis des toiles sous les pailles, parce que sans cela, quand il pleut, l’eau peut suinter et ça dérange le client. Or, il est roi ici», laisse entendre l’exploitant, au moment où le soleil se pointait à l’horizon.
AWA FAYE
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