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(Portrait) Béthio Thioune, guide moral des thiantacounes : Un Cheikh hors du commun

Il est un guide spirituel très adulé. Cheikh Béthio Thioune fait confondre sa vie à celle de son maî­tre, Serigne Saliou Mbacké. Seulement, il vit une modernité entière en entretenant le fanatisme chez ses talibés, loin des enseignements de son guide. Ce qui a été à l’origine des tueries qui lui valent aujourd’hui un séjour carcéral à Thiès.


(Portrait) Béthio Thioune, guide moral des thiantacounes : Un Cheikh hors du commun
Le viatique mouride consistant à «œuvrer pour l’Islam et prêcher les enseignements de Cheikh Ah­madou Bamba» ne l’enrôle guère. Paradoxalement, il ne s’identifie qu’à Serigne Saliou Mba­cké qu’il assimile à sa raison d’être. Mais dans sa conduite quotidienne, Cheikh Béthio Thioune n’est pas son maître. Il incarne un nouveau type de guide religieux dit moderne et hors du commun, à la limite atypique, surfant entre une mondanité débordante et des thiants (louanges) de «prestige». D’ail­leurs, Béthio Thioune a fini de la­bel­liser ce rituel à travers le con­cept thiantacoune. Une étiquette que ses disciples portent avec fierté. Est thiantacoune, un fanatique affirmé qui ne vit et respire qu’au nom du Cheikh et de son guide, Serigne Saliou Mbacké : un  des fils de Cheikh Ahmadou Bamba qu’il adore et  vénère sans limite, même après sa disparition. Ce dernier l’a couvé et  élevé au gra­de de Cheikh en 1987. Tous les enfants de Béthio Thioune, dit-on, portent le nom de son maître.

Mais les puristes ont été surpris de constater que, dans ses pratiques quotidiennes, le nouveau Cheikh ne s’érige guère en sosie de son maître qui menait une vie effacée. Auréolé dans ses habits d’un premier Baye fall du Khalife général des «mourides», Béthio, com­me l’appelle la rue, étale ses ­mul­tiples amours dans l’espace public : une cour étoffée de belles lianes en compétition de charme. Ceci, quitte à heurter les convenances religieuses. Au lendemain de la deuxième Alternance que vient de connaître le pays, le Cheikh s’offre une… septième épouse. C’est une superbe jouissance bannie par les précepts de l’Islam, selon les puristes.

Mais le guide se défend de n’avoir pas été trempé dans les eaux coraniques. Une aberration, peut-être,  pour ceux qui connaissent son érudit maître qui ne manquait jamais de revisiter ses lettres après la prière matinale ou lors de ses retraites spirituelles. D’autant que le célèbre village de Khelcom a construit une notoriété autour de l’enseignement coranique.

POPULARITE

Tout ce que Béthio sert pour entretenir le zèle chez ses inconditionnels se consomme : «Serigne Saliou a prié pour moi. Mort ou vivant, il communique toujours avec moi.» Avec quelques versets envoutants déclamés, le Cheikh draine des foules. Ses propres statistiques lui révèlent d’abord une popularité de «cinq millions» de disciples. Parmi ses talibés et dans son encadrement immédiat, il dénombre des étudiants, des banquiers, des intellectuels et une masse critique d’émigrés. A la veille du deuxième tour de la dernière Présidentielle, ce nombre a crû jusqu’à «douze millions» de talibés dévoués et à l’écoute d’un ndiguël (une consigne de vote). Lors d’un thiant mémorable, il n’avait pas manqué de recueillir… 1 milliard de francs Cfa de ses in­conditionnels. Trop énorme pour ne pas aiguiser les appétits électoraux de Abdoulaye Wade en 2007 et en 2012.

Pour le rallier, le Pape du Sopi lui délivre un quitus d’impunité. Le Cheikh ordonne la promenade de ses talibés, gourdins en bandoulière. La place de l’Obélisque est baptisée du nom de Serigne Saliou Mbacké par le thiantacoune en chef. Sa stratégie électorale était de poursuivre l’opposition dans ses derniers retranchements. Le mot est illustratif. «Qui s’y frotte, s’y pique», lance le Cheikh à ses fidèles. Mais depuis la victoire de Macky Sall, l’opinion le perçoit comme un marchand d’illusions en quête de mallettes bien garnies.

SORTANT DE L’ENAM

 Cheikh Béthio Thioune n’est pas Serigne Saliou Mbacké. C’est un produit de l’école des Toubabs (les Blancs) comme le caricature sa confrérie en signe d’hostilité aux anciens colons. Ses humanités académiques ont été couronnées par son admission à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature, Enam devenue aujourd’hui Ena. Un temple dont le concours d’entrée est encore réputé ultra-sélectif. Il fait partie des Brevetés de l’ex-Enam qui composent la promotion Gabriel d’Arbousier de 1976. Le Brevet de l’Enam en poche, Béthio Thioune est affecté au ministère de l’Intérieur en qualité d’administrateur civil. Mais il n’a pas su résister à l’appel de son guide. Onze ans plus tard, il est intronisé Cheikh.

Le natif de Keur Samba Laobé (département de Mbour) préféra alors la gloire spirituelle au modeste salaire d’un commis de l’Etat. Il se met au service de son guide qui, deux ans plus tard, devient le Khalife général des «mourides».

Au fil des ans, Cheikh Béthio Thioune se forge une personnalité incontournable dans la cour de Serigne Saliou Mbacké. Il se transforme en artisan du grand Magal de Touba. Il sacralise l’axe Me­rmoz-Jannatul Mahwa (Touba-Dakar). Ce dernier quartier est sorti de l’anonymat grâce au Cheikh qui y attache et immole des centaines de bœufs, de chameaux et autres bêtes destinées à la consommation, en guise de berndel (hospitalité mouride), à chaque édition de la commémoration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, en 1895. D’ailleurs, Béthio Thioune est bien connu du registre des grands clients des marchés hebdomadaires de petits ruminants du Djolof. 

Pour rien au monde, le Cheikh ne veut troquer son attachement à feu Serigne Saliou Mbacké contre une estime quelconque. Le rappel à Dieu de son guide spirituel ne l’a pas démotivé à assurer le berndel lors du Magal. Mais avec un goût amer. Dans la mesure où les autorités officielles ne se bousculent pas devant l’ancienne demeure de son maître. L’ancien président de la République Abdoulaye Wade était le premier à subir ses foudres.

DEFIANCE DU CHEIKH

Depuis que Serigne El hadj Bara Mbacké a inauguré l’ère des petits-fils au Khalifat de Touba, Béthio Thioune est peint comme un Cheikh qui défie l’autorité confrérique. Ce qui est perçu comme un sacrilège par la communauté mouride. Il a tergiversé avant de reconnaître le successeur de son maître. Ce comportement de défiance ne s’est fait jour qu’au lendemain du décès de son maître.

Ses relations avec Serigne Mous­tapha Saliou Mbacké, un des fils de son guide spirituel, ne sont toujours pas des meilleures. D’aucuns rapportent que ce dernier l’avait giflé lors d’une édition de Magal. Il lui aurait interdit de s’approcher de son guide durant ses derniers jours sur terre.
Vu de l’extérieur, Touba se montre de plus en plus hostile au Cheikh. Cette posture a apparemment atteint son paroxysme entre les deux tours de la dernière élection présidentielle. Des analystes en sont arrivés à soutenir que des mourides ont procédé à un vote-sanction contre le candidat Abdoulaye Wade, à cause de l’arrogance du Cheikh.

Par ailleurs, le retour quasi-définitif de Béthio Thioune à son village natal, dit-on, était motivé en partie par une telle hostilité. D’autant que celui qui se proclame héritier de Serigne Saliou Mbacké a signifié à ses inconditionnels que toutes ses grandes manifestations genre thiant se tiennent désormais à Keur Samba Laobé, plus précisément dans sa concession du Madinatul Salam, située à quel­ques kilomètres de Mbour.

Dans cet antre des thiantacounes, on y vit en vase clos. Les ma­ria­­ges intra-communautaires y sont célébrés à la pelle. D’ailleurs, c’est une autre facette du Cheikh dont  bénéficient ses jeunes disciples réputés diplômés. De nos jours, les agissements de Cheikh Bé­thio Thioune  sont considérés dans certains cercles mourides com­­me des troubles à… l’ordre confrérique. En atteste, son dernier mariage célébré avec faste, loin du consentement des parents de la nouvelle mariée. Un os  que le Cheikh a servi à l’opinion pour faire oublier la déroute électorale de son candidat à la dernière Pré­sidentielle.

Avec son inculpation suite à la mort tragique de deux de ses talibés, certains de ses avocats travaillent à présenter Cheikh Béthio Thioune comme le premier agneau politique à sacrifier pour décréter la fin de l’impunité.

Birame Faye

Source: Le Quotidien


Vendredi 27 Avril 2012 - 12:15





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