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Portrait de l’argentier de Macky Sall


Portrait de l’argentier de Macky Sall
Un infiltré

Il y a chez Harouna Dia que la presse présente souvent comme le bailleur de Macky Sall à la fois du Ralph Emerson «  les pensées gouvernent le monde »  mais aussi du Rudyard Kipling « Il faut penser sans n’être qu’en penseur ». C’est pourquoi on retrouve chez lui à la fois du Samba Der Gaye (immortalisé par Youssou Ndour dans le fameux Samba la Fayette) mais aussi et surtout du Cheikh Anta Diop. Pour ne pas être réduit à n’être qu’un penseur, il a cherche les moyens de faire triompher ses idées ou du moins d’aider ceux qui partagent ses idées à triompher.  Son soutien à Macky Sall s’apparente à celui que le fortuné Crassus apporta à César pour lui permettre de surgir dans l’histoire de Rome. La presse nationale voit le redoutable bras droit ( bras financier) de Harouna Dia dans le règlement de beaucoup de questions politiques et oublie presque toujours le bras gauche ( participation au débat et à la stratégie) pour cet homme qui a flirté dans sa jeunesse avec des partis de gauche notamment le PIT et qui a participé aux débats épiques de la FEANF et de l’AESEF en croisant le fer lui le léniniste (partisan de la theorie des cadres techniquement bien formés et politiquement conscient) avec les trotskystes comme Mahmoud Saleh adepte de these des revendications politiquement « inabsorbables » par l’Etat neo colonial. Aujourd’hui sa conception léniniste (le socialisme, c’est l’industrie et pas la socialisation de la misère) semble l’avoir emporté sur les « revendications inabsorbables « des trotskystes qui qualifiaient les étudiants léninistes d’intellectuels petits bourgeois. Etant donné qu’on n’oublie jamais ses amours de jeunesse, Harouna comme le taquine le Président ne serait il pas un « infiltré » de gauche dans l’APR. En tout cas de son passé de gauche il en a gardé comme disait Leon Trotsty la question du mode de vie parce que « tout en conseillant les Rois, il est resté peuple ». Ce qui en fait un milliardaire atypique avec son accoutrement de camarade ouvrier dans l’univers fastueux du Radisson. Son militantisme de Gauche lui a permis « après l’analyse concrète d’une situation concrète »  comme le dit la vulgate léniniste que les idées sans les moyens de appliquer finissent au cimetière des regrets et de la frustration intellectuelle comme l’ont connues des générations d’intellectuels africains. C’est après cette prise de conscience qu’il s’est dit que l’argent même s’il n’est pas la finalité est un moyen efficace. Cette analyse concrète de la situation concrète lui ai venu  de l’échec de plusieurs projets fondés sur des idées généreuses au Sénégal et un peu partout en Afrique. Ce constat fait de façon pragmatique il part en croisade pour se donner les moyens de concrétiser ses idées  et les moyens qui sont la clé de voute ne sont à chercher dans l’entreprise et le secteur privé. Ainsi Harouna Dia, pur produit de l’ascenseur social qu’est l’école de la République franchit le Rubicon et se lance dans les affaires. Harouna est un produit de la l’école et de la méritocratie républicaine car rien ne prédestinait l’enfant de Wendou Bossea dans le Fouta profond à un destin aussi fabuleux à part le miracle de république de l’école et du mérite (Lauréat Concours Général de Physique en 1974 et Bac Mention Bien, polytechnique à Toulouse, ancien fonctionnaire de l’Etat du Sénégal). Ce pur produit de l’école et de la République ne pouvait que partir en croisade contre le projet monarchique de Wade qui voulait détruire le modèle republicain qui a permis à la France d’avoir Napoléon parti de la petite corse pour être empereur et au Senegal d’avoir Bara Tall et Harouna Dia. C’est pourquoi il n’a lésiné ni sur les moyens ni sur son temps,  sur la réflexion pour faire avorter le projet de dévolution monarchique. Ce combat a été aussi un combat d’idées et on ne peut pas avoir le pedigree de Harouna Dia et se contenter d’etre « le distributeur automatique de billets comme le présente souvent la presse.

Un gauchiste chez les yankees

« Mais il faut avouer une chose, mon séjour aux États-Unis a complètement changé ma vision du monde et des affaires, et j’ai revu à la baisse mon ambition de devenir Président ou Directeur d’une entreprise publique. Je suis revenu avec l’ambition d’être chef d’entreprise, mon propre entreprise. Parce que, ce que j’ai compris c’est que, c’est l’argent qui comptait et ça je l’ai compris aux États-Unis.»  Ainsi parlait Harouna Dia à nos confrères de l’Obs. C’était en fait une confession. Harouna Dia est revenu de son séjour des Etats Unis, le Jérusalem du libéralisme et du capital comme un bon musulman revient de la Mecque. Rien ne sera plus comme avant. Son sejour aux Etats Unis a été une sorte de point d’inflexion comme disent les mathématiciens. Il y a dans sa vie, son combat politique, sa façon de penser un avant et un après l’Amérique. Depuis son séjour des Etats Unis, il a quitté le mur des lamentations où sont figés la plupart des intellectuels africains pour faire de l’initiative privée le moteur de son existence. Son exemple pragmatique doit servir à camarades ou ses ex camarades de gauche qui à force de dogmes ont complètement fossilisé les idées de gauche et qui explique l’effondrement du bloc communiste sur en Chine où il été sauvé par l’hérésie  de Deng Xiaoping qui a osé dire aux Chinois « qu’un chat soit noir ou gris l’essentiel est qu’il attrape des souris » L’essentiel pour Deng c’était de sortir de la pauvreté et de créer la croissance  d’où son fameux   « Enrichissez vous » qui a du secouer Mao dans sa tombe mais qui a permis à la Chine de quitter le tiers Monde pour rejoindre le 1er monde, le monde développé. Harouna en déduit «  Sur le plan économique mieux vaut avoir tort avec Deng plus qu’avoir raison avec Mao dont le grand bond en avant a entraine la famine à cause des rigidités idéologiques alors que Deng a eu le courage de remettre en cause le Dogme et de faire de la Chine la deuxième économie du monde ».
Harouna Dia est fascinant parce qu’il est ce qu’on appelle en sociologie, un maillon séquent, un pont entre deux mondes, le monde du savoir d’où il est issu et le monde de l’argent. Cette double appartenance lui permet  de prendre « court chemin de l’exemple » en lieu place du »long chemin des préceptes » comme les intellectuels qui pensent et qui ne sont que des penseurs pour ne pas agir. Il a pris le court chemin de l’exemple pour montrer à son village qu’on peut sortir de la pauvreté que par l’investissement «  Dans mon village avec l’irrigation, on ne contente plus seulement de la pluie pour cultiver. Les forages ne servent plus seulement à étancher la soif des hommes et des animaux mais aussi à produire. En travaillant  toute l’année les populations créent la richesse et peuvent se prendre en charge »

Les idées gouvernent le monde mais il ne suffit pas d’avoir les idées il faut les appliquer. Quand elles sont appliquées elles peuvent apporter la fortune. Harouna Dia est devenu milliardaire parce que c’est un homme d’idées. Il est devenu milliardaire parce qu’il a eu l’idée de pécher le poisson chez les sérères pour aller le vendre chez les mossis. Quand on devient milliardaire grâce aux idées on ne lâche pas le secret de sa fortune : les idées et la réflexion. Du pur bonheur. L’argent ne fait pas le bonheur dit on souvent mais il y contribue grandement et l’Amérique qui a  constitutionnalisée «  le droit à la poursuite du bonheur l’a compris avant tout le monde ». C’est pourquoi Harouna Dia qui a compris après son séjour aux Etats Unis est devenu l’un de  nos rares intellos milliardaires  car la plupart du temps les intellos semblent avoir fait vœu de pauvreté. Même s’il refuse le lien dialectique entre intellectuel et précarité il admet que chez lui il ya toujours eu le primat des idées. Ce primat des idées se reflète en tout dans son comportement et surtout dans son habillement d’une simplicité incroyable pour quelqu’un qui prend ses quartiers dans la suite du Radisson. Si le personnel de l’hôtel n’était pas habitué à ce client « qui conseille les rois et qui est reste peuple », on serait venu lui demander « Est-ce que je peux vous aider Monsieur », la question qu’on pose souvent aux intrus dans certains cénacles. La question serait fort légitime car il n’a ni le comportement ni l’habillement d’un milliardaire. C’est normal c’est un intellectuel de gauche infiltré chez le grand capital et un milliardaire infiltre chez les intellos. C’est ce qui le différencie de Samba Der Gaye et des autres milliardaires du Fouta qui dépense pour le faste et le prestige alors que lui dépense pour faire triompher des idées.
 
Nouvel Horizon


Samedi 30 Juin 2012 - 10:04





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