Les violences qui éclaté la semaine dernière entre deux ethnies du sud-est de la Guinée ont fait "au moins 95 morts et une centaine de blessés" en moins de trois jours, a annoncé mercredi le gouvernement. Le précédent bilan, établi le 19 juillet, faisait état d'au moins 58 tués. Selon les autorités, 131 personnes ont été arrêtées et une information judiciaire ouverte.
Les affrontements ont opposé, entre les 15 et 17 juillet, des Guerzé, majoritaires en Guinée forestière, et des Konianké. D'après une source policière, tout est parti du passage à tabac, dans la nuit du 14 au 15 juillet, de trois jeunes Konianké par des gardiens guerzé d'une station-service de Koulé. Deux des jeunes ont trouvé la mort quelques heures plus tard, entraînant une série d'attaques et de représailles à coups de machette, hache, coupe-coupe, bâton, pierre et arme à feu, ainsi que des destructions d'édifices religieux et d'habitations.
Depuis plusieurs jours, "le calme est revenu, les activités ont repris" dans la région, a affirmé le ministre et porte-parole du gouvernement, Albert Damantang Camara. "Il y a eu 131 arrestations", a-t-il indiqué, sans fournir de détails sur les suspects, les dates de leurs arrestations, leurs lieux et conditions de détention. "Des armes ont été saisies et le procureur de la République près le tribunal de première instance de N'Zérékoré a ouvert une information judiciaire. (...) Les forces de sécurité sont déployées à N'Zérékoré, Beyla et Koulé pour continuer leurs opérations de prévention et de dissuasion", tandis que "les autorités administratives, religieuses et coutumières continuent le dialogue et l'appel à l'apaisement", a-t-il poursuivi.
La journée de lundi avait été décrétée jour de deuil national en mémoire des victimes des violences. Les Guerzé, des autochtones de la Guinée forestière, qu'on retrouve dans des pays voisins de la Guinée, sont essentiellement chrétiens ou animistes. Les Konianké, pour la plupart musulmans, sont des allogènes, venus d'autres régions que la Guinée forestière. Le pays compte une trentaine d'ethnies, dont certaines ont des relations souvent complexes qui ont déjà dégénéré en violences dans le passé.