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Présidentielle américaine: Mais qui est vraiment Mitt Romney?

Le candidat républicain à la Maison Blanche est au coude à coude avec Obama dans les sondages. Mais s'il serre des milliers de mains depuis des semaines, l'homme reste très discret. Portrait.


Présidentielle américaine: Mais qui est vraiment Mitt Romney?

On le voit partout depuis 18 mois et encore plus depuis son investiture fin août dernier. Mitt Romney, candidat républicain officiel à la Maison Blanche après sa défaite dans les primaires républicaines en 2008 face à John McCain, est sur tous les fronts, parcourt des milliers de kilomètres (dans son avion privé) et prononce inlassablement les mêmes discours pour convaincre les électeurs de voter pour lui le 6 novembre.

Pourtant, si l'ancien gouverneur du Massachusetts, manches impeccablement retroussées, a serré des milliers de mains et donné des centaines d'interviews sur son programme politique en cas d'élection à la Maison Blanche, l'homme, 65 ans et père de 5 enfants, reste une énigme.

Pâtes au thon à la maison

Car Romney, qualifié de courtois, efficace mais distant, ne se dévoile que très peu sur le plan privé. Au point que son épouse Ann, chaleureuse pour deux, a dû dévoiler pour lui les débuts de leur mariage il y a 43 ans, confiant que son époux «la faisait toujours rire». Elle a aussi raconté aux militants les pâtes au thon mangées sur une planche à repasser au début de leur mariage, tout en précisant que «Mitt n'aime pas parler des services rendus parce qu'il considère que c'est un privilège et non pas un argument politique».

Voilà pour les maigres anecdotes destinées à humaniser un peu le candidat républicain, jugé aujourd'hui froid et trop loin des réalités des citoyens américains par ses opposants. Un moyen aussi de faire oublier un peu sa religion mormone.

Un mormon à la Maison Blanche?

Car Mitt Romney est mormon, ce qui n'est pas un avantage pour briguer la Maison Blanche. En effet, 18% des Américains ont affirmé qu'ils ne voteraient jamais pour un candidat membre de l'«Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours», jugée encore par certains comme une secte, notamment par les chrétiens du sud du pays.

Il faut dire que le candidat républicain, missionnaire en Suisse et en France entre 1966 et 1969, a occupé durant 10 ans le poste d'évêque au sein de cette Église solidement hiérarchisée qui protège ses membres et ne tolère aucun écart. Il en a également été directeur régional avec la responsabilité de 4000 ouailles, une fonction qu'il a occupée à titre bénévole.

Descendant direct d'un des apôtres fondateurs qui avait une quinzaine d'épouses et fils d'un gouverneur du Michigan lui-même haut placé dans cette Église, Mitt Romney est un pur produit de la culture mormone. Une culture qu'il respecte à la lettre: jamais d'alcool, de thé, de café ou encore de cigarettes, autant de produits strictement interdits. Et alors qu'il est en pleine campagne, il continue d'aller aussi souvent que possible dans un temple et à respecter les commandements de sa religion. Il s'acquitte aussi consciencieusement de sa dîme, en reversant 10% de ses revenus bruts à son église.

Fortune colossale

Mais l'argent n'est pas un souci pour le républicain, extrêmement riche. Symbole d'une réussite qui ressemble au rêve américain, Mitt Romney peut en effet compter sur une fortune personnelle estimée à 250 millions de dollars. Des richesses qui ont donné l'occasion aux démocrates d'affirmer qu'il était déconnecté de l'Américain moyen touché par la crise économique.

Sa fortune, Mitt Romney la doit au fonds d'investissement Bain Capital, un repreneur de compagnies en difficulté qu'il a co-fondé avant de se lancer en politique en 1994. Il met d'ailleurs souvent en avant dans sa campagne ses compétences de businessman. Ou encore le fait d'avoir évité le naufrage financier des Jeux Olympiques de Salt Lake City en 2002 dont il avait repris la direction.

Pourtant ses adversaires ont largement critiqué ses méthodes financières, basées sur le rachat de firmes, puis leur revente à des actionnaires voire leur délocalisation. Selon le New York Times, Bain Capital, du temps où Romney dirigeait la société, aurait ainsi engrangé 400 millions de dollars via le rachat et la revente de sept entreprises. Quatre d'entre elles auraient ensuite déposé le bilan...

Taux d'imposition en question

Une image lourde de sens au moment au moment où les USA traversent une crise financière sans précédent avec un taux de chômage très élevé. D'autant plus lourde que Mitt Romney avait dû publier à contrecœur en 2010 sa feuille d'impôt, révélant que son taux d'imposition était inférieur à celui d'un cadre moyen.

Dans son programme, Mitt Romney propose de réduire de 20% le taux d'imposition sur le revenu et de baisser l'impôt sur les sociétés, s'attirant ainsi les foudres des démocrates qui affirment que ce plan ne bénéficierait qu'aux Américains les plus fortunés. Des critiques ravivées par la bourde du républicain qui avait comparé à des «assistés» les 47% d'Américains qui voteraient quoi qu'il arrive pour Obama.

A géométrie variable

Mais Mitt Romney est aussi réputé pour être un homme à géométrie variable. Il a même été affublé du sobriquet de «Rino», pour «Republican in name only» - «républicain seulement de nom».

Car en tant que gouverneur du Massachusetts, l'un des États américains les plus progressistes, il était perçu comme un modéré pragmatique et bon gestionnaire, qui était parvenu à juguler le déficit de l’État. Il y avait même mis en place un système d'assurance maladie qui se rapproche de l'«Obamacare» qu'il critique tant aujourd'hui...

Mais, histoire de séduire les électeurs du Tea Party et la frange dure de son parti, l'homme a pris un sérieux virage à droite durant sa campagne en prenant comme colistier l'ultra-conservateur Paul Ryan, héraut des coupes budgétaires.

Avant de revenir au centre sur la question de la fiscalité ces derniers jours. Il a ainsi remis en question sa volonté de baisser les taxes pour tous, même pour les plus fortunés. Il a également affirmé qu'il ne taillerait pas dans les dépenses dans l'éducation, après s'en être pris à Obama qui souhaitait lui augmenter le nombre de professeurs.

Girouette sur l'avortement

Mitt Romney est même revenu en arrière sur la question de l'avortement auquel il s'opposait fermement jusqu'ici. Il a ainsi indiqué au journal Des Moines Register: «Je n'ai pas connaissance d'un projet de loi contre l'avortement qui ferait partie de mon programme». Sa position sur la question militaire, notamment au Proche-Orient, n'est pas claire non plus, puisqu'il se montre bien moins offensif et va-t-en-guerre qu'au début de sa campagne.

A en croire les sondages, ces revirements au centre semblent payer puisque Mitt Romney, longtemps distancé par Obama, fait désormais jeu égal auprès des électeurs. L'histoire dira le 6 novembre si la prophétie du Cheval Blanc, selon laquelle un mormon prendra un jour le contrôle de la Maison Blanche, se réalisera.

(Newsnet)


Jeudi 25 Octobre 2012 - 11:29





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