Des dirigeantes d’entreprises réunies au forum Women in business à Paris ont battu l’idée selon laquelle les contraintes telles que les congés de maternité, la gestion de la famille anéantissent les activités professionnelles des femmes dans les entreprises. Toutefois, elles préconisent l’aménagement de cadre d’épanouissement au sein des entreprises pour plus de productivité.
Autour du thème : « existe-t-il un leadership féminin », les panélistes, composées majoritairement de dirigeantes d’entreprises africaines, ont planché sur les obstacles qui pourraient anéantir l’apport des femmes dans la productivité de l’entreprise. De l’avis de la directrice générale de Sedima, Anta Babacar Ngom Bathily, la gestion de la famille peut être vue comme un handicap dans le fonctionnement d’une société. « Je suis contre le principe de penser que devenir maman peut anéantir le développement professionnel. Je ne partage pas cet avis. Tout est question d’organisation et de volonté », a indiqué Mme Bathily. Pour elle, il revient aux chefs d’entreprises de mettre en place un environnement de travail favorable aussi bien pour les hommes et les femmes.
A son avis, les femmes doivent éviter de se créer des contraintes ; elles ne doivent pas percevoir la maternité comme un obstacle à leur développement. « Cela fait partie de leur devoir. Une femme épanouie, c’est celle qui a le potentiel d’atteindre ses objectifs », estime la directrice générale de Sedima. Pour Massogbé Diabaté Touré, vice-présidente de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire, ce n’est pas un handicap d’être femme et chef d’entreprise. « Bien au contraire, c’est un atout si nous arrivons à concilier la vie professionnelle et celle familiale », soutient-elle. Dans la même veine, Dr Bouboutou Kabore, Pharmacienne, chef d’entreprise ivoirienne bat également en brèche l’idée selon laquelle la gestion de la famille freine le développement professionnel des femmes dirigeantes d’entreprise. « La solution est qu’il ne faut pas se laisser engloutir par le temps à passer avec la famille. Il suffit juste de trouver l’équilibre entre les activités à l’entreprise et les exigences de la famille », préconise Mme Kaboré.
Un réseau continental de dirigeantes lancé
La seconde journée des Women in business a été clôturée par la création d’un réseau africain réunissant des femmes dirigeantes d’entreprises. L’objectif est de mieux plaider pour une implication de la gent féminine dans les instances de décision. « Ce forum est particulier car des actes ont été posés au profit des femmes chefs d’entreprises. C’est un rendez-vous qu’il ne fallait pas rater en tant que jeune dirigeante. Cela va dans l’intérêt de nos entreprises, de nos pays et de notre continent », s’est réjouie Anta Babacar Ngom Bathily. Elle estime que c’est du devoir et de la responsabilité des dirigeantes de venir nourrir les débats par leurs échanges d’expériences.
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Nous essayons de porter la voix afin qu’il ait plus de présence de femmes dans les comités de direction des entreprises au Sénégal. Je suis loin d’être féministe. Je suis pour le respect des droits. Autrement dit, une femme qui a le potentiel et la capacité doit occuper des postes de responsabilité », estime Mme Bathily. Elle ajoute que la nomination d’une femme à un poste de responsabilité ne doit pas être du fait de l’exigence d’une loi ou d’un quota. Elle doit être à cette place parce qu’elle a le niveau requis et tout le bagage intellectuel. « Le plus important, c’est d’avoir les bonnes personnes, homme ou femme, à la bonne place. Nous devons être dans une quête perpétuelle de perfectionnement », a ajouté la directrice générale de Sédima.
Selbe Mbodj, directrice à grant thornton : « L’impératif de s’ouvrir aux autres pour développer son business »
L’une des rares femmes sénégalaise dirigeante d’entreprises à avoir pris part au forum Women in business, Ndèye Selbé Mbodj, directrice à Grant Thornton (cabinet d’audit basé à Dakar) souligne la nécessité de s’ouvrir au reste du monde. « J’ai décidé de participer à cette rencontre, car je crois à la globalisation et au networking (réseautage). De nos jours, on ne peut plus rester en marge de la marche du monde ». Pour avoir eu la chance de grandir, d’étudier et de travailler en Afrique et en Europe, elle trouve nécessaire de s’ouvrir aux autres afin de développer des partenariats. « J’ai compris, à travers mes différentes expériences, que toute ma force reposait sur mon réseau. Je m’en suis rendue compte en participant à ces genres de manifestation », a indiqué Selbé Mbodj. Elle note que de nos jours, on a beaucoup de femmes talentueuses dans nos pays mais elles sont moins présentes aux postes de direction et d’administration.