Pourquoi les hommes politiques soignent leur mise

Le diktat du look a peu à peu gagné le macrocosme politique au sein duquel l’apparence est devenue une donnée essentielle dans la conquête de l’électorat. L’absence de style peut devenir un handicap, un style mal choisi, trop provocateur ou trop peu soigné, également. Il faut savoir quoi mettre et quand. Ce n’est pas pour rien que dans d’autres cieux, en France ou aux Etats Unis, les hommes et femmes politiques s’attachent les services d’un « conseiller en image personnelle ou professionnelle » ou encore à d’un « coach ». Ce dernier est chargé de veiller scrupuleusement à ce que l’allure de leurs clients soit en adéquation non seulement avec leur image mais aussi avec leur discours.

Au Sénégal, les politiques ne sont pas en reste. Ils soignent leur image lors de leur apparition en public, sur les plateaux de télévision ou à l’occasion de leurs réunions de parti. Tout est passé à la loupe. Mais pourquoi donc soignent-ils autant leur mise ? Par égard pour leurs électeurs, par respect pour un code vestimentaire désormais mondialisé ? En étudiant l’habillement de nos politiques, qu’ils soient candidats à l’élection présidentielle, ministre ou ayant des responsabilités dans les partis, il ressort que du côté des hommes, le costume-cravate prévaut. Même si on remarque, heureusement qu’ils se font rares, des politiciens qui continuent de négliger le code vestimentaire propre à cette classe de personnalités, la majeure partie suit le mouvement. Ils adoptent un style classique en adéquation avec les codes internationaux : le costume à trois boutons bleu nuit ou noir avec chemise blanche ou bleu ciel, des couleurs sobres en général, avec la cravate soit unie rouge ou bleue (jamais de la même couleur que la chemise), soit parsemée de discrets motifs. Sans cravate, ils peuvent se révéler en la forme décontractée mais la tenue demeure toujours soignée. Selon l’impact désiré et leurs interlocuteurs, ils métamorphosent le style. Ils apparaissent parfois donc en tenue traditionnelle, en grand boubou par exemple, à des occasions bien précises : le vendredi, lors des fêtes religieuses musulmanes ou lorsqu’ils rencontrent les guides religieux.

Candidates ou ministres, les femmes n’ont rien à envier aux hommes. Elles veillent également à leur apparence, jonglant à merveille entre le style occidental et la créativité africaine. Beaucoup, les quadragénaires surtout, penchent vers les superbes modèles traditionnels arborant de grands boubous ou robes en bazin ou ganilas. Mais pour la jeune génération, c’est le style élégant et strict d’un tailleur sobre et certaines même, en se différenciant de leurs homologues françaises, osent parfois des couleurs vives comme le rose. Elles n’oublient pas le maquillage, le plus souvent discret, et quelques bijoux pour rehausser la silhouette. Mais lorsqu’on est femme politique des restrictions s’imposent de fait. Les jupes ou robes trop courtes, de même que les décolletés trop profonds sont proscrits.

L’élégance dans la mise, un style particulièrement révélateur pousse les individus en face desquels le politique se trouve à l’apprécier de prime abord et les insiste à l’écoute attentive. L’habillement des politiques reflète ainsi le désir de mettre en valeur leur personnalité, mais encore la volonté d’imposer un certain respect et de gagner en crédibilité. Ils le savent, ils se doivent d’arborer une tenue digne du poste dont ils ont la charge ou qu’ils convoitent. Certains conseillers en image affirment même qu’il convient de s’habiller non pas en fonction de l’emploi qu’on occupe mais en fonction de l’emploi qu’on veut obtenir. Mais bien s’habiller n’est pas tout, il faut en outre une posture emprunt de confiance et une démarche exclusive qui démontrent un dynamisme intrinsèque et font ressortir le charisme nécessaire à tout homme ou femme politique pour convaincre.

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