Hier mardi, le procès des gardes du corps d’Ousmane Sonko contre des membres de la famille de la chargée de mission à la présidence, Fatou Ndione, n'a pas été sans anicroche. Il y a eu des moments d'incompréhension entre le procureur et les avocats de la défense. Après avoir écouté les avocats de la défense qui se sont succédé pour défendre leurs clients, c'est de manière courtoise et civilisée que le procureur Mamadou Diop a repris la parole pour défendre sa corporation. En effet, selon le procureur, Me Sow aurait soutenu que le dossier a été traité avec beaucoup de légèreté. "Qu'est-ce qui est léger dans ce dossier ?", questionne le procureur. Maitre Ndoumbé Wane dira que pour le procureur, Oumar Ndione n'est pas coupable, parce que c'est un sérère.Des propos qui n'ont pas manqué de soulever l'indignation du procureur, qui assène : "Nous sommes un système de droit" et que la justice sénégalaise ne fait aucune différence sur l'ethnie. "Qu'il soit sérère, wolof, peulh", seul le droit sera dit, a rectifié le procureur. Très en verve, il déplore que la justice soit toujours guillotinée. Malgré l’invite du président Pierre Tine qui a essayé de calmer le procureur, ce dernier a voulu extirper le fond de sa pensée pour défendre une magistrature persécutée. "Les propos sont d'une gravité extrême. Personne n'a le monopole de l'honnêteté dans ce bas monde. On tire sur des magistrats à longueur de journée. Chaque régime qui arrive, on dit que les magistrats sont à la solde de tel président. C'était ainsi avec Abdou Diouf, puis avec Wade et maintenant Macky Sall. Ce sera ainsi avec le président qui sera là en 2024. On dira qu'il est à la solde de ce président. Mais quoi qu'il arrive, la justice sera toujours là juste pour dire le droit", peste-t-il. "Jugez-nous si vous voulez. Mais faites-le avec de vrais arguments. Pendant 23 ans de magistrature, vous n'entendrez jamais mon nom mêlé dans une chose sale. Tous les magistrats ne sont pas honnêtes, tous les avocats ne sont pas honnêtes, tous les commerçants ne sont pas honnêtes, tous les journalistes ne sont pas honnêtes. L'honnêteté est une responsabilité. Chacun à sa moralité, mais faites attention à ce que vous dites", dit le procureur aux jeunes avocats. Car, dit-il, certains propos peuvent déstabiliser un pays.