Pour les ministres et autres fonctionnaires de la hiérarchie A, le Président, Macky Sall, comme son prédécesseur, ne lésine pas sur les moyens. Pour un confort digne de leur rang, c’est une enveloppe de 10 millions de francs Cfa qui est dégagée pour leur équipement. Une somme désignée comme un prêt, tellement avantageux que les «souscripteurs» ne remboursent que 50 mille francs Cfa. Et quand ils sont dégommés, le mobilier n’est pas versé dans le patrimoine de l’Etat. Les bénéficiaires restent propriétaires. Macky Sall fait plus, en lieu et place des engagements, il a donné du liquide, viré dans les comptes des bénéficiaires, depuis le mois de juillet dernier.
Quand l’Etat prête à ses minis-tres, le taux est plus qu’avantageux. Sur un prêt mobilier de 10 millions de francs Cfa, les bénéficiaires ne remboursent que 50 mille francs Cfa. On peut alors comprendre le motus bouche cousue que s’imposent les ministres de la République sur cela. Surtout que depuis le mois de juillet dernier, leurs comptes bancaires respectifs ont été crédités de 10 millions de francs Cfa pour l’équipement de leur domicile, qu’ils soient dans des logements administratifs ou privés. Des virements qui ont divisé les fonctionnaires du ministère de l’Economie et des Finances où les plus orthodoxes ont souligné la violation de la loi qui n’octroie pas du cash aux bénéficiaires mais des engagements pour la fourniture du matériel. Seulement à ces grognes, les hautes autorités ont opposé la sourde oreille pour passer outre.
Quant à la loi du silence que s’imposent les bénéficiaires, ce n’est pas seulement pour des raisons de réserve professionnelle ou encore de discipline gouvernementale. Ce code de conduite pourraît s’expliquer par les nombreux avantages conférés par le décret fixant les conditions d’attribution et d’occupation des logements administratifs. Un décret signé par le Président Abdoulaye Wade le 28 septembre 2004 pour attribuer à ses ministres un prêt mobilier pour l’acquisition «de mobilier grand standing dont la consistance est laissée au choix des bénéficiaires dans la limite d’une enveloppe financière d’un montant de dix millions (10 000 000) de francs Cfa». Comme le dispose l’article premier du décret 2004-1279 abrogeant et remplaçant le 2e alinéa de l’annexe 1 du décret n°91-490 du 08 mai 1991.
Huit années après, son Premier ministre d’alors, Macky Sall, qui l’a succédé à la présidence de la République n’a pas seulement bien intégré l’esprit de la loi qu’il avait paraphée à l’époque. Plus généreux que son prédécesseur ou moins regardant sur l’usage que les bénéficiaires pourraient faire de cet argent du contribuable sénégalais, le Président Macky Sall donne du cash à ses collaborateurs, qui de toute façon n’ont pas à répondre de ce «matériel» si jamais ils ne l’achètent pas.
Un prêt non remboursable, renouvelable tous les cinq ans
En effet, en 2004, le Président Abdoulaye Wade avait pris le soin de revoir à nouveau le décret 2000-790 pour «la valorisation de l’enveloppe financière destinée» à l’équipement des membres du gouvernement. Ainsi, il a fait passer le prêt mobilier accordé aux ministres de 4 millions à 10 millions de francs Cfa. A l’époque, il a justifié cette «générosité» par le fait que «cette mesure devant intervenir depuis la dévaluation du franc Cfa, en 1994 n’a pu avoir lieu et le renchérissement du prix du mobilier aggravé par l’inflation a rendu difficile l’équipement» des ministres. Et ce n’était pas assez pour ses «fils» dont il ne faut pas trop solliciter les bourses.
Alors le Président de concert avec son Premier ministre Macky Sall, décrète : «Une retenue unique de cinquante (50.000) francs Cfa opérée sur le salaire du bénéficiaire». Mieux encore, l’article premier de ce décret ajoute qu’«en cas de cessation de fonction, le mobilier lui reste acquis sans aucune retenue supplémentaire». Et ce prêt, qui, en réalité «constitue une dotation personnelle» pour les bénéficiaires est renouvelable tous les cinq ans. Le Président Abdoulaye Wade l’a voulu ainsi, et son successeur Macky Sall ne fait pas moins. S’y ajoute que le décret précise que ces dispositions ne s’appliquent pas seulement aux membres du gouvernement mais à toutes les «personnes énumérées dans la hiérarchie A, qui ne bénéficient pas de logement administratif et qui logent chez eux».
Du matériel… bien acquis
Plus généreux que l’ancien Président Abdoulaye Wade, les ministres sénégalais auront du mal à en trouver. Pour mettre à l’aise et dans le confort les hommes et femmes de son gouvernement, il a augmenté de plus de cent pour cent le montant alloué aux ministres pour leur équipement. Il a modifié, en 2000, le décret de l’ancien Président Abdou Diouf allouant aux membres du gouvernement une enveloppe de 4 millions pour leur équipement.
Quatre années plutard, le Président Wade paraphe un autre décret pour que ces biens acquis au service de l’Etat deviennent des propriétés privées, une fois que les ayants droit ne sont plus membres du gouvernement. Qui peut faire mieux ? Son successeur qui donne du cash.
Ainsi, après avoir parcouru les libellés de ces différents décrets, c’est à se demander si un mauvais procès n’a pas été fait à ces anciens dignitaires du régime de Wade qui en quittant les logements administratifs n’ont voulu rendre que… les murs et clés de leurs logements. Le mobilier reste bien du matériel… bien acquis.
La réflexion est certainement que les ministres qui ont le plus duré aux gouvernements de Wade ont certainement coûté moins cher aux contribuables sénégalais. Car, les autres qui ont valsé de départements en département au gré des remaniements et réaménagements ont dû à chaque nouvelle entrée dans l’équipe gouvernementale, se frotter les mains avec une nouvelle enveloppe de 10 millions de francs Cfa. Et dire que quand il s’agit de ponctionner pour des mesures d’austérité, c’est toujours la poche du pauvre citoyen qui est sollicitée.
Par Aminatou M. DIOP
Source: Le Quotidien
Quand l’Etat prête à ses minis-tres, le taux est plus qu’avantageux. Sur un prêt mobilier de 10 millions de francs Cfa, les bénéficiaires ne remboursent que 50 mille francs Cfa. On peut alors comprendre le motus bouche cousue que s’imposent les ministres de la République sur cela. Surtout que depuis le mois de juillet dernier, leurs comptes bancaires respectifs ont été crédités de 10 millions de francs Cfa pour l’équipement de leur domicile, qu’ils soient dans des logements administratifs ou privés. Des virements qui ont divisé les fonctionnaires du ministère de l’Economie et des Finances où les plus orthodoxes ont souligné la violation de la loi qui n’octroie pas du cash aux bénéficiaires mais des engagements pour la fourniture du matériel. Seulement à ces grognes, les hautes autorités ont opposé la sourde oreille pour passer outre.
Quant à la loi du silence que s’imposent les bénéficiaires, ce n’est pas seulement pour des raisons de réserve professionnelle ou encore de discipline gouvernementale. Ce code de conduite pourraît s’expliquer par les nombreux avantages conférés par le décret fixant les conditions d’attribution et d’occupation des logements administratifs. Un décret signé par le Président Abdoulaye Wade le 28 septembre 2004 pour attribuer à ses ministres un prêt mobilier pour l’acquisition «de mobilier grand standing dont la consistance est laissée au choix des bénéficiaires dans la limite d’une enveloppe financière d’un montant de dix millions (10 000 000) de francs Cfa». Comme le dispose l’article premier du décret 2004-1279 abrogeant et remplaçant le 2e alinéa de l’annexe 1 du décret n°91-490 du 08 mai 1991.
Huit années après, son Premier ministre d’alors, Macky Sall, qui l’a succédé à la présidence de la République n’a pas seulement bien intégré l’esprit de la loi qu’il avait paraphée à l’époque. Plus généreux que son prédécesseur ou moins regardant sur l’usage que les bénéficiaires pourraient faire de cet argent du contribuable sénégalais, le Président Macky Sall donne du cash à ses collaborateurs, qui de toute façon n’ont pas à répondre de ce «matériel» si jamais ils ne l’achètent pas.
Un prêt non remboursable, renouvelable tous les cinq ans
En effet, en 2004, le Président Abdoulaye Wade avait pris le soin de revoir à nouveau le décret 2000-790 pour «la valorisation de l’enveloppe financière destinée» à l’équipement des membres du gouvernement. Ainsi, il a fait passer le prêt mobilier accordé aux ministres de 4 millions à 10 millions de francs Cfa. A l’époque, il a justifié cette «générosité» par le fait que «cette mesure devant intervenir depuis la dévaluation du franc Cfa, en 1994 n’a pu avoir lieu et le renchérissement du prix du mobilier aggravé par l’inflation a rendu difficile l’équipement» des ministres. Et ce n’était pas assez pour ses «fils» dont il ne faut pas trop solliciter les bourses.
Alors le Président de concert avec son Premier ministre Macky Sall, décrète : «Une retenue unique de cinquante (50.000) francs Cfa opérée sur le salaire du bénéficiaire». Mieux encore, l’article premier de ce décret ajoute qu’«en cas de cessation de fonction, le mobilier lui reste acquis sans aucune retenue supplémentaire». Et ce prêt, qui, en réalité «constitue une dotation personnelle» pour les bénéficiaires est renouvelable tous les cinq ans. Le Président Abdoulaye Wade l’a voulu ainsi, et son successeur Macky Sall ne fait pas moins. S’y ajoute que le décret précise que ces dispositions ne s’appliquent pas seulement aux membres du gouvernement mais à toutes les «personnes énumérées dans la hiérarchie A, qui ne bénéficient pas de logement administratif et qui logent chez eux».
Du matériel… bien acquis
Plus généreux que l’ancien Président Abdoulaye Wade, les ministres sénégalais auront du mal à en trouver. Pour mettre à l’aise et dans le confort les hommes et femmes de son gouvernement, il a augmenté de plus de cent pour cent le montant alloué aux ministres pour leur équipement. Il a modifié, en 2000, le décret de l’ancien Président Abdou Diouf allouant aux membres du gouvernement une enveloppe de 4 millions pour leur équipement.
Quatre années plutard, le Président Wade paraphe un autre décret pour que ces biens acquis au service de l’Etat deviennent des propriétés privées, une fois que les ayants droit ne sont plus membres du gouvernement. Qui peut faire mieux ? Son successeur qui donne du cash.
Ainsi, après avoir parcouru les libellés de ces différents décrets, c’est à se demander si un mauvais procès n’a pas été fait à ces anciens dignitaires du régime de Wade qui en quittant les logements administratifs n’ont voulu rendre que… les murs et clés de leurs logements. Le mobilier reste bien du matériel… bien acquis.
La réflexion est certainement que les ministres qui ont le plus duré aux gouvernements de Wade ont certainement coûté moins cher aux contribuables sénégalais. Car, les autres qui ont valsé de départements en département au gré des remaniements et réaménagements ont dû à chaque nouvelle entrée dans l’équipe gouvernementale, se frotter les mains avec une nouvelle enveloppe de 10 millions de francs Cfa. Et dire que quand il s’agit de ponctionner pour des mesures d’austérité, c’est toujours la poche du pauvre citoyen qui est sollicitée.
Par Aminatou M. DIOP
Source: Le Quotidien