Le mot d’ordre de grève décrété par le Collectif des transporteurs et conducteurs du Sénégal (CTCS) n’a pas été observé par tous les transporteurs urbains, notamment ceux de Dakar. Le constat est accablant au niveau du rond point Sahm. Reportage:
Il est 11 heures passées de quelques vingt minutes au rond point Sahm. Ici, l’ambiance n’est pas totalement au rendez-vous comme d’habitude, même si les commerces vont bon train. Le site sert de terminus à près d’une dizaine de lignes de bus Tata. Mais, depuis hier, 17 août, on y voit très peu de bus. Malgré le mot d’ordre de grève lancé par le CTCS, certaines lignes Tata assurent, le transport des passagers. Une situation qui est différemment appréhendée par les acteurs du secteur. C’est le cas des lignes 58 et 38.
Du côté des passagers, le constat est différent aussi. Si d’aucuns, soutiennent qu’ils n’ont pas senti cette grève, d’autres, par contre, soutiennent en avoir fait les frais.
Djibril Diène est chauffeur d’un bus Tata de la ligne 58, qui assure la déserte entre Fass Mbao et le rond point Sahm. Assis avec certains de ses collègues, le jeune chauffeur n’a pas respecté le mot d’ordre de grève malgré lui. «Bien sûr que nous faisons partie de la grève. Mais, nous ne sommes que de simples chauffeurs. Nous ne recevons que des ordres venant de notre employeur. Donc, si on nous donne les clefs, nous allons travailler. Hier, certains, dont moi-même, avons effectué que deux allées et retours, avant que nos employeurs nous demandent de stationner les véhicules. Aujourd’hui, j’ai repris le travail et jusqu’ici personne ne m’a rien dit», a-t-il précisé. Et de souligner, qu’il n’y a qu’une partie des bus de la ligne qui circule depuis hier. Ce, pour des mesures de sécurité. L’autre partie est mobilisée à Fass Mbao et n’a pas travaillé depuis le début de la grève.
Non loin de là, se trouve Cheikh Camara. Ce dernier est régulateur de bus Tata sur la ligne 38. Interpellé sur cette grève, le jeune homme, déplore avec la dernière énergie, le non respect du mot d’ordre de grève par les transporteurs. «Je ne peux pas comprendre que les gens décident d’aller en grève et que les patrons remettent les clefs des bus aux chauffeurs. Cela signfie simplement qu’on aille travailler», a-t-il fustigé. Selon lui, si leurs employeurs avaient décidé d’observer scrupuleusement le mot d’ordre, ils allaient procéder autrement pendant ces deux jours.
A en croire Cheikh Camara, parmi toutes les lignes qui ont leur terminus au rond point Sahm, seules les lignes 31 et 32 ont respecté le mot d’ordre. Même s’il reconnait que la rotation des bus est au ralentie.
Pour beaucoup, la grève n’a pas été ressentie. Une jeune dame rencontrée dans un arrêt bus à Nord Foire, en témoigne. Sac à la main et débout sous le chaud soleil, elle explique que la grève n’a pas eue d’effets négatifs sur ses déplacements. «Je n’ai pas bien senti cette grève. Depuis hier, je me déplace en bus Tata, sans aucune difficulté. Les bus viennent régulièrement et le temps d’attente reste le même», soutient-elle.
Ce qui n’est pas le cas pour Mame Bousso Niang. Pour cette mère de famille, dont la cinquantaine est dépassée, cette grève des transporteurs est bien sentie. Et explique ses déboires pour rallier son domicile, sis à Cambérène, et l’hôpital Abass Ndao. «Vraiment, j’ai souffert durant ces deux jours. J’attends mon bus (ligne 29) depuis 2 heures. Hier, je n’ai pas pu trouver un bus Tata pour me déplacer. Finalement, je me suis rabattue sur les cars rapides», relève-t-elle. Avant d’inviter les syndicats à penser aussi aux intérêts des passagers car ces grèves répétitives leurs causent beaucoup de tord.
Pour rappel, le syndicat des transporteurs avait brandi une plateforme revendicative portant sur 27 points, dont le plus important est la tracasserie douanière. Et pour obtenir un gain de cause, il a décidé d’aller en grève les 17 et 18 août.
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