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Pourquoi on fait l’amour

Il est toujours très distrayant de faire des listes. En 2009, deux chercheurs s’étaient amusés à faire la liste des motifs réels qui poussent au passage à l’acte. Faites-vous l’amour pour le plaisir ? Par amour ? Parce qu’il n’y a rien à voir ce soir à la TV ? Ou pour d’autres raisons inavouables comme, par exemple, transmettre une maladie vénérienne ?


Pourquoi on fait l’amour
En 2009, deux chercheurs américains du département de Psychologie de l’Université du Texas à Austin, Cindy Meston et David Buss, établissent qu’il existe ni une, ni deux, ni trois raisons de faire l’amour, mais… 237. Chiffre aléatoire, mais rigolo… enfin… pas si rigolo que cela, en vérité. Les diverses motivations des hommes et des femmes interrogés par nos deux chercheurs s’étalent sur un spectre allant du pragmatique (elle était ivre) au pathétique (je ne savais pas comment dire non), en passant par le sordide (je voulais améliorer ma réputation)… Parfois, on se reconnaît. Et puis parfois on est surpris : il y a donc vraiment des gens qui font l’amour pour brûler des calories ?

Pour Cindy Meston et David Buss, ce qui déclenche le passage à l’acte est finalement très représentatif de notre société. Leur liste est donc aussi divertissante que la lecture des faits divers, c’est-à-dire qu’on y croise un peu de tout. Les personnes raisonnables sont les plus nombreuses. Elles font l’amour pour le plaisir physique. Mais il y a aussi celles qui font l’amour pour se sentir plus proches de Dieu et celles qui le font par vengeance (je pique la copine de mon copain), par jalousie (quoi, tu m’as trompée avec la copine de ton copain, puisque c’est comme ça je vais me taper ton copain), par peur (ne me quitte pas ma chérie, pardon), par intérêt (bon, d’accord, mais tu m’offres une robe) et même par gentillesse (tu te sens mieux ?).

Parmi les raisons les plus fréquentes, on trouve :
1. Attirance générale de la personne
2. Plaisir physique
3. Exprimer son amour
4. S’être senti désiré
5. Renforcer une relation

Parmi les raisons les moins fréquentes :
1. Blesser une personne (partenaire, rival, inconnu...)
2. Obtenir une contribution (argent, promotion, drogue...)
3. Améliorer son «statut social» (popularité, record...)
4. Mettre un terme à un problème (mal de tête, crampes menstruelles...)
5. Par devoir ou sous la pression.

Là où cette étude devient stimulante, c’est lorsqu’elle aborde l’idée du sexe comme arme de propagation virale. Il s’avère, en effet, que sur les 2 000 et quelques personnes interrogées (presque tous des étudiants, filles et garçons), certaines ont avoué faire l’amour afin de contaminer l’autre… sans que l’on sache très bien dans quel but. Punition ? Vengeance ? Désir de souiller l’autre afin de le marquer ? Tentative de sabotage ? Ou volonté machiavélique d’en faire l’instrument d’une dissémination perverse ? L’idée du sexe comme arme biochimique réveille tout de suite l’imagination. Chaque étreinte porte en elle une menace. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que si certains films ont un succès phénoménal -les films de vampire par exemple-, c’est parce qu’ils mettent en scène exactement ce que nous craignons : être contaminé par le sexe.

Dans le film «Alien», la bête qui féconde les humains par la bouche correspond à cette terreur tenace, logée dans un repli de notre cerveau. Nous avons beau tenter de ne voir le sexe que sous ses dehors les plus séduisants, il suffit d’un film fantastique pour que l’angoisse revienne. «Alien» ouvre sa double gueule dégoulinante de sperme… Il essaye de pondre sa progéniture en vous. Il a besoin d'un corps à inséminer. De façon révélatrice, notre langue elle-même signifie à quel point le sexe relève de la violence : au stade qui précède l’acte, il est courant de dire qu’on y pense si fort que cela vire à l’obsession. Quant à l’acte lui-même, il est généralement désigné sous le nom de possession. Sur le plan étymologique, ces deux mots viennent du vocabulaire militaire. Il y a, en effet, deux stades dans la prise d’assaut d’une ville : l’obsession (étymologiquement : faire le siège), puis la possession (littéralement : être assis dans la place).

Faut-il s’en étonner ? Lorsqu’après les gens d’arme, les gens d’Eglise ont repris ces mots, ils en ont étendu l’application au domaine de l’invasion psychique. Plus précisément, ils  ont établi que l’emprise du diable s’effectuait en deux temps : d’abord dehors (tentateur), puis dedans (corrupteur). Ainsi donc, lorsque le diable se tient à l’extérieur, vous êtes un «obsédé». S’il a pris le contrôle, vous voilà «possédé». La sexualité humaine est décidément mystérieuse. Nous sommes tous face à l’autre comme face à l’ennemi. Il nous sourit. Il veut entrer.

Source: GFM

Lundi 19 Août 2013 - 16:22





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